PAR : Léo Lehmann
Membre du comité de rédaction, Église de Bruxelles-Stockel

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Point de vue
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C’était l’été dernier. J’étais assis au bord de la plage de Sainte-Marguerite-sur-Mer, un petit village de Normandie. Tout en jouant avec mon fils, mon attention est attirée par un visage familier.

La dernière fois que j’ai vu la professeure d’allemand qui a accompagné mes trois dernières années avant la faculté, elle vivait près de Genève. Je vis aujourd’hui en Belgique. Se pourrait-il que nos chemins se croisent ici, sur cette petite plage normande ? Après quelques hésitations, je m’approche. Elle me reconnaît aussitôt. Et nous voici assis sur la plage à échanger des nouvelles des douze années passées.

Très vite, nous reprenons certaines discussions autrefois interrompues…

Comme toute bonne littérature, la littérature germanophone que nous étudiions à l’époque laissait de quoi méditer sur notre humanité et ses défis. Cependant, certains de ses auteurs parlent d’une position particulière. Que ce soit par les horreurs du troisième Reich ou leurs prémices, ou face à celles du communisme, beaucoup ont été très directement aux prises avec le fléau totalitaire qui a ravagé l’Europe sous diverses formes au XXe siècle. Mais les discussions au sein de notre classe d’allemand nous révélaient de bien des manières comment il ne s’agissait, dans cette histoire allemande, que de certaines des manifestations les plus évidentes, ainsi rendues propices à l’étude, d’un mal qui s’insinue sans cesse dans la vie de l’humanité, dans toutes nos sociétés.

Amour du pouvoir, volonté de contrôle, de puissance, de grandeur… Sous diverses formes, nous savons que ces folies peuvent vite s’emparer de notre propre cœur lui-même. Comme le formulent deux auteurs américains, la voie du Dragon remporte souvent plus de succès que la voie de l’Agneau. Cette rencontre m’a rappelé combien l’enseignement de cette professeure, comme sa manière de rechercher la croissance en maturité de ses élèves, aura été formateur dans la manière dont je veux aujourd’hui suivre mon Seigneur.

Mais il y a une seconde raison pour laquelle Sainte-Marguerite-sur-Mer restera dans ma mémoire. Lorsque vous êtes sur sa plage, face à la mer, et que vous regardez vers l’Est, vous verrez un étrange monument de béton dressé entre sable et galets, au pied des falaises de craie. Cette image m’a frappé dès les premiers jours de notre séjour dans la région : un ancien bunker allemand tombé de son promontoire, le coin planté dans le sol, peu à peu grignoté par les va-et-vient de la mer. Frappante mise en perspective de nos discussions !

Leurs bunkers tomberont dans la mer, et la mer les engloutira…

Alors que la guerre en Ukraine entre ce mois-ci dans sa seconde année, la montée de certaines puissances a par moments de quoi effrayer, nous-mêmes et d’autres. Et pourtant, les « messies » de notre monde ne font que passer. Le souffle du Dragon finira par s’éteindre. L’Agneau, lui, triomphera.

« De leurs épées, ils forgeront des pioches, et de leurs lances, ils feront des faucilles. Il n'y aura plus d'agression d'une nation contre une autre, on ne s'exercera plus à la guerre. » (Esaïe 2.4).

Article paru dans :

février 2023

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