PAR : Françoise Pillon
Membre du comité de rédaction, Église baptiste de Paris-Centre

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Il faut saluer l’exploit d’Anne Ruolt qui a écrit ce livre, à mi-temps, pendant quelques mois seulement, alors que les bibliothèques étaient fermées du fait des confinements ou restrictions sanitaires provoqués par le covid-19.

L’ouvrage est lui-même un bel objet : l’illustration de la couverture est très élégante et l’agencement des textes et nombreuses photos (deux cent-quarante !) très agréable. Quant au titre si poétique, il constitue une véritable trouvaille.

couverture du livre

L’ouvrage compte cinq cent-trente-huit pages dont un abondant appareil critique, d’une centaine de pages : statistiques, tableaux, bilan financier de la première année, devoirs manuscrits d’étudiants de la première heure, procès-verbaux d’assemblées générales, etc. Tous ces documents, y compris les photographies qui illustrent tout le livre, ont été puisés et dépouillés dans les fonds de l’Institut et dans des archives privées mises à la disposition de l’autrice.

Anne Ruolt explore chaque aspect et chaque période de l’histoire du centenaire de l’IBN à commencer par ce qui a précédé les débuts de l’œuvre. Alors qu’ils ont l’âge de la retraite, Jeanne et Ruben Saillens ont la conviction qu’il est nécessaire de former des évangélistes en vue du Réveil. Nous suivons les contacts noués avec des hommes de Dieu américains qui partagent la même vision et trouvent le financement de l’œuvre (une photocopie du télégramme annonçant cette bonne nouvelle figure en page 15 !). Nous assistons à la découverte du site sur lequel se trouve la villa, à la location de celle-ci puis à son achat, l’année suivante. Nous apprenons à mieux connaître cette famille Saillens grâce à certains jolis portraits qu’Anne Ruolt nous présente. Cette famille qui a marqué pendant longtemps l’IBN, tant de ses membres y étant engagés à divers titres.

L’autrice replace la création de cette institution dans le contexte socio-éducatif et protestant des années 20 et met en évidence plusieurs particularités qui en font une œuvre originale.

  • Elle est destinée aux jeunes gens et aux jeunes filles (tous célibataires alors) s’inscrivant ainsi dans un mouvement tendant à améliorer l’instruction des filles.

  • Elle n’exige aucun prérequis. Nul besoin d’être titulaire du baccalauréat pour s’inscrire à l’école. C’est toujours le cas, cent ans après.

  • Elle est totalement indépendante de toute dénomination. L’Institut est ouvert à tous (entre dix-huit et trente ans) pourvu que la foi du candidat soit orthodoxe, peu importe qu’il soit baptiste, réformé, méthodiste ou luthérien. C’est encore vrai de nos jours. Précisons que l’IBN s’inscrit dans une orthodoxie biblique prônée par le fondamentalisme américain (à la connotation alors bien moins péjorative que maintenant). Cela oriente tout l’enseignement qui est « biblio-centré » ce que résume parfaitement la bannière de l’Institut : « Le Christ tout entier, dans la Bible tout entière, dans le monde tout entier. »

  • Elle s’adresse à tout l’être ! Il s’agit d’une formation intégrale : connaissances, vie personnelle, vie communautaire, piété, travaux pratiques ont une même considération.

Si la vocation première de l’IBN est de former des évangélistes, une deuxième se révèle bientôt : former des missionnaires. De ce fait, les étudiants se diversifient tant par leurs origines géographiques qu’ecclésiales ou leur niveau d’études. Après la deuxième guerre mondiale, une troisième vocation surgit : former des pasteurs et responsables d’Églises. L’Institut devient ainsi un vivier d’hommes et de femmes préparés au service de Dieu, au loin comme au près.

Le livre met l’accent sur la manière dont l’IBN s’est adapté : au fil des ans, les besoins et le profil des étudiants, la manière d’enseigner se sont transformés. On est passé de cours identiques pour tous à une infinité d’offres : sur place, à distance, le soir, en ligne. Les formules sont nombreuses.

L’institut a également su s’adapter dans d’autres domaines comme son organisation, passant de la direction par une famille omniprésente à une direction plus collégiale aux mandats plus courts ; comme son audace dans l’agrandissement et la multiplication de ses bâtiments dont le dernier vient d’être inauguré.

L’Institut biblique, c’est aussi une pépinière d’œuvres évangéliques, pour reprendre l’expression d’Anne Ruolt. Il a souvent joué un rôle majeur dans la naissance de telle ou telle œuvre, comme le Centre évangélique d’information et d’action (ferment d’unité, qui a permis aux évangéliques d’apprendre à se connaître) ou Formapré (dont la première session a eu lieu dans ses locaux). Il est partenaire de nombreuses associations. C’est aussi à l’IBN qu’est né le Conseil national des évangéliques de France (CNEF).

Nul doute que l’Institut biblique de Nogent continuera à jouer sa partition dans le monde évangélique pour le bonheur de nous tous.

Article paru dans :

mai 2022

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Christian Baugé
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