PAR : Françoise Pillon
Église évangélique baptiste de Paris-Centre

Article paru dans :
Rubrique :
Autour de nous
Mots-clés :

Après des années de parution irrégulière, le bulletin édité par la Société d’histoire et de documentation baptistes de France (SHDBF) semble avoir trouvé sa vitesse de croisière avec une publication annuelle. En effet, le numéro six est sorti au printemps dernier. Notons que depuis le numéro quatre, sa présentation est plus attrayante et claire, le sommaire figurant sur la première page de couverture.

Petit rappel : la SHDBF, qui a fêté ses vingt années d’existence en 2020, s’attache à réunir, sauvegarder et conserver les traces de l'identité baptiste tout en encourageant la recherche historique. Elle organise, notamment, des conférences et des expositions et participe, par son stand, aux différentes manifestations du monde évangélique. Par ailleurs, elle édite un bulletin où figurent le texte des communications données dans le cadre de ses activités, des articles à caractère historique et biographique, des notes de lectures et autres notices.

Couverture du n° 6-2021

La dernière livraison a pour titre « Baptisme et recommencements ». Pourquoi donc ? Vous découvrirez que plusieurs des textes publiés évoquent le début des années 1920. À cette époque, les différents mouvements qui composent le baptisme français, déjà centenaire, sont en pleine recomposition à cause de conflits paraissant alors insurmontables : vision, théologie, personnes.

En 1921, la fragile Union baptiste, qui regroupait presque tous les courants (le Tabernacle l’ayant déjà quittée), devient la Fédération des Églises évangéliques baptistes de France (FEEBF), tandis que l’Association évangélique des Églises baptistes de langue française (AEEBLF) voit le jour. Francis Thobois nous décrit le processus qui a abouti à ces deux unions d’églises, en se focalisant sur la Fédération baptiste. Nous constatons combien l’unité peut être fragile, surtout quand entrent en jeu des personnalités clivantes comme celles de Philémon Vincent et Ruben Saillens. Nous retrouvons une partie des acteurs de cet épisode douloureux dans un texte qui devrait intéresser nos lecteurs puisqu’il s’agit de la version longue (la version courte étant parue dans Le Lien Fraternel d’avril dernier) du portrait attachant de Georges Guyot, un des fondateurs de l’Association baptiste, collègue et ami de Robert Dubarry, par son petit-fils Pascal Bourdois.

1921, c’est aussi la création de l’Institut biblique de Nogent (l’IBN). La SHDBF a fait le choix judicieux, par la plume d’Anne Ruolt (professeur dans cette institution) de présenter la figure méconnue de Louise Saillens, dernière fille de Ruben et Jeanne Saillens, fondateurs de l’Institut. Elle fut directrice et professeur à l’IBN à une époque où les femmes étaient reléguées au foyer. Elle fut aussi la cheville ouvrière du journal Les Cahiers de l’Institut. Ce portrait, très touchant, rend justice à celle qui fut l’âme de l’IBN pendant des décennies.

La naissance de l’IBN a probablement éclipsé l’École de théologie baptiste fondée par Philémon Vincent en 1911. Cette dernière s’apparentait d’ailleurs plutôt à une faculté de théologie. Anniel et William Hatton s’emploient à retracer l’histoire de cet établissement (qui tenait à son identité baptiste tandis que l’IBN se voulait interdénominationnel), qui fermera ses portes en 1934, fruit d’un long travail et de plusieurs tentatives ayant finalement échoué. Ce qui est certain, c’est que, quelles que soient les divergences, la formation a toujours été au cœur de la vision baptiste.

D’autres portraits figurent dans ce numéro, comme celui d’Harriette Tilly-Cadot ou de John Clifford, mais je voudrais attirer particulièrement l’attention sur celui d’Aliocha le Baptiste, un des personnages de Une journée d’Ivan Denissovitch d’Alexandre Soljenitsyne. José Loncke s’attache à présenter la figure d’Aliocha, un des prisonniers du Goulag dont le témoignage, généralement silencieux, est lumineux et devrait nous servir de modèle. Nul doute que Soljenitsyne a rencontré son sosie et qu’il en a été marqué.

Un autre ouvrage (Two centuries Baptists in Guernesey), bien différent, concernant l’histoire des Églises baptistes francophones de Guernesey, est évoqué dans les notes de lecture de David Boydell. Nous voyons ainsi comment l’œuvre baptiste s’est développée dans l’île, depuis le début du XIXe siècle. Jusqu’à sept Églises francophones y fonctionnèrent mais, hélas, celles qui ont subsisté sont devenues anglophones.

Enfin, à l’heure où la laïcité est redéfinie avec la loi « confortant le respect des principes de la république », on relira avec profit l’article (paru dans Le Lien Fraternel de janvier et février 1999) de Jacques Buchhold sur Roger William qui fut un ardent défenseur de la liberté de religion et de conscience.

Ajoutons que les illustrations (photos, dessins et tableaux, extraits de documents) abondantes rendent la lecture très agréable.


Baptisme et recommencements, Bulletin 6-2021, Société d’histoire et de documentation baptistes de France, 12 €.

Article paru dans :

août 2021

Rubrique :
Autour de nous
Mots-clés :
Association baptiste

Le Conseil de l'Association baptiste

CA
Article précédent
Spécial

Frédéric Buhler (1914–2007)

Jean-Marc Bellefleur
Article suivant
Article paru dans :