PAR : Gordon Margery
Pasteur à la retraite, Église protestante baptiste de Faremoutiers

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Faut-il prier pour la guérison ? Le lecteur trouvera peut-être que la question est saugrenue. Depuis la chute et les ruptures qu’elle a entraînées, nous avons le sentiment que la maladie n’est pas normale, qu’elle ne devrait pas exister. Nous ne l’acceptons pas comme faisant partie de l’harmonie éternelle des choses. Nous ne pensons pas non plus que les microbes ont le droit d’exister tout autant que nous. Et nous ne prétendons pas que la maladie est une étape essentielle dans la sélection génétique des générations futures. Nous luttons contre elle. Et, dans cette lutte, le chrétien prie.

Néanmoins, nous nous remémorons des êtres chers qui, arrivés au terme d’une longue vie, n’avaient envie que d’une chose : s’en aller pour être avec le Seigneur. L’apôtre Paul éprouvait ce désir, alors qu’il n’était pas malade, tellement il était convaincu que ce serait pour lui de loin le meilleur (Ph 1.23). Prier pour que quelqu’un s’en aille paisiblement vers le Seigneur, ce sera parfois faire preuve d’amour.

En dehors de ce genre de cas, pourquoi hésiter à prier ? Parce que nous savons que la santé du corps n’est pas le bien suprême. Dieu a peut-être d’autres priorités pour la personne : son salut, son affermissement dans la foi, son ouverture à la souffrance des autres. Si « toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, qui sont appelés selon son dessein » (Rm 8.28), nous pouvons penser que telle épreuve ne sort pas forcément du champ de la volonté de Dieu.

Prier

Nous devons prier avec foi mais « nous ne savons pas prier comme il faut » (Rm 8.26), surtout quand il s’agit de discerner la pensée de Dieu, afin de demander à bon escient. Jacques 4.13-16 nous invite à regarder l’avenir avec humilité et de former nos projets avec cette réserve : « si le Seigneur le veut. » Comment alors prier avec foi pour la guérison d’un malade, comme Jacques 5.13-6 nous y exhorte ? Même le Seigneur Jésus a prié en terminant par « non pas ma volonté, mais la tienne soit faite » (Mc 14.36).

Ensuite, nous pouvons hésiter à prier pour la guérison des malades parce que nous craignons les réactions qu’il pourrait y avoir si jamais la personne ne guérit pas. Le malade et son entourage seront déçus. Nous serons décrédibilisés, et l’Évangile de Dieu discrédité.

Pourtant, la Bible nous invite à prier pour la guérison des malades. Pourquoi ?

Parce que c’est l’expression de notre amour pour celui qui souffre. Nous prions pour son bien à tous égards, pour la santé de son corps et de son âme, comme l’apôtre Jean l’a souhaité pour l’un de ses amis (3Jn 2).

Cette prière est aussi l’expression de notre confiance en Dieu. Pourquoi nous tourner vers Dieu si nous le croyons sourd, impuissant ou indifférent à la douleur de ses créatures ? Intercéder pour un malade, c’est honorer Dieu. Dans cette foi – foi en Dieu et non en la puissance de notre prière – nos hésitations s’évanouissent et nos interrogations s’apaisent.

Nous n’opposons pas la prière pour la guérison à une démarche médicale. Ceux qui prient « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour » fréquentent tout de même les boulangers – ou alors ils font leur propre pain. De même, nous prions pour la guérison tout en usant des ressources que Dieu nous a confiés dans sa création. Nous rendons grâces pour un rétablissement dû essentiellement aux progrès de la science et nous sommes ouverts aux guérisons qui ne semblent s’expliquer que par la foi et la prière.

Le malade va-t-il guérir suite à notre prière ? Très franchement, nous ne le savons pas, et c’est bien ainsi. Nous pensons à une personne miraculeusement guérie, dans un contexte de foi, certes, mais sans aucune intercession spécifique ; à une autre qui a été guérie miraculeusement suite à la prière ; et à d’autres encore qui sont mortes, à nos yeux trop jeunes, malgré nos supplications et celles de nombreux frères et sœurs.

La tristesse que nous éprouvons devant ces drames ne nous pousse pas à regretter d’avoir prié. Nous ne nous culpabilisons pas et nous ne culpabilisons pas le malade et son entourage. Sans savoir prier comme il faut, sans faire de prédictions hasardeuses, nous avons prié en faisant confiance à Dieu. Et, d’une manière mystérieuse, l’Esprit est venu en aide à notre faiblesse et a interprété nos requêtes pour qu’elles soient agréables au Père (Rm 8.26-27). ■

Article paru dans :

avril 2018

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Quelques mouvements de guérison contemporains

Lydia Lehmann
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