PAR : Jean-Marc Bellefleur
Membre du comité de rédaction, pasteur, Église de La Bonne Nouvelle, Mulhouse, Église La Bonne Nouvelle, Saint-Louis.

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Frédéric et Marthe Buhler sont arrivés à Mulhouse en 1945, envoyés « en mission dans l’Est » par l’Association baptiste. Frédéric Buhler a été le pasteur de l'Église de La Bonne Nouvelle pendant plus de quarante ans. Robert Dubarry, dans la « lettre de congé honorable » adressée à l'Église de Mulhouse, a écrit que Frédéric Buhler avait laissé « un souvenir exemplaire » à l'Église de Nîmes.

Portrait F. Buhler

C’est effectivement de Nîmes que cet Alsacien de naissance est arrivé à Mulhouse pour le service de l’Eglise. À presque vingt ans, il était allé se former au séminaire baptiste de Jarvis Street, à Toronto au Canada, comme, plus tard, plusieurs pasteurs de l’Association baptiste. Il était revenu en France au début de la Seconde Guerre mondiale. Se trouvant à Nîmes au moment de l’armistice de 1940, il ne pouvait plus revenir en Alsace. C’est à Nîmes encore, en 1943, qu’il épousa Marthe Lamouroux. Leur unique fille, Hélène, y est née. Lourdement handicapée, elle est décédée dans sa jeunesse en 1965. A peine 10 ans plus tard, Marthe Buhler décédait à son tour. Frédéric Buhler avait alors soixante-et-un ans.

L'Église qu’il a trouvée à Mulhouse sortait à peine de la guerre, dans une région où les conflits avaient été très violents. Elle était affaiblie, humainement, matériellement et même spirituellement. « Tout était à reconstruire […] l’amertume et la haine avaient gagné le cœur de certains… » Frédéric Buhler « s’est attelé à la tâche avec courage et foi » et « l'Église a été fortifiée et consolidée sous sa direction ». Il a été un bon enseignant, même en langue allemande – encore beaucoup parlée en Alsace à cette époque – qu’il a dû réapprendre. Il avait la faculté de mettre les bonnes volontés en œuvre, c’était un bon organisateur. Il a su transformer l'Église en véritable ruche !

Au début du XXe siècle, l’Église de Mulhouse avait déjà donné naissance à plusieurs autres communautés. Frédéric Buhler a lui-même repris cette vision missionnaire et a animé l’implantation de plusieurs autres Églises dans la région.

imprimerie

Il faut citer ici sa part très active dans la création de l’imprimerie de l’Église de Mulhouse, qui a été notoirement au service de l’Association baptiste pendant de longues années. Elle a produit des millions d’imprimés de toutes sortes.

Il s’est engagé avec une certaine passion dans des recherches archéologiques sur les baptistères paléochrétiens, cherchant à démontrer l’évolution des pratiques du baptême, de l’immersion à l’aspersion.

Frédéric Buhler a aussi servi l’Association baptiste pendant de longues années, ce qui était convenu dès son arrivée à Mulhouse. Un rayonnement régional, tout d’abord en Alsace, puis dans la région voisine du Pays de Montbéliard. Il a aussi, et surtout, été le deuxième président de la « Commission administrative » succédant à Robert Dubarry, de 1960 à 1972. Après lui, les mandats de président ne seront que de deux ans.

Frédéric Buhler a ainsi beaucoup apporté à l’Association baptiste. Citons par exemple le développement des « Cours de formation », cet enseignement biblique dispensé dans les Églises de l’Association pendant des années ; ou encore les relations internationales, en Europe particulièrement, mais aussi avec les pays d’Europe de l’Est ou plus loin encore. Son dévouement au service de l’Association baptiste était accompagné de la rectitude et de la sévérité qu’on lui connaissait.

L’ardeur au travail et le zèle pour l’Évangile de Frédéric Buhler ont eu leur revers : l’Église de Mulhouse et le conseil de l’Association se souviennent également de ses exigences très formalistes, de son regard foncièrement critique sur les évolutions de la société et des Églises, de son séparatisme, de relations qui pouvaient être compliquées. Pendant les dernières années de son activité, il a démissionné du conseil de l’Association baptiste, en 1982, du conseil de l'Église de Mulhouse, en 1988, de l'Église de Mulhouse, en 1998, pour agir dans d’autres cercles plus conformes à ses positions.

Il s’est éteint à Mulhouse en 2007. Ce que je choisis de retenir de lui, parmi bien d’autres souvenirs, c’est une entière motivation à servir le Seigneur, accompagnée d’une vraie vie de foi, une énergie créatrice et organisatrice dont nous bénéficions aujourd’hui encore à Mulhouse.


Avec mes remerciements à Doris Huser (citations de son témoignage dans le texte), Albert Solanas, Jean-Paul Ropp et Elisabeth Wiener, pour leur aide précieuse.

Article paru dans :

août 2021

Rubrique :
Spécial
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