PAR : Anonyme

Article paru dans :
Rubrique :
Ma foi au jour le jour
Mots-clés :

Écouter l'autre, tant de choses à dire(*)

Une oreille pour écouter, dans un monde souvent occupé ou connecté… C’est ce que proposent différents services d’écoute par téléphone. Certaines de ces organisations sont d’origine chrétienne, et des chrétiens s’y engagent encore aujourd’hui. L’un d’entre eux, membre d’une Église de notre association, a accepté de témoigner, dans l’anonymat nécessaire à ce service.

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Pourriez-vous décrire ce que vous faites dans cette structure d’écoute par téléphone ?

Je ne pense pas que je fais… J’offre, comme un cadeau, un espace-temps de parole, de silence et d’échange, le temps d’une rencontre dans un moment limité, dans un cadre bienveillant. Lors de mes permanences téléphoniques « j’écoute battre le cœur de la grande ville » et je m’attends à ce que Dieu va faire de tout cela. Il y a toujours une part de mystère dans le contenu des appels et de ce qui se passera pendant ce temps. Cela ne m’appartient pas.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à vous engager dans ce service ?

Pouvoir écouter suppose d’avoir été écouté. Dieu a placé des balises sur mon parcours de vie : des personnes ont été des tuteurs pour moi et ont pris le temps de m’écouter. C’est un cadeau que le Seigneur m’a fait. À mon tour, je peux donner ce que j’ai reçu. Je sais qu’au cours de l’écoute, on reçoit aussi bien que l’on donne et j’ai confiance que le Seigneur reste présent à tout moment, même s’il n’est qu’occasionnellement nommé dans ces discussions. Il le dit à ses disciples en Mt 28.19.

Qu’avez-vous appris dans ce contexte pour votre propre vie chrétienne ?

Que Dieu est souverain et maître de toute situation, qu’il peut tout en tout temps. Nous sommes des serviteurs limités sur cette terre. En tant qu’être humain on ne peut pas faire grand-chose pour une personne en souffrance (qui pourrait être nous-mêmes), pour changer sa situation. Nous pouvons être présents, faire cadeau de cette présence et intercéder en toute humilité, ouvrir une brèche de lumière dans une vie parfois opaque. Souvent, je me vois comme Marie aux pieds de Jésus : elle était là tout simplement…

Je me dis que je suis en chemin avec celui qui a donné sa vie pour moi. Dieu me place sur le chemin de celui qui appelle, à l’écoute de ce qu’il veut bien me confier aujourd’hui. Ce chemin est fait de non-jugement et de respect, prêtant attention aux mots, sachant que celui qui est au bout du fil est différent de moi et unique pour Dieu. Et que parfois, certaines situations me dépassent …

Si vous pouviez donner un encouragement aux lecteurs et lectrices du Lien fraternel à propos de l’écoute, quel serait-il ?

Écouter, c’est l’affaire de toute une vie, on n’en finit pas d’apprendre. On n’a jamais fini d’affiner son oreille comme on n’a jamais fini de se mettre à l’écoute de Dieu et de sa Parole. Comme dit l’Ecclésiaste, « Il y a un temps pour tout » (Ec 3.1, 2-8). En l’occurrence un temps pour se taire, un autre pour se dire. Un temps pour écouter, un temps pour parler. ■

Propos recueillis par Catherine Rottiers


(*) Titre d’un livre d’Alfred Vannesse (Chronique sociale, 2008).

Article paru dans :

juin 2019

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