PAR : Gordon Margery
Pasteur à la retraite, église protestante baptiste de Faremoutiers

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Comment une Église locale désigne-t-elle ses responsables ? Fort de son expérience pastorale, Gordon Margery nous livre quelques réflexions à ce sujet.

La vie, c’est toujours une structure. Des plus simples organismes aux êtres les plus complexes que nous sommes, les cellules s’organisent et se spécialisent. Sinon, c’est la dislocation de la mort.

Il en est de même dans toute société. Tous ne font pas tout. Par ailleurs, hommes et femmes, adultes et enfants, nous sommes différents. Nous n’avons ni les mêmes rôles, ni les mêmes besoins, ni les mêmes capacités. Nous nous organisons au sein de la famille, de l’école, de l’entreprise et de l’Église. Faute de quoi, c’est l’anarchie ou la loi du plus fort qui impose sa propre organisation. Quand l’auteur du livre des Juges rapporte que « chacun faisait ce qu’il jugeait bon », il dénonce le désordre de ce temps-là.

La désignation de responsables dans une Église locale ne repose donc pas en premier sur quelques textes du Nouveau Testament – nous pourrions les prendre comme descriptifs et non normatifs – mais sur un principe de vie présent dès la Création et mise en évidence tout au long de l’histoire.

De quels responsables parlons-nous ? Nous pensons ici non aux personnes qui assument une tâche particulière – chaufferie, affichage – mais à celles qui dirigent ou conduisent des personnes : groupe de jeunes, groupe de maison, toute une Église et nous utilisons un mot volontairement large et neutre.

Le vocabulaire et les usages peuvent varier selon les Églises. Dans le Nouveau Testament, il y avait à Éphèse un groupe sans doute assez important « d’anciens-responsables » (Actes 20.17), appelés plus tard « évêques-dirigeants », et exerçant un ministère de « pasteur-berger » (Actes 20.28). En revanche, à Colosses, il n’y avait peut-être qu’un seul responsable (cf. Philémon 1.1-2). D’après 1Pierre 4.11, on peut distinguer entre les ministères de la Parole et les autres services. Dans 1 Timothée 3 et Tite 1, on demande à ceux qui dirigent d’être aptes à enseigner la Parole de Dieu et discerner l’erreur. Ceci n’est pas requis des « diacres ».

Responsable de l'Église

Selon Timothée et Tite, on recherche chez les responsables un caractère qu’on devrait trouver chez tout chrétien. Toutefois, ils doivent aussi manifester une certaine compétence pour communiquer la Parole de Dieu et une disposition à conduire les autres. La simple connaissance biblique, la piété, la serviabilité ou la gentillesse sont importantes mais ne font pas un responsable ou dirigeant. Ce chef d’équipe doit être capable d’emmener son équipe avec lui. Cela se vérifiera à l’échelle d’un groupe de maison comme d’une Église.

Maintenant, comment désigner ces responsables ? On pourrait pratiquer de façon hiérarchique, comme dans l’Église catholique et certaines communautés charismatiques ; ou de manière démocratique, comme dans un parti politique. Il semblerait que la sagesse et les rares indices bibliques nous orientent vers une démarche se situant entre les deux.

Une Église pionnière a été fondée par un pionnier : on ne peut pas lui demander de renoncer à son rôle de conducteur au moment de la mise en place d’autres responsables. Dans une Église établie, la charge de son conseil inclut tout ce qui concourt au bien-être de la communauté, dont le choix de ses responsables. Néanmoins, dans les deux cas de figure, il serait insensé de ne pas « consulter la base », comme on le dit en politique. La Didaché, texte du IIe siècle après Jésus-Christ, recommande : « Élisez-vous des évêques et des diacres. » John Welsey pensait que l’autorité dans l’Église reposait sur le consentement.

Vote

En Actes 6, le choix des hommes qui déchargeraient les apôtres s’opère selon nos deux critères. D’une part, les apôtres – non sans mal – prennent conscience d’un problème et proposent une solution : d’une part, la désignation de sept personnes « réputées dignes de confiance, remplies du Saint-Esprit et de sagesse » ; d’autre part, « tous les disciples » choisissent ces nouveaux responsables. À la fin du processus, les apôtres prient pour eux en leur imposant les mains. Nous supposons qu’il s’agit de la même démarche en Actes 14.21-23.

La désignation des responsables est une nécessité de vie. Dans l’Église, ils doivent répondre à certains critères. Il peut y avoir différentes façons de procéder mais il faut toujours veiller à équilibrer le rôle des responsables en place et celui de toute l’assemblée. Dans cette démarche, la soumission les uns aux autres, dans la crainte de Christ, doit prévaloir sur une autorité excessive ou des luttes pour le pouvoir. ■

Article paru dans :

mai 2018

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Mouvements sociaux

Jean-Marc Bellefleur
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