PAR : Thierry Huser
Consultant de la commission Eglises, pasteur à la retraite, Église protestante baptiste de Faremoutiers

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C’est avec reconnaissance que nous fêtons le centenaire de l’Association baptiste. L’histoire nous apprend l’humilité et la fragilité de nos réalisations, les approximations de nos tentatives, les grandeurs et les limites de nos victoires. Cependant, Dieu agit dans cette histoire, y écrit ses lignes et ses chemins.

Les débuts du baptisme en France.

Le baptisme s’implante en France à partir de 1810, grâce à cinq influences sur des sites à l’origine indépendants les uns des autres. Dans le Nord, dès 1810, ce sont d’abord quelques Anglais qui interviennent, suivis par Henri Pyt, venu de Genève. En Bretagne, à partir de 1820, ce sont des Gallois, qui apprennent très facilement la langue de leurs cousins bretons. En Alsace, en 1830, l’influence est germanique. À Paris, en 1833, elle est américaine. Tout en restant très minoritaires dans un protestantisme lui-même minoritaire, les Églises baptistes se développent pour former une dizaine d’assemblées en 1870.

À partir des années 1890, le baptisme français commence à se structurer. Deux sensibilités se manifestent : un groupement franco-belge dans le Nord, un groupement franco-suisse surtout implanté dans le Sud et dans l’Est. Leurs pasteurs sont soutenus par la même société missionnaire américaine, l’A.B.M.U. (American Baptist Missionary Union). Au nord, le contexte est avant tout catholique, et les conflits suscités par l’évangélisation laissent peu de place pour les distinctions théologiques qui peuvent exister au sein du protestantisme. Au sud, les baptistes doivent justifier de leur existence face au protestantisme traditionnel et développent une sensibilité théologique sur des sujets plus pointus. Au nord, la personnalité marquante est Philémon Vincent, intellectuel brillant, qui a fait des études de théologie à Paris et qui a un caractère plutôt introverti. Au sud, le chef de file est Ruben Saillens, autodidacte à la personnalité expansive. C’est un évangéliste de grand talent, auteur de nombreux cantiques. Il sera le fondateur en 1921 de l’Institut biblique de Nogent, qu’il voudra ouvert à tous les évangéliques et non aux seuls baptistes. Robert Dubarry fait partie de la pépinière des futurs pasteurs qui se retrouvent autour de Ruben Saillens, dans l’Église qu’il a fondée à Paris (rue Saint-Denis, puis rue Meslay).

Après la première guerre mondiale, on essaie d’unifier les structures du baptisme français. Les baptistes américains, dont le soutien financier est décisif, poussent dans ce sens. Toutefois, les différences de terroir, de personnalité et d’approche théologique rendent l’entreprise difficile. C’est l’époque du combat acharné du fondamentalisme (au sens d’affirmation des « fondamentaux » de la foi évangélique) contre le libéralisme. Nos baptistes, façon Ruben Saillens, très soucieux de fidélité doctrinale, craignent une dérive libérale chez les bailleurs de fonds américains et chez certains baptistes, façon Philémon Vincent.

Le congrès de 1920 marque une première alerte, avec la démission de l'Église de la rue de Lille à Paris, qui deviendra l’Église du Tabernacle. On s’interroge sur les peines éternelles, l’historicité de Jonas. Les questions des uns suscitent des lignes de défense des autres qui sentent leur camp attaqué. Les esprits s’échauffent. Finalement, c’est la rupture.

Arthur Blocher poursuivra avec l’aide de son épouse Madeleine Saillens, fille de Ruben Saillens, le développement de l'Église du Tabernacle en tant qu'Église indépendante. Celle-ci doit tout recommencer à zéro. C’est le début d’une remarquable aventure de foi. Pourtant, l’Église est seule : les Blocher n’ont pas été suivis par Robert Dubarry, dont l’envergure s’est développée au sein du réseau franco-suisse et qui espérait encore sauver l’unité.

