PAR : McTair Wall
Président de la commission « Églises sans frontières », pasteur associé, Église protestante baptiste de Noisy-le-Grand

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Dans la mentalité occidentale, la mission est largement perçue comme une initiative émanant tout d’abord de l’Ouest. Nous avons l’habitude de penser aux missionnaires qui quittaient le confort de leur monde soi-disant civilisé pour apporter l’Évangile aux païens. Cette façon de penser met l’Occident au centre de la mission et le reste du monde à la périphérie, ce qui aboutit à une conception unilatérale de la mission. Dans cette optique, le mandat missionnaire de l’Église ne concernerait que les pays lointains. Aussi, les efforts que nous déployons dans l’évangélisation et l’action sociale près de chez nous n’étaient pas forcément menés dans un esprit missionnaire.

Tchad

Aujourd’hui, le christianisme s’est mondialisé, c’est pourquoi nous ne pouvons plus penser en ces termes. On constate que l’œuvre missionnaire n’est plus le seul fait des Occidentaux, mais de l’Église mondiale, peu importe son identité culturelle et la situation socio-politico-économique des différents pays. Une étude récente montre que les pays du monde majoritaire, comme le Brésil, la Corée, l’Inde, les Philippines, le Mexique, le Nigéria et la Chine, envoient une grande partie de la force missionnaire dans le monde. Ainsi s’impose dorénavant l’idée selon laquelle la mission émane de tous les pays du monde pour se propager aux quatre coins du globe, ce que l’on appelle la mission « de partout vers partout ».

Cette évolution signifie que de multiples efforts et modèles missionnaires ont vu le jour à travers le monde aux côtés d’organismes missionnaires traditionnels. Ces mouvements missionnaires sont souvent plus simples, plus innovateurs et moins axés sur l’efficacité. Nous évoquerons, à titre d’exemple, le phénomène des « faiseurs de tentes », des « travailleurs migrants » issus de l’immigration, des « missionnaires autochtones » et des professionnels en déplacement à l’étranger pour des missions de courte durée. L’effort missionnaire est également marqué par une coopération interculturelle accrue. Cette diversité culturelle se retrouve au sein des équipes missionnaires partout dans le monde. On le voit aussi dans des partenariats stratégiques entre les Églises et sociétés missionnaires occidentales et les Églises d’Asie et des pays du Sud. Bien entendu, ces nouvelles formes d’expression et de collaborations missionnaires amènent avec elles leur lot de joie et de peine. Joie dans la prise de conscience que l’œuvre de Dieu n’est pas un phénomène occidental, mais mondial. Les difficultés majeures de la collaboration interculturelle résident souvent au niveau des moyens, de l’interculturalité et du rapport que les gens entretiennent avec l’argent.

Entraide

Ce changement de paradigme dans la mission mondialisée a des retombées importantes dans nos Églises en France. Tout d’abord, on commence à penser à la mission de l’Église à la fois dans une perspective locale et mondiale, au près et au loin. Ce qui se passe sur le plan local est aussi important que la mission à l’étranger. Il y a aussi une prise de conscience que les Églises locales et les croyants, indépendamment de leur situation, sont appelés à être en mission avec Dieu. La mission de l’Église n’est pas limitée à certains lieux, à une certaine forme d’expression, ni même à certains actes. Celle-ci peut revêtir de nombreuses formes et s’incarner partout. Nous pouvons être en mission avec Dieu à la maison, à l’école, au travail, durant nos loisirs ou lorsque nous faisons nos courses. Autrement dit, on commence à parler d’un style de vie missionnaire. De même, l’idée d’une Église missionnaire ou « missionnelle », pour reprendre un néologisme, commence à faire son chemin dans la pensée des croyants. Nous apprenons donc à penser la mission de manière mondiale et à agir sur le plan local, en ce qui concerne notre implication personnelle dans l’œuvre de Dieu. Ainsi, la dynamique qui se trouve à l’œuvre dans la notion de mission « de partout vers partout » nous encourage, en tant qu’association d’Églises, à entrer plus pleinement dans l’œuvre de Dieu, avec joie et reconnaissance. ■

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