Trop gros pour être vrai ?
Connaissez-vous le conte de Hans Christian A dersen intitulé Les habits neufs de l’empereur ? Sin qu’il évoque de beaux habits de fête, il n’a pas gran chose à voir avec Noël… Mais il nous parle de not aptitude à reconnaître une vérité qui nous bouscul Je vous encourage à le lire ou le relire…
J’aimerais vous parler de trois vérités que not monde préfère souvent ne pas voir. Les deux pr mières vérités nous accablent, de telle sorte que nous préférons bien souvent les nier. Trop grosses, trop difficiles pour être vraies, pour que nous puissions les prendre vraiment au sérieux. Que votre lecture ne s’arrête pas là ! La troisième vérité est porteuse d’un espoir extraordinaire. Mais paradoxalement, parce qu’elle est apparue comme petite, pas plus grosse qu’un petit enfant, elle aussi est souvent trop grosse pour être crue.
Première vérité : Notre monde va mal
La première vérité est que notre monde va mal. Nous le savons bien sûr… Mais à quel point le savons-nous ? Avons-nous une idée de la profondeur de la détresse de ceux qui souffrent des épidémies ? Du désespoir de ceux qui, au Yémen par exemple, voient jour après jour leur avenir enterré sous les bombes ? Et ici, que connaissons-nous du vécu de ceux qui passeront Noël dans la rue ? Que faire pour les familles divisées, les enfants abandonnés, les couples qui se déchirent ? Nous savons tout cela, nous savons que ces choses existent, mais ce n’est pas ce que nous aimons avoir sous les yeux.
Voyons-nous le défi des inégalités dans notre monde ? Les uns peinent à trouver de la nourriture, d’autres utilisent cette nourriture pour faire rouler leur voiture. Des hommes et des femmes, riches comme pauvres, se livrent au culte de l’argent en méprisant leurs semblables qu’ils écrasent ainsi. Des régions entières sont mises à la botte du profit financier. Des populations sont exploitées pour fournir à bon marché certains produits à d’autres populations.
Ces choses-là restent en partie cachées bien sûr. Ici, des politiciens produisent des lois pour limiter les dénonciations des abus par des « lanceurs d’alerte ». Là, des entreprises emploient des armées d’avocats pour noyer la voix de ceux qui font la lumière sur leurs pratiques abjectes. Partout dans le monde, des responsables indignes sont maintenus en place parce que l’on craint de les bousculer, ou l’on craint de faire tomber en même temps qu’eux ceux qui ont permis leur maintien au pouvoir.
Dès les temps bibliques, on a fait ce constat : « J’ai tourné mes regards vers toutes les oppressions qui se pratiquent sous le soleil. Les opprimés versent des larmes et il n’y a personne pour les consoler ; la force est du côté de leurs oppresseurs, c’est pourquoi ils n’ont pas de consolateurs. » (Ecclésiaste 4.1).
À de nombreux égards, la manière dont se passe la vie de notre monde est gravissime. La marche de l’humanité est un scandale en bien des points. Oui, il y a des gens bien. Oui, il y a de très bonnes choses qui se font partout dans le monde. Mais en tant que chrétiens nous croyons que notre monde est largement corrompu, parce que le cœur de l’être humain est corrompu.
Deuxième vérité : Nous avons tous une responsabilité dans le mal
C’est la seconde vérité trop grosse pour être vraie : nous sommes participants de tout cela. Si le monde se porte mal, nous y avons chacun notre part.
Cela est vrai au niveau de nos sociétés. La prospérité de nos pays repose par exemple beaucoup sur l’abondance du pétrole : pour nos voitures, nos usines, nos avions, nos livraisons, etc. De tout cela, chacun de nous bénéficie. Mais le pétrole bon marché en abondance, il faut le trouver… Voire l’arracher à ceux qui voudraient nous le vendre trop cher, ou le vendre à d’autres. Beaucoup soupçonnent que les guerres de l’Occident en Afrique et au Moyen-Orient sont largement conditionnées par la nécessité de sécuriser l’approvisionnement en pétrole qui permet mon confort et le vôtre. En plus, cela permet de vendre des armes…
Plus de saison, les conditions de production de nombreux jouets laissent songeur. Censés faire le bonheur de nos enfants, ils ne permettent parfois qu’un bonheur très limité à ceux qui les fabriquent. Il y a fort à craindre que la consommation effrénée de fin d’année soit en partie rendue possible par l’exploitation d’êtres humains créés à l’image de Dieu.
Nous pouvons bien sûr dire que nous n’avons pas voulu tout cela, mais nous en profitons. Nous avons je crois une responsabilité dans le mal en tant que membres d’une société qui repose sur des abus. Osons-nous le voir ?