Une année plus tard, en 1921, le désaccord est total entre les baptistes du nord et ceux du sud. Robert Dubarry conclut, comme Arthur Blocher en 1920, que le projet d’union est impossible. La grande majorité des Églises « franco-suisses » se retirent, ce qui conduira à la création de l’Association baptiste. L’union projetée se réalisera entre les baptistes du Nord, ceux de Bretagne et quelques Églises « franco-suisses » qui n’ont pas suivi leur association dans la décision de retrait : ce sera la Fédération baptiste.

photo de groupe

En 1921, il existe donc trois formes de baptisme en France. La Fédération, l’Association, et un baptisme indépendant. Ces trois courants sont encore présents de nos jours car, même si le Tabernacle a rejoint l’Association baptiste en 2001, de nombreuses Églises baptistes indépendantes sont nées après la deuxième guerre mondiale grâce à l’apport de missionnaires américains. Elles se retrouvent, entre autres, au sein de la Communion évangélique de baptistes indépendants (CEBI).

Les débuts (1921–1945).

En 1921, après l’échec des négociations en vue d’unifier le baptisme français, les responsables de six Églises se retrouvent : Paris-rue-de-Naples, Colombes et Nîmes (pour la France), Tramelan, La Chaux-de-Fonds et Court (pour la Suisse). Le 5 mai 1921, ils décident de proposer à leurs assemblées respectives de former une nouvelle association. En juillet de la même année, la conférence de Colombes, réunissant les représentants de ces six Églises et de trois autres (Lyon, Montbéliard et Valentigney) fonde l'Association évangélique d'Églises baptistes de langue française, dont les statuts sont adoptés en 1923 et la Confession de foi l'année suivante.

lien fraternel 1925

L'Association connaît des débuts difficiles et de graves problèmes matériels. La France subit toujours les conséquences humaines et économiques de la Grande Guerre. Et les Églises de l’Association baptiste sont durement frappées par la cessation de l’aide des baptistes américains. Elles persévèrent dans une unité d'esprit à laquelle contribuent la relance du journal Le Lien fraternel, organe de l’Association franco-suisse, fondé en 1912, et l’organisation régulière des conférences. La qualité des relations entre les responsables et parmi les membres a une très grande importance au sein de cette petite union d’Églises naissante : de longs ministères comme celui de Robert Dubarry à Nîmes, Georges Guyot à Paris et Henri Weber à Court y ont largement contribué.

À partir du milieu des années 1920, se tissent des liens étroits avec des chrétiens baptistes du Canada, notamment avec le Séminaire baptiste de Toronto, qui a formé plusieurs de nos pasteurs.

En 1931, l'Association réunit 13 Églises comprenant ensemble 1100 membres baptisés.

L’après-guerre (1945–1970).

Après les épreuves de la Seconde Guerre mondiale, notre Association reprend une croissance lente mais régulière. Elle compte dix-sept Églises en 1947, vingt-trois en 1971. Cette croissance correspond à une union d’Églises qui fonctionne sur un mode où l’on favorise le témoignage local de chaque Église et les relations fraternelles entre elles, sans stratégie ni vision de développement.

photo de groupe

Pendant toutes ces années, l’AEEBLF développe son identité autour de relations fortes portées par un souci de réflexion et de formation théologique. Le cours de formation, commencé à Mulhouse dans les années 1950 et développé sous la direction de Gabriel Millon au début des années 1960, façonne l’esprit de toute une génération de responsables laïcs. Il forge également des amitiés et des liens très forts autour des sessions communes de formation. Les relations privilégiées des Églises se tissent en interne, avec les belles dynamiques des conventions et des camps.

Au cours des années 1960, la règle officielle de l’Association, et celle qu’expriment les écrits de quelques voix en son sein, est clairement le séparatisme pour ce qui concerne les relations avec les autres Églises. Le principe mis en œuvre est une grille d’analyse des collaborations au « second degré » : si une Église est théologiquement fidèle mais collabore avec d’autres Églises, œuvres ou instances avec lesquelles on ne collaborerait pas, la collaboration avec cette Église doit être refusée. Impossible de participer à des œuvres interdénominationnelles ou interconfessionnelles avec une telle approche ! Ce n’est que progressivement, et au plan local, que certaines Églises de l’AEEBLF développent des relations avec d’autres Églises. Mais, du fait de cet isolement, l’AEEBLF peine à s’affirmer dans le paysage évangélique français en tant qu’union d’Églises.

