PAR : Françoise Pillon
Membre du comité de rédaction, Église de Paris-Centre

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Jamais des jeux paralympiques n’avaient été aussi visibles ni déclenché autant d’enthousiasme. Il était réjouissant de voir ces athlètes « en situation de handicap » démontrer leurs talents malgré les obstacles qu’ils avaient dû surmonter. Il faut saluer les organisateurs qui ont permis que la fête s’étende jusqu’à ces personnes qui suscitent respect et admiration et dont la ténacité et la volonté peuvent encourager leurs semblables à se lancer dans des activités qui leur paraissaient jusqu’alors impossible à pratiquer.

Pourtant, je ne peux m’empêcher de penser que tout ceci n’a été qu’un feu de paille, comme pour se donner bonne conscience.

Certes, le handicap a été déclaré « cause nationale » en 2024 (JOP obligent ?!). Certes, il y a quelques jours, le premier G7 dédié à l’inclusion et au handicap s’est tenu à Assises. Vous étiez au courant ? Moi, non. C’est une amie italienne qui me l’a signalé après-coup. Le but de cette rencontre était de « multiplier les efforts de chaque pays en faveur de l’accessibilité universelle et de garantir à chaque personne la pleine participation à la vie civile, sociale et politique ». Pour l’occasion, un timbre a été édité et une charte rédigée, la charte de Solfagnano, dans laquelle les membres du G7 et de l’Union européenne se sont engagés à placer les droits des personnes handicapées en tête de l’agenda politique. On ne peut qu’applaudir une telle initiative. Reste à savoir comment tout cela sera décliné.

Je reste circonspecte. L’année du handicap (ONU) ne remonte-t-elle pas à 1981 sans que le progrès pour faciliter la vie des personnes handicapées saute aux yeux ! Ainsi, cet été, j’ai pu constater, en faisant la tournée de mes amis, que la plupart des gares par lesquelles je suis passée n’étaient guère accessibles, sans parler des trains. Tous les jours, à Paris, je peste (pour les autres et pour moi) devant l’absence d’escalators ou d’ascenseurs pour gagner les quais (seules quatorze pour cent des stations sont équipées). Bien sûr, des efforts notables ont été accomplis, ne serait-ce qu’avec la mise aux normes de nos bâtiments. Malgré tout, le handicapé, physique ou mental, reste quelqu’un à part, qu’on élimine même parfois avant la naissance.

Pourtant, « Dieu créa les hommes de sorte qu’ils soient à son image, oui il les créa à l’image de Dieu. Il les créa hommes et femmes. » (Gn 1,27). Ceci implique la dignité humaine. Chaque vie créée a une valeur incommensurable aux yeux de Dieu. Elle ne se mesure pas en termes matériels. Chacun est un chef d’œuvre, quels que soient son âge, son sexe, sa condition. Et Dieu ne regarde pas au « handicap » : Moïse manquait d’éloquence, Samson était aveugle, Jacob devint boiteux, Paul avait une infirmité, Zachée était semble-t-il atteint de nanisme.

J’aime particulièrement ce récit dans le chapitre 9 du deuxième livre de Samuel où nous voyons David recueillir le fils de Jonathan, Mephibosheth, alors qu’il est estropié, et l’admettre à sa table, comme un fils de roi. À aucun moment il ne fait allusion à son infirmité. Puissions-nous l’imiter.

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novembre 2024

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