PAR : Albert Solanas
Pasteur à la retraite, Église évangélique baptiste de Nîmes

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Robert Dubarry fait partie des fondateurs de « L’Assocation évangélique des Églises baptistes de langue française ».

Robert Dubarry naît le 2 septembre 1875 dans une famille modeste qui habite le quartier des Ternes, à Paris. À six ans, il perd son père. Sa première école est une école méthodiste où le maître, Avit Maillet, exerce sur lui une influence déterminante. Une formation commerciale vient ensuite compléter la formation générale.

À l’âge de quinze ans, R. Dubarry adhère à la foi chrétienne. À dix-huit ans, il est baptisé par Ruben Saillens.

portrait de R. Dubarry

R. Dubarry suit pendant deux ans les cours de l’École biblique baptiste de Paris. De 1894 à 1896, il est élève au collège pastoral de Spurgeon, à Londres. Dans cette ville, il rencontre Arthur Blocher, qu’il conduit aux vues baptistes. Entre eux se noue une forte amitié.

Revenu en France, R. Dubarry effectue un stage à l’Église de la rue de Lille (Paris), alors dirigée par Julien Sainton. Il y rencontre Mlle E. Pichon qui deviendra son épouse. Il effectue son service militaire à Nancy où il se lie d’amitié avec la famille Diebold. Libéré, il trouve un emploi comme secrétaire privé du maire de Neuilly. Cela lui permet de gagner sa vie, modestement, moyennant trois heures de travail par jour, et de consacrer le reste de son temps à l’Église de la rue Meslay (Paris), sous l’égide de Ruben Saillens.

Georges Guyot, à l’époque pasteur de l’Église de la rue de Lille, lui fait faire la connaissance du nîmois Louis Bonijoly de passage à Paris. Cette rencontre est à l’origine de l’appel qu’adresse à Robert Dubarry la minuscule Église baptiste de Nîmes, fondée en 1895. L’appel est entendu. M. et Mme Dubarry arrivent à Nîmes en novembre 1901.

Avec une grande persévérance et un courage à toute épreuve, R. Dubarry assure les réunions de l’Église, n’ayant quelquefois comme seul auditoire que son épouse. C’est au bout de deux années de travail qu’ils voient venir régulièrement la première personne nouvelle. Au bout de quinze ans, il parle à une cinquantaine d’auditeurs ; dix ans après, ils sont cent et à la fin de son ministère, ce dernier chiffre a doublé et une Église fille est née à Montpellier.

Dans son long ministère nîmois, de près de soixante-cinq ans, R. Dubarry a eu de fidèles collaborateurs dans les personnes des frères Louis et Fernand Bonijoly. Le loyal service de M. et Mme Frédéric Jalaguier s’est poursuivi depuis 1923 jusqu’en 1977. Une si longue et étroite collaboration parle éloquemment des vertus chrétiennes des intéressés. Après le décès de F. Bonijoly (en 1964), R. Dubarry a eu la joie de voir un jeune de l’Église, Albert Solanas, y être appelé et s’y engager comme pasteur (en 1966).

Mais le ministère de R. Dubarry ne s’est pas limité à l’Église locale. En 1911, il effectue un premier voyage en Amérique, pour le congrès de l’Alliance baptiste mondiale. En 1913, Ruben Saillens abandonne ses responsabilités administratives au sein de l’Association Franco-Suisse et on charge R. Dubarry de la présidence de ce groupement. En 1921, six Églises fondent, autour de Georges Guyot et Robert Dubarry, l’Association évangélique d’Églises baptistes de langue française (AEEBLF). R. Dubarry, à la demande réitérée de ses collègues, en assure la présidence depuis l’origine jusqu’en 1960.

Un bon nombre de pasteurs qui ont exercé leur ministère dans les Églises de l’AEEBLF sont redevables à R. Dubarry de leur appel et de leur formation pratique ou même théologique. Ceux qui ont fait des stages à Nîmes ont vu, dans le bureau de R. Dubarry, un petit tableau affiché « Always with a smile » (Toujours avec un sourire). Ils l’ont entendu souvent, sur le sujet dont ils discutaient, poser sa question favorite : « As-tu pensé à ceci ou à cela ? »

Outre la visite des Églises de nos pays francophones, R. Dubarry visite également celles du Canada. Lors de son huitième séjour, en 1953-1954, il apporte son concours à l’Église Jarvis Street Baptist Church (Toronto) et au séminaire baptiste fondé, en 1927, par l’un des champions de la cause évangélique en Amérique du nord, le Dr. T.T. Shields, ami personnel estimé de R. Dubarry. L’estime est d’ailleurs réciproque, car le premier doctorat en théologie honoris causa conféré par le séminaire, l’a été à R. Dubarry en 1948. On pourrait dire que sa devise s’exprime dans son message aux étudiants en fin de cours de ce séminaire, en 1938 ; ce message a pour sujet « Penser sainement ».

Un des aspects les plus efficaces du ministère de R. Dubarry est celui de ses travaux de plume. Mentionnons les nombreuses études et articles d’édification parus dès 1905 dans L’Écho de la vérité, puis, dans le Lien Fraternel, la série des « Échos de la Bonne Nouvelle » publiés chaque semaine de 1933 à 1937 et les six volumes des Pour faire connaissance.

R. Dubarry a eu un ministère remarquablement fécond dont les fruits sont encore bien visibles aujourd’hui. Il nous quitte paisiblement en août 1970, laissant un témoignage et une œuvre pour lesquels nous disons à Dieu notre profonde reconnaissance.


Pour aller plus loin :

Robert Dubarry, Pour faire connaissance avec les bonheurs d’une vie reconstruite, pp. 11-123 ; « Penser sainement », Pour faire meilleure connaissance, pp. 70-88.

André Lovérini, « La pensée de Robert Dubarry », Le Lien fraternel (décembre 1970), pp.162-180.

Article paru dans :

février 2021

Rubrique :
Association baptiste
Mots-clés :
À Bible ouverte

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