PAR : Léo Lehmann
Membre du comité de rédaction, Église baptiste de Bruxelles-Stockel

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Point de vue
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Me voici assis entre deux personnes que je ne connais pas. Toutes les annonces sont d’abord faites en coréen, avant que je ne puisse à peu près rattraper mon retard avec leur traduction en anglais.

Je me trouve dans un avion à destination de Séoul, en vue de participer à la quatrième édition du congrès pour l’évangélisation du monde du mouvement de Lausanne, lancé en 1974, notamment par le théologien John Stott et l’évangéliste Billy Graham. Onze heures de vol pour retrouver quelques cinq mille délégués issus du monde entier autour du désir de continuer à faire connaître l’Évangile.

À l’heure où vous lirez ces lignes, le congrès sera terminé. Nous comptons bien vous en offrir un petit écho dans notre prochain numéro. Mais pour l’instant, je suis encore en route. Et je ne sais pas vraiment ce qui m’attend. J’espère bien retrouver quelques visages connus – nous serons notamment quatre membres de l’Association baptiste sur place – mais nous risquons tous de nous sentir un peu perdus au milieu de ces marées humaines. Le nombre de cinq mille délégués paraît déjà intimidant. Pourtant, qu’est-ce au milieu d’une agglomération de près de trente millions d’habitants telle que Séoul et sa banlieue ?

Le monde est vaste. Bien plus que nous ne l’imaginons. Malgré les milliers de kilomètres que je suis en train de parcourir, les dizaines de frères et sœurs issus de tous les continents avec lesquels je pourrais interagir ces prochains jours, les diverses cultures auxquelles je serai confronté, je n’en aurai toujours qu’un tout petit aperçu. Au milieu de tout cela, notre Europe francophone est bien peu de choses. Et que dire de notre union d’Églises ? Il y a de quoi se sentir un peu déboussolé.

Et pourtant nous sommes vus, chacun individuellement. Nous savons qu’il y a un Dieu auquel n’échappe pas même un moineau qui tombe à terre. Combien moins lui échappent tous nos faits et gestes, nos allées et venues, même dans cet avion où je ne suis qu’un étranger. Chacun de nous compte à ses yeux. Il en a donné en Jésus-Christ la preuve la plus éclatante. Et il continue à prendre soin de notre humanité.

À l’heure de parler de l’évangélisation du monde, quelle pensée rassurante ! Nous y irons les uns les autres avec nos diverses théologies, nos divers parcours de foi, nos diverses cultures, nos diverses expériences de terrain… Nous en reviendrons avec des expériences très variées, des encouragements, des idées nouvelles, des frustrations peut-être aussi. Si nos horizons s’élargiront un peu, nous garderons cependant tous une vision limitée de ce dont ce monde a besoin.

Il n’est probablement pas nécessaire de traverser la planète pour cela, mais regarder à l’immensité du monde a l’avantage certain de nous ramener dans l’humilité auprès du Dieu auquel la vue d’ensemble n’échappe pas. Et si nous avons certes été appelés à proclamer et laisser rayonner Christ dans nos vies, il est en cela le premier à l’œuvre. Il sait où il nous conduit. Même quand les annonces sont en coréen.

Article paru dans :

octobre 2024

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