Baptisme et arts

Alors que le prochain bulletin de la Société d’histoire et de documentation baptistes de France (SHDBF) est en préparation, il est temps de vous présenter celui de 2024.
La SHDBF, qui célèbre ses vingt-cinq ans en 2025, a pour mission de rassembler, préserver les traces de l’identité baptiste (archives d’Églises, généalogies, correspondances) et d’encourager la recherche historique. Depuis sa création, elle édite un bulletin dont la parution est désormais annuelle. Lors de notre dernière assemblée générale, Paul Bourdois, notre nouveau président, nous a rappelé que faire de l’histoire est un devoir. Commentant les versets 3 et 4 du Psaume 78, il déclare : « Nous ne faisons pas ce travail d’histoire pour la nostalgie ou la simple érudition, mais parce que nous avons une mission. Nous voulons que les générations futures connaissent la fidélité de Dieu, voient comment il a conduit son peuple et soient encouragées à marcher dans ses voies. »
Le numéro 9, fait notable, est en couleur, titre oblige : Baptisme et arts. Vous découvrirez que les baptistes apportent leur contribution dans l’art. Ainsi en est-il de Bernard Dunand (1908–1998), artiste laqueur dont la notoriété a dépassé nos milieux. Avec son père, il fut l’un des décorateurs du paquebot Normandie. Il fut très engagé dans l’Église de l’avenue du Maine à Paris et plusieurs de ses œuvres expriment sa fréquentation des Écritures. Sœur Marie-Christine de Jong, diaconesse de Reuilly, baptiste, est également peintre. C’est pour elle un approfondissement de sa vocation. Elle peint en priant et méditant. Les commentaires des expositions qui figurent dans son livre d’or témoignent que ses œuvres sont inspirantes. Outre-Manche, vous ferez la connaissance de Thomas Sheraton (1751—1806), dessinateur de meubles. Il consacra beaucoup de son temps à l’élaboration de livres de dessins que les autres ébénistes, influencés par son travail, utilisèrent abondamment. Sa renommée se répandit dans toute l’Europe. Il ne se contenta pas de son art, mais rédigea aussi des traités de théologie et fut consacré pasteur dans la petite Église baptiste de sa ville natale.
Le bulletin réserve plusieurs textes à la littérature. Beaucoup d’entre vous connaissent sans doute l’auteur de best-seller, John Grisham. Savez-vous que c’est un baptiste engagé et que son œuvre reflète sa spiritualité ? José Loncke analyse deux de ses œuvres, Le testament et Le couloir de la mort, en relevant les passages qui rappellent sa foi.
L’Association baptiste a compté (au moins) un poète en son sein en la personne de Guy Appéré (1923–2014). Trois de ses poèmes, tirés de son recueil Jaillissements, saisissements, précédés d’une brève notice biographique rédigée par sa fille, figurent dans ce bulletin. La Fédération baptiste n’est pas en reste avec le romancier, nouvelliste et pasteur que fut Robert Farelly. Le bulletin vous offre les bonnes pages du mémoire de maîtrise que Lionel Minard lui a consacré. Son œuvre est abondante et variée. Plusieurs de ses livres firent la joie des enfants des Écoles du dimanche.
La musique vient en bonne place avec Fanny Crosby, oubliée, qui écrivit et composa pourtant plus de deux mille cantiques dont certains sont encore chantés de nos jours. Aveugle, enseignante, voyageuse infatigable, elle contribua de façon significative à l’hymnologie baptiste. Plus connue est Jessye Norman, qui chanta « La Marseillaise » lors de la cérémonie du bicentenaire de la Révolution française. Cette merveilleuse cantatrice, originaire du Sud des États-Unis, fit de sa voix son mode expression. Elle fut victime de la ségrégation raciale, mais parvint à se faire connaître grâce à ses talents. Elle s’engagea dans la lutte pour les droits civiques et témoigna de sa foi, grâce à son art. Une très intéressante contribution suit ces présentations biographiques avec le texte d’une conférence de Stuart Ludbrook, dont le titre, « Les Mutations de l’hymnologie baptiste (1953–2023), “De l’Hymne sandwich” à la “Croque-Madame” » vous donnera envie de le découvrir !
Autre conférence hors du thème : celle d’Antoine Alexandre qui nous présente les liens entre Edmond Mast et la première mission pentecôtiste. Les baptistes ont eu leur rôle à jouer.
Le bulletin se termine par trois recensions : Raoul Allier (1862–1939) de Daniel Reivax, figure marquante du protestantisme français au moment de la loi de Séparation de l’Église et de l’État ; Raconte-moi l’Église de Eddy Nisus, un parcours en cent-sept pages sur l’histoire du christianisme. Un exploit ! Enfin, Quand la Réforme entre en Cène de Paul Sanders où l’auteur présente les conflits intra-protestants du XVIe siècle.
Voilà de quoi occuper vos soirées.
Baptisme et arts, Bulletin 9 (2024) de la Société d’histoire et de documentation baptistes de France, 16 €.