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Association baptiste
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Le Lien fraternel poursuit sa série de portraits de personnes qui ont compté, et comptent encore, dans l’Association baptiste, toujours dans le cadre de son centenaire.

Le Lien fraternel. Etienne, votre père a été pasteur de l’Église baptiste de Valentigney. Cela a-t-il influencé votre propre vocation pastorale ?

Étienne Grosrenaud. Mon père et ma mère m’ont énormément apporté spirituellement, et à tous égards. Cependant, ni l’un ni l’autre ne m’a parlé du ministère pastoral avant que je leur confie mon projet d’études en théologie, à la fin de mes études d’ingénieur. Ils ne voulaient pas que cela viennent d’eux. C’était probablement sage. Ils m’ont néanmoins influencé. Évidemment. J’ai été marqué par leur joie au service du meilleur des Maîtres. J’ai vu papa dans des jours difficiles, je l’ai vu pleurer au milieu de certaines douleurs du ministère. Je l’ai surtout vu profondément heureux d’être « ouvrier dans la moisson » de notre Dieu et Sauveur. Quant à maman, elle m’a enseigné comme nul autre, par sa vie, la confiance en un grand Dieu, bon et souverain. Elle qui avait « donné à Dieu » ce nourrisson pour qui elle a prié pour qu’il reprenne vie. Mais ici encore, elle n’a pas voulu m’influencer : elle ne m’a appris cela que quelques heures avant mon départ au Canada pour trois années de formation théologique, alors que je bouclais ma valise. Beau cadeau de départ pour une grande aventure. Mes parents ont donc laissé les lectures bibliques, mon engagement dans l’Église locale, divers entretiens et un temps de prière décisif dans une forêt des Cévennes, confirmer mon appel au ministère pastoral.

portrait Étienne Grosrenaud

Vous avez commencé votre ministère pastoral à Montpellier. Quelle avait été votre formation ? Quels ont été vos différents postes jusqu’à aujourd’hui ?

À la fin de mes études en théologie, j’ai reçu un appel de la part de l’Église de Montpellier qui était sans pasteur depuis quelques années. Elle m’avait accueilli pendant mon année d’armée entre mes études à Paris et mes études en théologie au Canada, au Toronto Baptist Seminary. Elle m’a vu partir au séminaire en me demandant de ne pas l’oublier. C’est ainsi que j’ai commencé mon ministère en 1987, dans le sud de la France, au côté d’André Loverini, ancien de cette Église et figure marquante de notre Association d’Églises. Pas de cadre de stage officiel à cette époque mais André a été un formateur inoubliable. J’ai été marqué par son désir de réfléchir à la lumière des Écritures, avec une grande ouverture d’esprit et une grande soumission au texte biblique.

Son attachement à l’Association baptiste m’a aussi préparé à m’y impliquer, à côté d’autres engagements extérieurs, en particulier au sein des Groupes bibliques universitaires que j’ai présidés quelques années, de l’Alliance évangélique française et de l’Institut biblique de Genève.

Après quinze années très heureuses à Montpellier, il m’a semblé sage de passer le relais et de répondre à d’autres appels. C’est ainsi que ma famille est venue s’installer en Alsace où je suis pasteur à Mulhouse depuis 2002. Plus récemment, j’ai répondu à une demande de l’Église baptiste d’Illkirch-Graffenstaden (Strasbourg), que je sers à temps partiel depuis 2020. Au cours de la même période, l’Église de Tramelan, sachant que j’étais prêt à rendre service à temps partiel avant ma retraite, m’a aussi adressé un appel auquel j’ai pu répondre depuis l’automne 2019.

Pouvez-vous nous expliquer comment a commencé votre engagement au sein de l’Association baptiste ? Et ce qu’il a été jusqu’à aujourd’hui ?

Après l’engagement très fort de mon père dans l’Association, entre autres comme membre du Conseil (appelé en ce temps-là « Commission administrative »), l’attachement d’André Loverini à l’AEEBLF m’a aussi préparé à répondre aux sollicitations qui sont arrivées rapidement. C’est en 1994 que j’ai rejoint le Conseil. Je suis donc clairement le plus ancien membre à ce jour, très heureux témoin de la relève actuelle après des périodes plus creuses. Au bout de quelques années de présidence, le conseil m’a proposé d’être au service des Églises en tant que « Délégué aux Églises ». Ce que j’ai accepté en 2002. Ce poste est repris depuis le 1er janvier 2022 par Nicolas Robin. Un autre passage de relais très heureux. Quelle joie de voir un de mes anciens stagiaires si bien trouver sa place au service des Églises. En effet, la participation à la formation et à l’accueil d’une vingtaine de stagiaires a été un domaine d’engagement exigeant mais très encourageant.

De quelles évolutions importantes de l’Association baptiste, et plus généralement du contexte évangélique de nos pays, avez-vous été témoin ?

Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts en trente-cinq ans. Pour l’Association baptiste, ce furent des années de croissance et d’adaptation, en particulier avec l’accueil des Églises de Paris Est et Nord qui ont enrichi nos rangs : des années de concertation et de recherche d’équilibre entre l’attachement à nos fondements et le désir de répandre l’Évangile avec de nouveaux élans et éventuellement de nouvelles formes.

Des années d’ouverture aussi, et de relations nouvelles, durant lesquelles nous avons accepté de prendre des décisions, en tant qu’union d’Églises là où, auparavant, tout était laissé au choix des Églises. Nous avons trouvé de la place pour plus d’initiatives communes au milieu de notre attachement à l’autonomie des Églises locales. C’est je pense, très heureux. Ce sont les années de notre participation à des grands événements comme « Pentecôte 2000 » et, plus marquant dans la durée, notre participation à la construction du CNEF. En janvier 2001, j’ai vécu la première rencontre qui a rassemblé bon nombre des responsables des unions d’Églises évangéliques de France dans la chapelle de Nogent-sur Marne. Ce temps de communion et de repentance pour nos disputes a marqué miraculeusement la toute première heure de ce qui allait devenir le CNEF. Je suis heureux d’y être encore bien actif vingt ans plus tard.

Quelles perspectives d’avenir imaginez-vous pour l’Association baptiste ?

Que le Seigneur nous aide à poursuivre la route avec amour et sagesse. Il faut beaucoup de sagesse pour discerner ce qui est bien et pour marcher dans le bien. Il faut beaucoup d’amour pour bien penser, pour passer des paroles aux actes et pour persévérer. Persévérons dans notre engagement pour la formation aux côtés des lieux de formation en soignant aussi l’accueil des stagiaires. Qu’un esprit d’humilité et de repentance colore toutes nos relations. Que notre zèle pour la proclamation de l’Évangile soit nourri par un grand attachement à la Parole de Dieu et par la connaissance du meilleur des Maîtres. Ma confiance est entière en lui seul !

Propos recueillis par Jean-Marc Bellefleur

Article paru dans :

mai 2022

Rubrique :
Association baptiste
Mots-clés :
À Bible ouverte

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