PAR : Thierry Huser
Président du conseil de l’Association, pasteur, Église de La Bonne Nouvelle, Colmar

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Point de vue
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Chère liberté, je t’écris comme à une amie fidèle, infiniment appréciée. Au fil de ma route, j’ai appris à te connaître, à te respecter. J’aime accueillir les éclaboussures soudaines de joie que tu sais si bien créer, et savourer les moments délicieux où tout s’allonge et se fait simple parce que tu es là. Je reconnais que, pour que tu apportes tes saveurs, il faut prendre soin de toi, te préserver des espaces, te protéger des envahissements. Il arrive aussi que tu demandes, pour apporter ton souffle et ta fraîcheur, que j’engage ma volonté et mes efforts. Je te sais forte comme un vent de grandes voiles. Je te sais aussi délicate, vulnérable et fragile : trop souvent, on t’utilise à de mauvaises fins, on te récupère, on te piétine. Mais tu renais toujours, comme aspiration irréductible, comme conquête à réaliser, comme horizon vers lequel marcher. Je reconnais volontiers que ta compagnie et ton souffle me sont indispensables.

Chère liberté, je t’écris comme à une amie dont j’ai éprouvé, soudain, la douleur de l’absence. J’ai été confiné. Je sais, il le fallait. Je ne pouvais plus savourer de larges espaces avec toi. J’ai dû abandonner des projets que nous avions ensemble. Chaque rendez-vous avec toi était contingenté à un périmètre, soumis à un horaire, et devait être déclaré. J’ai accepté tout cela, en attendant des jours meilleurs. J’ai essayé de préserver le souvenir de ton visage dans l’espace réduit qui restait alloué. Pourtant, je le reconnais, à force de réductions et de limitations, il m’était devenu difficile de me projeter comme avant, avec toi. Mes ailes étaient coupées. J’en suis arrivé à me demander si je ne devenais pas comme un oiseau apprivoisé, goûtant les conforts de sa cage mais oubliant les grands espaces du ciel.

Chère liberté, on nous a dit que nous pouvions reprendre notre envol. On nous a invités à la modération, à la responsabilité. J’ai retrouvé le bonheur des espaces, et la nature, si belle ! Autour de moi, certains brandissent ton nom pour braver toutes les prudences tandis que d’autres semblent avoir pris goût aux conforts de leur cage.

Chère liberté, nous avons besoin que tu nous animes et que tu nous enflammes à nouveau. Ouvre nos ailes ! Ouvre nos cœurs ! Fortifie en nous la volonté de saisir tous les espaces qui nous sont donnés, avec les limitations qu’il nous faut respecter. Garde-nous d’être inconsidérés mais rends-nous forts à nouveau, pour affronter, pour reprendre le chemin, pour désirer du neuf.

Chère liberté, nous avons besoin de toi… ■

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août 2020

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