Un propos de Frère Thomas
Si je devais donner une définition du mariage, voici celle que je proposerais : c’est le lieu idéal d’une compétition de très haut niveau. Un match ? Vous étonnerez-vous. Pourquoi non ? Mais ni de boxe, ni de judo, ni même de rugby. Un match tout spirituel.
Que fait-on d’autre dans un match, sinon de donner le meilleur de soi-même ? C’est précigcsément à cela que nous invite le mariage : donner, donner sans cesse, et toujours plus et toujours mieux. Non pas selon un calendrier établi à l’avance, mais chaque jour. Pas davantage pour devenir un champion, recevoir une médaille ou une coupe. La compétition se joue sans public, dans l’intimité, sans récompense affichée.
Il ne s’agit pas de « gagner », ni d’être applaudi. Paradoxe : quand on se voit dépassé par l’autre, on ne pleure pas, on n’éprouve pas la moindre déception. Au contraire : on applaudit, on est heureux. On est aussi tout reconnaissant, car, puisque l’autre a donné, on a forcément reçu.
Si j’avais à proposer une devise pour le mariage, je l’emprunterais à Jésus, qui a dit : « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir. » C’est cela, le mariage : on joue à qui donnera le plus, le mieux, le plus généreusement, et, si j’ose dire, le plus gratuitement. C’est un jeu sans perdant. Un jeu où l’on ne donne pas simplement ceci ou cela, mais où l’on se donne soi-même. Car l’amour véritable ne demande rien, si ce n’est de se donner.
C’est pourquoi le mariage est saint. C’est un lieu de consécration, et d’abord réciproque, du mari à la femme et de la femme au mari. C’est aussi le lieu où s’apprennent toutes les consécrations, où l’on se consacre, chacun pour sa part et les deux ensemble, aux enfants, aux frères dans la foi, au prochain, et bien sûr à Dieu. C’est le lieu d’un bonheur inépuisable. Il y a bonheur à donner, bonheur aussi à recevoir. Là où chacun se donne à l’autre se vit, en miniature sans doute, mais à une grande hauteur, le bonheur de la vraie « communion des saints ». ■