Pourquoi je ne vais pas au culte ?
Comme vous vous en doutez, les causes sont multiples. Il ne s’agit pas de juger mais de comprendre et de réfléchir ensemble.
Je ne peux pas me déplacer
Ces frères et sœurs qui avaient fait du culte leur priorité se trouvent, avec l’âge, dans l’impossibilité de se déplacer. Il y a bien un service de transport mis en place par l’Église, mais se préparer devient un parcours du combattant. Alors, malgré l’insistance des chauffeurs, ils ont renoncé, préférant au culte communautaire, le culte personnel.
La pandémie leur a, sans le vouloir, apporté une solution très pratique : le culte de leur Église locale en ligne. Malgré tous les avantages que présente cette formule, elle reste insuffisante et ne répond pas tout à fait aux besoins d’un culte « communautaire ». La communion, élément essentiel de notre rassemblement, dans ce cas-là, n’est que « virtuelle ».
Que manque-t-il pour que le culte, par écran interposé, devienne un culte communautaire ? Que l’Église vienne à elles ! En effet, pourquoi ne pas offrir à ces personnes, lors des diffusions, la présence bien réelle d’un petit groupe de notre assemblée ? L’épître de Jacques avait déjà, dans un tout autre contexte, incité une délégation de l’Église (les anciens) à se déplacer vers les « immobilisés ». Les chants, les échanges, en « direct », donneraient tout son relief et sons sens à un culte communautaire « décentralisé ».
Le culte ne me correspond plus.
Il arrive parfois que la difficulté de mobilité et le « grand » âge de nos aînés soient des prétextes à l’absentéisme chronique de certains. Derrière eux, se cache l’idée que le culte ne correspond plus à leurs attentes. Si l’on met de côté les acariâtres incurables que toutes les nouveautés rebutent, il vaut la peine d’entendre certaines de leurs critiques. À ne pas le faire, nous pourrions voir disparaitre, dans certaines de nos assemblées, une composante forte de nos communautés : le mélange des générations. Quelle génération visent nos cultes ? Nos chants prennent-ils en compte les jeunes, comme les vieux ? Leur rythme est-il adapté à ceux dont la dextérité de l’articulation n’est plus ce qu’elle était ? Leur contenu (pour beaucoup tout à fait légitimes) correspondent-ils à leur manière de dire leur adoration ?
Que dire de la sonorisation ? Des décibels auxquels tous ne sont pas habitués ? De la longueur de nos cultes (mea-culpa) lorsque nous n’arrivons plus à tenir la distance ? Le décalage générationnel est parfois la raison de déserter le culte.
Je ne vais pas au culte car je ne me sens pas à la hauteur.
Certaines personnes considèrent que le culte est fait pour ceux qui ont réussi à tenir un certain « standing » de vie chrétienne. Les échecs récurrents malgré les combats permanents les incitent à rester hors du cercle des « saints ». « Lorsque je rentre dans l’Église, je me sens sale » me disait une personne, les larmes aux yeux. Que dégageons-nous dans nos cultes ? Dans notre enseignement ? Dans notre accueil, pour que cette personne ne se sente pas rejointe dans son état de faiblesse extrême ? Quelle image de la vie chrétienne reflétons-nous ? Nos cultes ne s’adressent-ils qu’à des super héros de la foi, victorieux sur tous les fronts ?
Je ne vais pas au culte, c’est pour les intellos.
Combien de fois avons-nous entendu cette réflexion. En prenant le temps d’échanger plus longuement avec ceux qui nous en font la remarque, nous nous rendons compte que sous l’appellation « intello », ils entendent « abstrait », « compliqué », « loin des préoccupations de la vie quotidienne des chrétiens ». S’il faut se méfier des « petites têtes », et fières de l’être, et des discours simplistes, il vaut la peine de s’interroger sur l’accessibilité à tous de notre « parole ».
Je ne vais pas au culte car c’est MON jour de congé !
« C’est le pasteur et les anciens qui tiennent à ce que le maximum des fidèles soient présents. » Autrement dit, le culte est un désir humain.
Considérons-nous ce moment comme « une convocation » du Seigneur lui-même, pour reprendre le vocabulaire de l’Ancien Testament. Si nous ne sommes plus sous le régime de la Loi, si le dimanche n’est pas la transposition du sabbat, il n’en reste pas moins vrai que le Seigneur lui-même invite ses enfants à se retrouver, pour l’adorer, le louer et l’écouter ! Ce rassemblement fait sa joie !
Récemment, j’ai été bousculé par le titre d’un livre à paraître, Lui rendre le micro. Pourquoi nos contemporains ont-ils l’impression que le culte n’est qu’une affaire humaine ? Comment acquérir la conviction forte que, systématiquement lors de nos cultes, c’est Dieu qui nous invite, nous rassemble et nous parle ? Notre louange, notre adoration, notre culte tout entier, sont une réponse à son incroyable invitation !