Structurellement, après plusieurs longues présidences de la Commission administrative, qui est l’organe de coordination des Églises, un changement intervient, en 1970. Au terme des dix ans de mandat de Frédéric Buhler, on passe à des présidences de deux ans, non renouvelables d’un mandat sur l’autre. Cette règle sera appliquée jusqu’en 2010.

Développements et controverses (1970–1980).

Au début des années 1970, une dynamique de croissance se déploie autour de l’implantation d’Églises, que l’on appelle alors « extension ». La vision consiste à développer des implantations à partir d’Églises-mères. C’est ainsi que depuis Mulhouse, se créent Saint-Louis, Munster, Colmar et Sélestat, groupe d’Églises que rejoint Spicheren ; autour de Croix, naissent Halluin et Seclin ; depuis Genève, est soutenue une œuvre à Thonon. Chaque Église est invitée à considérer de quelle façon elle peut participer à cette dynamique mais cet effort n’est pas structurellement impulsé par l’Association. Des actions communes d’évangélisation se développent également : pendant plusieurs années, au début des années 1970, Dijon rassemble chaque 1er mai une bonne soixantaine de jeunes venus des Églises d’Alsace, de Bourgogne, de Franche-Comté et de Suisse pour un week-end d’évangélisation. En 1976, une équipe d’évangélisation, animée par B.J. Berge et constituée de chrétiens venus de plusieurs Églises, passe un mois d’été à Villefranche.

carte de 1971

Pendant toute la période des années 1970, l’unité de la Commission administrative est mise à mal par la tension entre une ligne séparatiste, qui définit l’Association par ses oppositions et ses refus, et une ligne qui développe, sur une base théologique ferme et biblique, une identité plus positive et ouverte aux questionnements nouveaux qui jaillissent de partout. Le débat sur le créationnisme cristallise ces tensions à partir de 1977. Plusieurs demandent que l’AEEBLF prenne position, de manière précise. La décision est prise de ne pas aller au-delà des limites explicitées dans la Confession de foi. Quelques créationnistes militants quittent l’Association, d’autres restent en son sein tout en critiquant sa ligne. Le débat laisse des traces et perturbe la vie et le développement de l’Association pendant une dizaine d’années.

photo de groupe

Du point de vue des activités jeunesse, cette période voit le développement des camps et colonies de vacances. Ce travail s’effectue à partir des Églises. Les Église de Genève, Montbéliard-Valentigney et Mulhouse ouvrent la voie avec respectivement, le chalet du Reyret à Bonneville (Haute-Savoie) et le centre de vacances de Roches-les-Blamont (Doubs), dès le début des années 1960. En 1969, l’Église de Nîmes fait l’acquisition d’une ancienne filature qui deviendra le centre de vacances La Source. Ces œuvres marqueront enfants et jeunes pendant plusieurs décennies.

Un partenariat se développe, dès la fin des années 1960, entre certaines Églises de l’AEEBLF et des baptistes anglais (Strict Baptists) et irlandais, ainsi que quelques Églises baptistes espagnoles, dans le cadre de l’Association baptiste européenne (ABE). Cette communion se traduit par des conférences bisannuelles, l’envoi d’équipiers sur le continent (France, Belgique) et le soutien d’œuvres pionnières, notamment celle de Thonon.

Une affirmation positive (1980–1995).

