Le combat spirituel
Une réalité biblique, historique et pastorale pour l’Église d’aujourd’hui. Voici le résumé d’un atelier de notre pastorale 2025 sur le thème de la prière.
Du concept au choc de réalité !
Lorsque Matthieu Sanders m’a proposé d’animer un atelier sur la prière ou sur le combat spirituel pour la pastorale d’Évian 2025, mon choix a été immédiat : le combat spirituel. Non pas parce que je me considère comme un expert du sujet, bien au contraire, mais parce que c’est dans ce domaine que ma foi a été la plus fortement secouée, puis affermie.
J’ai grandi dans une famille chrétienne où le culte personnel était au cœur du quotidien. Mon père, pasteur de l’Église de Pontault-Combault, se levait très tôt pour prier, et la prière collective faisait partie de la vie de notre communauté. Des semaines de jeûne, des soirées de prières, des réponses visibles de Dieu. J’étais convaincu de l’efficacité de la prière. Mais dans mon esprit, le combat spirituel se résumait à une lutte contre le péché, les tentations, la chair. En bon chrétien occidental, je comprenais ce combat comme intérieur, moral et personnel.
Tout a changé lors de mon séjour en Côte d’Ivoire, où j’ai été missionnaire pendant dix ans, non loin de la frontière du Mali. En mission sur le terrain, j’ai vécu une semaine que j’appelle aujourd’hui « la semaine de la peur ». Femme possédée, autre femme rendue muette, délivrance du propriétaire de ma maison… Je n’avais jamais été confronté à ce type de manifestations spirituelles. Je savais que le diable existait, mais c’était une idée abstraite, pas une réalité tangible. Ce choc spirituel m’a fait prendre conscience que je n’étais pas préparé. Comme le dit Mike Tyson : « Tout le monde a un plan jusqu’à ce qu’il se prenne un coup de poing dans la tête. »
Il a fallu des très, très, très longs moments de prière avant de venir à bout des oppressions démoniaques. J’ai été effrayé par la violence du combat et l’horreur de l’ennemi. J’ai été bouleversé par ma sous-estimation de la prière et par le fait que je ne savais pas combattre dans la prière ni persévérer pendant des heures. J’ai compris que la prière n’était pas seulement un moyen de transformation intérieure. Même si elle n’est pas explicitement citée comme une partie de l’armure du chrétien dans Éphésiens 6, elle est néanmoins indispensable dans le combat spirituel. En effet, Paul conclut son exhortation sur l’armure spirituelle en disant : « Faites-en tout temps par l’Esprit toutes sortes de prières et de supplications. Veillez à cela avec une entière persévérance, et priez pour tous les saints. » (Ép 6.18). La prière est une arme puissante dans un combat spirituel réel, invisible, mais aux conséquences visibles. J’ai été bouleversé. Mon mode de prière a changé, sa durée aussi sa nature surtout.
La citation de Martin Lloyd-Jones a alors pris tout son sens dans ma vie : « Si vous croyez vraiment qu'il suffit de lire quelques versets, de les commenter brièvement en cinq minutes et d’avoir un bref mot de prière pour remplir votre journée, alors je vous dis que vous ne savez rien des ruses des forces démoniaques(1). »
Quand j’ai commencé à parler de cette réalité à mon retour en France, certains m’ont reproché de m’appuyer trop sur mon expérience. Ils m’ont opposé des arguments rationnels. Cela m’a déstabilisé, je l’avoue. Mais ma femme m’a répondu par ce proverbe ivoirien : « Celui qui a vu le lion et celui qui a seulement entendu son cri n’ont pas la même manière de courir. » Je suis d’accord avec le fait que l’expérience ne crée pas la doctrine, c’est vrai, mais elle est digne d’être écoutée pour autant qu’elle ne contredise par les Écritures, comme l’indique Henri Blocher : « Le manque de preuve biblique ne suffit pas non plus à condamner une opinion qu’accrédite l’expérience, si elle ne contredit rien de l’Écriture(2). » C’est pourquoi j’ai choisi de creuser ce sujet en profondeur, à la lumière des Écritures et de l’histoire de l’Église, pour la pastorale d’Évian 2025.
(1) Martin Lloyd-Jones, Christian Warfare : An Exposition of Ephesians 6.10 to 13 (The Banner of Truth Trust, 1976, p.153).
(2) Henri Blocher, Fac-Réflexion (juin 1995), « Démonologie », p. 29.
Cet article est un résumé de l'intervention de B. Short à la pastorale. Le texte complet est disponible ici