PAR : Léo Lehmann
Membre du comité de rédaction, pasteur, Le Cépage, Bruxelles-Ganshoren

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Nos repères
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« Il n’y a pas de Dieu », déclare la Bible (Ps 14.1). Oui, mais dans quel contexte ? Cette parole, le psaume la place dans la bouche de l’insensé. Difficile de s’y tromper ici, mais l’exemple nous alerte quant à une réalité très importante : tout propos doit être replacé dans son contexte.

Le contexte au quotidien

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« Salut tout le monde ! » n’aura pas la même connotation selon que je le prononce en rejoignant des amis ou en entrant dans la salle d’attente de mon médecin. Telle phrase d’une lettre, si elle est isolée du reste du texte qui lui donne son équilibre, peut être interprétée bien au-delà de sa portée, voire entièrement détournée. Selon les émotions que l’on prête à son auteur, ou la relation que l’on a avec lui, un même sms peut prendre des significations très différentes.

L’« ensemble des circonstances dans lesquelles s'insère un fait »

C’est ainsi que le philosophe Emmanuel Kant aurait défini le contexte. Dans le difficile exercice de la communication, l’ignorance du contexte, qu’il soit textuel, culturel, historique, relationnel ou encore émotionnel, peut être à l’origine de nombreux malentendus.

Il en va de même dans notre lecture de la Parole de Dieu : sans prêter attention au contexte, nous pourrions lui faire dire des choses qu’elle ne dit pas, et passer à côté de bon nombre de ses subtilités. Mais de quoi parle-t-on lorsque l’on parle de contexte pour le texte biblique ? Les « circonstances » à prendre en compte peuvent se regrouper en deux catégories principales.

Le contexte littéraire

Une expression s’insère dans une phrase, au sein d’un paragraphe qui appartient à une section, dans un chapitre au sein d’un livre biblique, lequel fait partie d’un ensemble littéraire (Pentateuque, prophètes, livres historiques, lettres, etc.) qui s’insère dans le contexte général de l’Écriture, que l’on appelle parfois le contexte canonique.

Au niveau le plus basique, il s’agit d’être informé du sens des mots (à l’époque du texte et aujourd’hui) et des règles élémentaires de la grammaire et de la syntaxe pour bien articuler et comprendre la phrase dans tous ses aspects. Puis, en structurant le passage dont on a examiné les diverses composantes, se construit une compréhension plus large du propos. À tous les échelons, on prête attention à ce qui précède et à ce qui suit, et l’on élargit sans cesse le nombre des données que l’on prend en compte.

Prenons l’exemple des amis de Job. Leurs discours occupent une très grande partie du livre en question, et l’on pourrait être tenté d’y emprunter l’une ou l’autre pensée qui ferait écho à la sagesse des Psaumes ou des Proverbes. Mais si l’on lit l’ensemble du livre, il apparaîtra que le Seigneur condamne en fait les « sages » paroles des amis du malheureux (Job 42.7-10). Faut-il alors tout rejeter de leurs propos ? Il y a là aussi peut-être une question de contexte : une affirmation peut être juste dans un contexte, et trompeuse dans un autre.

Le texte biblique fourmille de parallèles, d’échos internes, de compléments, d’équilibrages mutuels. Notre lecture risque d’être superficielle si nous sommes aveugles à cette « intertextualité ». Piocher un verset ici ou là et l’interpréter sans référence à une théologie biblique globale, même si elle est en chantier permanent, ne fait guère sens.

image, et qu’est-ce qui était contraire aux habitudes (par exemple qu’un rabbi juif parle à une femme samaritaine) ? Ce qui nous étonne n’étonnait peut-être pas les premiers lecteurs, et ce qui nous paraît tout naturel ne l’était pas forcément à l’époque.

Il y a là d’innombrables découvertes à faire. Mais le jeu en vaut la chandelle : au fur et à mesure de nos recherches, le texte biblique gagne en épaisseur, en couleurs, en textures, en sonorités, et nous percevons mieux la vie qui s’en dégage.

Et notre contexte ?

À propos de contexte, nous avons tous fait cette expérience en lisant l’Écriture : tel passage qui nous paraissait un jour de peu de relief prend soudain des contours insoupçonnés à la lumière d’une situation de vie que nous traversons. Nos circonstances peuvent éclairer certains textes bibliques. Merci Seigneur pour ce que nous pouvons ainsi apprendre. Mais restons prudents : ce contexte subjectif ne doit pas dominer notre interprétation de l’Écriture. Les données objectives du texte et de son environnement ont la priorité. Il nous faut donc toujours revenir à cette question : dans quel contexte ?

Article paru dans :

décembre 2020

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