Autour des années 1980, des infléchissements importants se dessinent et s’affirment. L’enjeu principal est la question des collaborations, qui va être totalement repensée. Théologiquement, Guy Appéré accomplit un travail de fond par des réflexions décisives qui montrent que l’Église locale n’est jamais sans l’Église de Dieu au sens plus large. Dans un rapport moral décisif, en 1982, Albert Solanas invite à repenser la question du séparatisme et des collaborations en rappelant les positions des fondateurs. Ceux-ci ambitionnaient de pouvoir devenir, plus tard, « bien plus utiles qu’aujourd’hui à ses voisinages, par des solidarités et des partages de responsabilité » (Robert Dubarry). Avec force et conviction, Albert Solanas plaide pour une Association « utile aux autres aussi ». Début 1983, un document de la Commission administrative, qui explicite une nouvelle ligne d’approche des collaborations, est présenté à la Pastorale : refus du séparatisme de principe ; rejet définitif du principe de séparation « au second degré » ; examen de chaque situation et de la réalité propre des Églises impliquées dans une collaboration, prise en compte de la nature de chaque collaboration, de sa durée, de son degré d’implication ; enfin, affirmation d’une identité fondée et sereinement ouverte parce que sûre de ses fondements.

D’une manière générale, ce texte conduira les Églises de l’AEEBLF à aborder les questions de relations extérieures dans un esprit différent. On est prêt à examiner chaque cas, pour lui-même, avec ses caractéristiques propres et ses implications. Significativement, après la campagne Mission France de Billy Graham à Bercy, en 1986, le compte-rendu publié dans Le Lien fraternel développe une longue analyse de l’événement, sur un ton irénique et dans un propos plein de reconnaissance.

lien fraternel 1996

Pendant cette période, les Églises s’affermissent, étoffent leurs relations. Néanmoins, la croissance reste lente. On passe de vingt-trois Églises en 1971 à vingt-six en 1995, avec un nombre de membres approchant les mille six cents. Le cours de formation, entièrement remanié par Guy Appéré, est un outil régulièrement utilisé, dans les Églises ou dans des dynamiques régionales, pour la formation des responsables et des chrétiens désirant approfondir leur foi.

Un partenariat se développe avec l’œuvre baptiste à Madagascar, notamment autour de la création du Séminaire baptiste d’Antsirabé. Des relations personnelles existaient depuis longtemps, mais l’envoi officiel de deux membres de la Commission administrative (Paul Appéré, Albert Solanas), lors du cinquantenaire de l’Association des Églises baptistes bibliques de Madagascar (1982), redynamise la collaboration et conduit l’AEEBLF à s’impliquer fortement dans le soutien à la formation biblique des responsables à Madagascar, par le Séminaire ainsi que par les formations décentralisées qui se développeront ensuite.

Cette période se termine par un autre moment clé, lié au second mandat d’Albert Solanas comme président de la Commission administrative. Lors de son rapport moral de 1994, il développe la perspective d’un baptisme « biblique, équilibré, positif, dynamique, fraternel ». L’adhésion à son propos est large. Une base claire est posée, qui permettra de nouveaux développements.

L'Alliance baptiste (1995–2002).

Ce nouveau développement sera le rapprochement avec l’Alliance baptiste. L’Alliance baptiste évangélique de Paris est et nord est le fruit du travail de trois missions (américaine, canadienne et irlandaise) regroupées dans la Mission évangélique baptiste en France (MEBF). Sept Églises devenues majeures se sont associées en union d'Églises en 1984, avec pour vision l’implantation d'Églises dans les villes nouvelles de l’Est parisien. C’est le projet « Marne-la-Vallée 2000 ». Six autres Églises sont nées dans ce cadre, et deux Églises indépendantes (Veneux-les-Sablons, Nogent-sur-Marne) ont rejoint l’Alliance pour former une union de treize Églises dans l’est et le nord de Paris.

Les responsables de l’époque sont conscients de plusieurs faiblesses. Leur union d'Églises est purement régionale, sans légitimité nationale. À l’exception de Nogent, toutes ses Églises sont d’origine récente, sans réel enracinement dans l’histoire et la culture françaises. Fondées dans un grand élan d’évangélisation, elles aspirent à une plus grande profondeur théologique.

En 1995, l’Alliance baptiste et l’Association baptiste décident d’entamer un processus pour faire meilleure connaissance et envisager un rapprochement, voire une fusion. Finalement, l’union s’opérera avec l’entrée de chaque Église de l’Alliance dans l’Association puis la dissolution de l’Alliance. Commencées en 1999, les adhésions sont terminées en 2002. La démarche aura duré au total sept ans.