Mais nous avons aussi une part plus personnelle dans le mal au sein de ce monde. Qui ne voit pas dans son cœur les sentiments parfois ambigus qui se trament ? Qui n’a jamais blessé un autre par les paroles qui ont découlé de ces mauvais sentiments ? Qui n’a jamais fait un geste qui a heurté injustement l’autre ? Nous vivons dans un monde plein de divisions, plein de conflits qui persistent dans les familles, dans les États, dans les Églises aussi… Et bien souvent nos attitudes nous accusent.
Tout le monde préfère se dire que d’autres sont responsables : c’est à cause des riches, ou à cause des pauvres. À cause des étrangers, à cause des multinationales… À cause de mon conjoint, de mon voisin. Mais nous sommes partie prenante du monde où nous sommes, et « Non, il n’y a sur la terre point d’homme juste qui fasse le bien et qui ne pèche jamais » (Ecclésiaste 7.20).
Osons-nous reconnaître des vérités qui impliquent une responsabilité de notre part ? Des vérités qui risquent de nous mettre en difficulté, de faire apparaître nos erreurs ? Ou vivons-nous dans la crainte de nous exposer à la condamnation à cause de ces choses ?
Troisième vérité : un enfant peut tout changer
Dans le conte d’Andersen, il faut la simplicité d’un petit enfant pour dire la vérité. Un enfant qui ne craint pas pour sa réputation, qui est prêt à voir les choses comme elles sont. Mais ce n’est pas dans l’enfant de ce conte que se trouve notre espoir. C’est dans l’enfant que nous célébrons à Noël.
Avec les yeux ouverts sur les deux premières vérités, notre situation peut paraître désespérée. Notre monde va mal, et même si nous avons le désir que des choses changent, nous voyons que ce mal trouve des origines jusque dans notre propre cœur. Pire encore, la Bible nous dit que ces choses font peser sur nous la condamnation par Dieu, Créateur d’un monde qu’il a voulu bon (Rm 3.23)… Que pouvons-nous faire ? Comment changer notre propre cœur ? Nous pourrions désespérer.
Mais Noël est un message d’espoir. Pas parce que l’on s’aveugle sur l’état de notre monde. Pas parce que Noël nous ferait oublier notre propre misère. Noël est un message d’espoir à cause de l’œuvre extraordinaire que Dieu lui-même a accomplie pour nous.
« Car pour nous un enfant est né, un fils nous est donné. Et il exercera l’autorité royale, il sera appelé Merveilleux Conseiller, Dieu fort, Père à jamais et Prince de la paix. Il étendra sans fin la souveraineté et donnera la paix qui durera toujours au trône de David et à tout son royaume. Sa royauté sera solidement fondée sur le droit et sur la justice, dès à présent et pour l’éternité. Voilà ce que fera le Seigneur des armées célestes dans son ardent amour. » (Ésaïe 9.5-6).
Un enfant nous est né. Cet enfant régnera pour toujours. Cet enfant, décrit comme Dieu lui-même, Dieu fort, sera pour le monde un merveilleux conseiller, un père à jamais, un prince de la paix. Sa royauté sera solidement fondée sur le droit et la justice. Et cette royauté nouvelle venue par un enfant sera le cadeau de l’ardent amour de Dieu, le Seigneur des armées célestes. Oui, c’est dans l’intervention de Dieu lui-même que se trouve notre espérance.
Et c’est cette intervention que nous célébrons à Noël. Nous nous souvenons qu’il y a plus de deux mille ans, dans une modeste étable d’une petite ville d’Israël, un enfant est né, et que cet enfant couché dans une mangeoire était Dieu lui-même venu nous secourir, Dieu qui se met à notre hauteur pour transformer le monde. Alors que les grands de ce monde se parent de leurs plus beaux vêtements, Dieu se fait petit enfant, nu.
Cet enfant grandira, il parlera de la part de Dieu à son peuple. Le Dieu incarné manifestera personnellement son amour aux êtres humains. Cet homme divin, Jésus, à la différence de tous les autres, ne commettra aucun mal. Mais il sera cloué sur une croix, assassiné à cause de la vérité qu’il incarnait. Et c’est sur cette croix, nous dit la Bible, que cet innocent a porté à notre place le poids de nos fautes. Il a pris sur lui-même la peine que méritait notre participation au mal dans ce monde. Et il est revenu à la vie, nous offrant encore aujourd’hui le pardon et la vie. Cet homme, Jésus notre grand Dieu et Sauveur, règne dès aujourd’hui dans les cieux, et son règne viendra bientôt sur cette terre. Règne de paix, règne de justice, règne d’amour.
