PAR : Matthieu Sanders
Membre du conseil de l’Association baptiste, pasteur, Église baptiste de Paris-centre (VIIe)

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La récente élection du futur président des États-Unis d’Amérique a suscité des réactions très variées. Un franco-américain, pasteur de l’Association baptiste, donne son point de vue.

« Séisme », « apocalypse », « la fin d’un monde »... autant d’expressions entendues pour décrire l’élection le mois dernier de Donald Trump à la présidence des États-Unis.

Lorsque ce milliardaire et ex-star de la télé-réalité s’est déclaré candidat en juin 2015, personne ou presque ne l’a pris au sérieux. Mais il a rapidement bénéficié d’une couverture médiatique exceptionnelle, tant par ses sorties vulgaires que par ses propositions très controversées. Et, contre toute attente, le discours transgressif de D. Trump a rencontré un large écho dans un contexte de crainte de la mondialisation, des vagues migratoires et de l’islam.

Trump

Les médias ont beaucoup relayé l’idée selon laquelle les évangéliques - qui constituent jusqu’à un quart de l’électorat américain - auraient massivement soutenu D. Trump. La réalité est plus complexe. Depuis plusieurs décennies, les évangéliques « blancs » votent très majoritairement pour le parti Républicain (de droite). Cette préférence est, entre autres choses, due aux positions libertaires du parti Démocrate sur les questions d’éthique familiale et sexuelle. Beaucoup d’évangéliques, sans apprécier D. Trump, sont donc restés fidèles à un vote-réflexe pour le camp dont ils se sont historiquement sentis plus proches.

Cependant, la situation n’a, de loin, pas été uniforme. De nombreux responsables évangéliques ont pris publiquement et fortement position contre lui. On peut citer parmi ces anti-Trump des pasteurs très connus comme Max Lucado, les théologiens baptistes du Sud Russell Moore et Al Mohler, l’essentiel de la Gospel Coalition (Évangile 21 aux États-Unis)...

D’autres, comme l’auteur James Dobson, ont pris clairement position pour D. Trump selon une logique « tout-sauf-Hillary ».

En réalité, on retrouve chez les évangéliques le même fossé que dans la société plus largement, entre la population urbaine et diplômée, (qui s’est généralement opposée à Trump... mais sans forcément voter Clinton) et les populations rurales et d’arrière-plan social plus modeste (qui ont largement soutenu D. Trump(1)). On retrouve aussi un fossé générationnel : les jeunes évangéliques ont beaucoup moins voté pour D. Trump(2).

Loin de faire consensus chez les évangéliques américains donc, cette élection a provoqué un profond malaise, voire une crise d’identité. Beaucoup se demandent comment leurs frères et sœurs ont pu soutenir un homme dont le discours, souvent agressif et insultant, a parfois des relents racistes et conspirationnistes. D’autres sont au contraire soulagés de la défaite d’une candidate qui, pour eux, incarnait la perte des repères traditionnels et l’arrogance des élites. Prions que nos frères et sœurs « sortent par le haut » de cette période douloureuse et trouvent dans l’Évangile le fondement de leur espérance et de leur témoignage.


Notes :

  1. nytimes.com/2016/11/12/upshot/this-election-highlighted-a-growing-rural-urban-split.html
  2. nationalreview.com/article/441515/donald-trump-evangelical-age-gap
Article paru dans :

décembre 2016

Rubrique :
Société
Mots-clés :
Églises

Transition pastorale à Moutier

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