Cette dynamique de regroupement a d’importantes répercussions. L’image de l’AEEBLF en est renouvelée. Certaines Églises indépendantes se rendent compte qu’elles peuvent elles aussi rejoindre l’Association. C’est le cas de Nancy, de Trets, de Carpentras et de Paris-Tabernacle. L’adhésion de cette dernière, en 2001, est ressentie avec une émotion toute particulière, comme une guérison de l’histoire. En effet, depuis 1920, l'Église du Tabernacle était restée indépendante, jouant un rôle influent dans le paysage évangélique français et dans la mission en Côte d’Ivoire. Cependant, elle entretenait des relations limitées avec l’AEEBLF qui était beaucoup moins présente dans les dynamiques évangéliques nationales auxquelles participait activement l’Église du Tabernacle.

L’AEEBLF passe ainsi de vingt-six Églises à quarante-cinq Églises en moins de dix ans. Un changement énorme, aux incidences décisives sur son identité, son fonctionnement, son rayonnement.

Développements et défis (2002–2020)

Le premier défi de ce grand changement est de développer une nouvelle identité, respectueuse et enrichie des apports de chacun. Trois lieux forment le creuset de cette évolution : le Conseil de l’AEEBLF (nouveau nom de la Commission administrative) où l’on apprend à travailler ensemble et où l’on dessine les nouveaux visages de l’AEEBLF ; la Pastorale annuelle d’Évian, où se vit une riche communion entre les responsables d’Églises, dans la réflexion, les échanges personnels, la prière, les échanges sur les orientations de l’AEEBLF ; les Assemblées générales, où les délégués des Églises découvrent la réalité de la communion élargie. Le rapprochement ayant été bien travaillé en amont et s’étant concrétisé progressivement, il s’est vécu, malgré quelques regrettables frictions, de manière étonnamment harmonieuse. Les schémas initiaux d’une « Association » théologienne et peu dynamique face à une « Alliance » surtout axée sur la pratique volent rapidement en éclat : très vite se développent des synergies communes où chacun apporte sa part, quel que soit le domaine considéré.

photo de groupe

L’affirmation de l’identité de l’AEEBLF se concrétise au fil de plusieurs textes. Un important travail d’équipe (1999–2004), dirigé par Daniel Molla et André Loverini, aboutit à une nouvelle rédaction de la Confession de foi, adoptée à l’unanimité et avec reconnaissance en 2004. Par étapes, un texte sur les valeurs de l’AEEBLF est finalisé (2009, 2017). En 2015, un texte sur les principes éthiques est adopté par la Pastorale. Plus délicate, la question des ministères exercés par des femmes dans l’Église, et notamment du ministère pastoral, aboutit à un texte appelé le « Vivre ensemble », adopté à une large majorité en Assemblée générale, en 2012. Ce document, qui affirme la pleine responsabilité devant Dieu de chaque Église quant à la reconnaissance des ministères en son sein, valorise une attitude empreinte d’égards mutuels, concrètement signifiés, entre les Églises ayant des positions différentes sur les ministères exercés par des femmes. Ce texte est important dans son contenu mais aussi dans l’état d’esprit qu’il instille sur la façon de vivre l’unité sur des questions sensibles. Spirituellement exigeant, il a engendré jusqu’ici de belles attitudes de respect mutuel.

affiche pastorale 2006

Entre 1995 et 2020, l’AEEBLF passe de vingt-six à soixante-huit Églises et cinq implantations. Le développement structurel qui accompagne cette croissance se fait progressivement, à partir du Conseil de l’AEEBLF, qui s’étoffe et se structure. Il coordonne le travail de neuf commissions. Cinq ministères à temps partiel (quart temps) sont actuellement rémunérés : délégué aux Églises, délégué à l’extension, responsable de la commission Ministères, coordinateur Jeunesse, président du Conseil. Entre 2008 et 2020, le Conseil a travaillé dans une perspective intentionnelle, selon des lignes identifiées pour des périodes de cinq à six ans (« Cinq axes », « Horizon 2020 »). Cette manière d’agir s’est avérée féconde. En résultent la création d’une commission Ministères (2018) et un nouvel élan donné à la commission Mission (2019). Certaines dispositions mises en place pour faire face à un besoin particulier se sont pérennisées : c’est le cas des « Soutiens solidaires » (2015), fonds de soutien alimenté par des particuliers, pour permettre de compléter le soutien financier de certains ministères insuffisamment pourvus. L’Union France, quant à elle, élargit le champ des services qu’elle rend, notamment en ce qui concerne l’administration ou la gestion financière de certains ministères.