Cette troisième vérité est merveilleuse. Mais elle aussi est dure à accepter, à accueillir en profondeur dans nos vies. Cette vérité est humiliante. Nous ne serions pas assez bons pour changer les choses, assurer un avenir radieux à l’humanité ? Nous avons recours à des spécialistes en tous genres pour régler les problèmes de notre monde. Nous courons dans toutes sortes de sens pour échapper à nos erreurs, à nos culpabilités. Nous entretenons des dirigeants qui nous font rêver à un avenir meilleur… Et c’est un enfant devenu prophète dans un coin du Proche-Orient il y a deux mille ans qui pourrait vraiment régler les choses ?
Une chronique d’il y a deux ans méditait ainsi : « Quelle leçon, audible pour des oreilles d’aujourd’hui, tirer de la Nativité ? Évoquer un sauveur couché dans une mangeoire, associer ainsi faiblesse et espoir, c’est affirmer que ni le savoir technique, ni la maîtrise des "choses", ni a fortiori la croissance économique ne sont la clé de l’avenir et du bonheur. C’est suggérer qu’il y a parfois plus à attendre de l’humilité, de la patience et de l’écoute que de l’action immédiate, de la confiance en soi sans failles et de toutes les réalisations du monde. Comme si, pour utiliser une image, le silence de la nuit était plus prometteur que les fracas du jour… Tout le contraire du credo ambiant. »
Beaucoup ne veulent pas voir les deux premières vérités. Sans Jésus-Christ, elles sont trop effrayantes. Comment avouer sa faute si l’on ne peut pas espérer le pardon ? Mais Jésus nous offre la possibilité d’affronter la réalité de notre misère, sous son regard d’amour.
La vérité de Jésus-Christ n’est pas un appel à fermer les yeux sur les deux premières vérités, mais à les affronter avec lucidité, en recevant le pardon et l’amour de Dieu. Les affronter avec la liberté de dire la vérité même si elle ne nous plaît pas, puisque la vérité ne débouche plus sur notre condamnation devant Dieu. Les affronter et combattre sur ce terrain avec l’assurance qu’il ne nous laissera pas tomber et agira lui-même pour que triomphe son règne de paix, de justice et d’amour. En venant sur cette terre, il a accompli l’œuvre la plus exceptionnelle pour que, malgré leur participation au mal dans ce monde, tous ceux qui placent leur foi en lui puissent jouir de cette vie nouvelle qui prendra un jour sa pleine expression en présence de Dieu.
Pour pouvoir reconnaître cette vérité de Christ, il faut abandonner notre désir de faire le fier dans le monde. Reconnaître nos propres limites et nous en remettre à celui qui a pourvu à notre salut et nous donne la dignité de marcher comme fils et filles du Dieu qui instaurera un règne de paix et de justice. Quel autre espoir avez-vous si vous êtes lucides sur les deux premières vérités ?
Le jour où sera révélée la vérité
Un jour, nous a prévenus Jésus, tout sera dévoilé (Luc 12.2-3). Tout sera visible. Nos misères, nos lâchetés, ce que nous n’avons pas su faire, su dire… Mais aussi les belles choses que nous avons pu faire, ce que d’autres ont ignoré mais que Dieu a vu.
Pourtant, ce jour-là, la différence ne se fera pas entre ceux qui ont plutôt bien réussi et ceux qui ont complètement échoué, entre les gentils et les méchants. Lorsque tout paraîtra à la lumière, ce n’est pas de nos bonnes œuvres que nous pourrons nous prévaloir. La différence ce jour-là se fera entre ceux qui ont placé leur confiance en un petit enfant, et ceux qui ont cru ne pas en avoir besoin.
Les uns auront préféré s’aveugler sur l’état du monde et l’état de leur cœur, croyant pouvoir se débrouiller tout seuls. Ils se perdront. Les autres, reconnaissant la faillite morale de l’humanité et de leur propre vie, s’en seront remis à Jésus-Christ, ce petit enfant né dans une étable, Dieu venu sauver le monde. Ceux-là trouveront la vie.
Oui, la vérité n’est pas toujours facile à voir. Vérité sur soi, vérité sur l’autre, vérité sur le monde… Mais quand la vérité est trop grosse, trop difficile à admettre, regardons à ce petit enfant, et à ce qu’il est devenu. C’est dans cette simplicité, ce dépouillement, que Dieu a voulu répondre à la misère de l’humanité. C’est en lui que nous trouvons la chaleur de Noël.
Voilà l’extraordinaire nouvelle : ce petit enfant nous dit la vérité de ce que nous sommes, et de ce que Dieu a fait pour nous. Puisse l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ éclairer votre Noël de sa lumière. ■