PAR : Léo Lehmann
Membre du comité de rédaction, Communauté chrétienne de Bruxelles-Stockel

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Point de vue
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Le titre d’une bande dessinée de la bibliothèque de notre village a attiré ma curiosité : Chroniques de Jérusalem. En 2008, le dessinateur Guy Delisle se retrouve parachuté pour un an en Terre sainte, aux côtés de son épouse engagée pour Médecins sans frontières. Tout en s’occupant de ses enfants, il visite la région et retranscrit en croquis ce qu’il observe.

Il en résulte un portrait plein d’humanité des habitants de cette terre, qu’ils soient juifs, musulmans, chrétiens ou non-croyants, avec leurs beautés et leurs errances. Au milieu des discours de haine entendus ces derniers mois, ce regard est une véritable cure d’assainissement ! Il me rappelle ce qui a été tant de fois oublié par les polémistes de tous bords : ce que l’on trouve avant tout en Israël, à Gaza ou en Cisjordanie, ce sont des hommes, des femmes et des enfants qui essayent tant bien que mal de mener leur vie dans l’une des régions les plus complexes au monde. La plupart aujourd’hui n’ont d’ailleurs pas choisi de vivre dans cette situation : ils y sont simplement nés.

Ce regard nous ramène à leur humanité, mais il rend aussi d’autant plus douloureux un certain nombre de propos entendus autour de la guerre à Gaza. Qu’elles soient musulmanes, juives ou chrétiennes, comment nommer ces idéologies par lesquelles on continue à nier le droit à l’existence de telle ou telle partie des habitants de la Terre sainte ? Au service de qui sont ceux qui, au nom d’un supposé droit ancestral à la terre, de l’expansion de leur foi, d’une sombre vengeance ou encore de projets messianiques, continuent à agiter les peuples les uns contre les autres ?

La chose m’effraie d’autant plus lorsqu’elle provient de personnes se décrivant comme chrétiennes. C’est vrai, on me l’a rappelé : l’Écriture nous parle d’un temps lointain où Dieu ordonna de passer au fil de l’épée toute une population pour que son peuple puisse s’installer dans le pays promis. Pourtant, comment Jésus peut-il être marginalisé au point que certains frères et sœurs en soient restés là ?

Que ce soit ici ou en Terre sainte, notre Seigneur n’est pas venu pour nous permettre d’établir d’en haut ou par la violence un royaume qui satisfasse nos ambitions contradictoires. Un peu comme les croquis dont je vous parlais, Jésus est venu à notre hauteur. Pendant près de trente ans, il a partagé les joies et les misères d’êtres humains bien réels. Il s’est tenu à leurs côtés. Il est venu nous montrer ce que c’est que d’aimer, tout au long du chemin, jusqu’à la Croix.

En lui, les solutions à nos problèmes, quels qu’ils soient, ne peuvent faire l’impasse sur l’humanité de l’autre. Nous sommes les disciples d’un Dieu qui a aimé toute l’humanité, Juifs et Arabes compris. Puissions-nous encore apprendre à aimer comme il aime, à hauteur de croquis.

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février 2024

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