graphe historique

Un élan remarquable dans le domaine de l’implantation se manifeste à partir des années 2010, dans la continuité de l’élan bien entretenu dans l’Est parisien, sous l’impulsion de Philip Moore et du regretté Édouard Nelson, décédé d’un accident de montagne en 2020. Un Centre de formation d’implanteurs (CFRI) à Lagny (2010–2014) permet à une belle équipe d’implanteurs de se lever. Il en résulte plusieurs implantations dans l’Est parisien et dans Paris intra-muros ainsi qu’une tentative en milieu rural à Égletons, en Corrèze. Des partenariats féconds sont établis à l’international pour accompagner ce travail et permettre aux implanteurs de bénéficier de larges réseaux (Actes29, City to City). Cette dynamique n’est pas sans combats ni revers mais constitue, globalement, un puissant encouragement.

Plusieurs Églises connaissent une belle croissance, consolident leur témoignage, acquièrent des locaux. Si quelques-unes connaissent des développements remarquables (Pontault-Combault, Paris Sèvres, Paris Connexion, Le Mée-sur-Seine), une attention particulière se porte, à partir de 2015, sur les besoins des « petites et moyennes Églises », dont il faut accompagner les étapes de croissance. Des « séminaires de croissance » organisés par l’Église de Pontault-Combault (2014–2015) lancent plusieurs Églises dans cette démarche. Chris Short accompagne activement ce travail, de sa réflexion et de son action sur le terrain. Le relais se prend par les plus jeunes générations de pasteurs.

Un développement très significatif a lieu en Belgique, sous l’impulsion persévérante d’Yves Gabel, qui permet d’accueillir dix Églises belges en quelques années. L’Union Belgique est créée en 2018. Elle représente un pôle plein de vitalité, travaillant en réseau bien coordonné, dont bénéficient aussi les Églises des Hauts-de-France. Ce travail en réseau fait partie des structurations qui s’étoffent entre l’ensemble des Églises de l’AEEBLF, dans leurs régions respectives.

enfant en activité manuelle

Grâce aux étapes franchies précédemment autour des questions de collaboration et de représentativité, l’AEEBLF est présente et pleinement engagée à partir des années 2000 dans les dynamiques évangéliques nationales des trois pays. Elle fait partie des membres fondateurs du Conseil national des évangéliques de Frances (CNEF), au sein duquel plusieurs de ses membres sont en position de responsabilité. Elle s’implique activement dans le Réseau fraternel évangélique français (Réseau FEF), qu’elle a appris à connaître et à apprécier. Plusieurs membres ont des responsabilités importantes dans des œuvres, notamment missionnaires. En Suisse, nos Églises sont actives au sein du Réseau évangélique suisse (RES). En Belgique, elles participent aux travaux du Synode fédéral. Outre cette implication dans les structures faitières du monde évangélique, l’Association est engagée, par plusieurs de ses responsables, dans la formation et l’enseignement au sein des instituts de formation, dans nos pays respectifs, mais aussi plus loin sur le champ missionnaire.

Ainsi, espérons-nous, est en voie de réalisation le souhait de ceux qui nous ont précédés, de devenir « utiles à ses voisinages, par des solidarités et des partages de responsabilité » (R. Dubarry). Nous comptons sur la fidélité de Dieu pour persévérer dans la tâche qu’il nous confie, en vue de l’extension de son Royaume en France, Suisse, Belgique, et jusqu’aux extrémités de la terre.

Article paru dans :

janvier 2021

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