PAR : Léo Lehmann
Membre du comité de rédaction, Église de Bruxelles-Stockel

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Point de vue
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Mon épouse, Lydia, est enceinte et nous venons d’assister à la seconde échographie. Ce qui autrefois restait caché pendant neuf mois se révèle ainsi déjà sous nos yeux : un être humain en formation. Il (ou elle) mesure à peine quelques centimètres mais, déjà, ses membres et ses organes sont bien visibles. Nous l’avons vu battre des jambes, agiter sa main, tressauter même.

Quelles merveilles se dévoilent ! À partir de presque rien, Dieu crée du nouveau. Un être qui grandit, se développe. Un être à notre ressemblance mais qui, comme notre fils de trois ans en montre déjà les signes, fera aussi son propre chemin. Miracle sans cesse renouvelé de la vie qui se propage, s’enrichit ! Quelle grâce nous est faite de pouvoir y prendre part !

Pourtant, quels paradoxes dans le regard que notre monde porte aujourd’hui sur cette réalité ! Tandis que certains désespèrent de voir se réaliser un désir d’enfant, d’autres rêvent d’une vie de couple sans devoir envisager de devenir parents. Pendant qu’éthiciens et politiciens débattent sur la nature de cette vie en développement et des délais et conditions dans lesquels il serait encore raisonnable d’y mettre fin, certains publicitaires ont déjà tranché et le soutiennent à grand renfort d’extraordinaires images de développement intra-utérin : dès le premier instant, cette vie est une merveille qu’il nous faut absolument soutenir à l’aide de leurs produits !

Dans tout cela, cette vie en devenir se trouverait parfois bien vite réduite au projet, ou à l’absence de projet, des adultes dont elle soutiendra ou contrariera les programmes. Dans les discussions sur la nature de la vie du fœtus, l’idée de « projet parental » a d’ailleurs pris une importance certaine.

La notion est intéressante, cependant il me paraît nécessaire d’élargir le champ. Cette vie qui se développe ne nous appartient pas. Ce n’est que secondairement que nous en sommes « parents ». Elle ne peut se résumer à ce que nous-mêmes projetons sur elle.

Face à des photos datant d’avant sa naissance, mon fils me demande parfois où il était à ce moment-là. Je ne sais pas de quelle manière il peut aujourd’hui l’interpréter, mais la réponse m’est apparue comme une évidence : « Dans la pensée de Dieu. » D’une certaine manière, la vie de nos enfants nous a précédés. C’est un autre Père qui décide de nous les confier avec les joies, les aléas ou même les drames que connaîtra cette vie qui leur est donnée.

N'y a-t-il pas là une merveille plus extraordinaire encore ? Parents ou enfants, le sens de notre vie ne se trouve pas en nous, avec toutes nos défaillances et nos incertitudes. Il nous est donné par le Dieu qui nous a aimés jusqu’à sacrifier sa vie pour nous. Ce Dieu se veut Père pour chacun, quelle que soit sa condition.

Ce « projet parental-là » surpasse tous les autres ! Et que nous fassions ou non un jour l’expérience de la parentalité biologique, ce projet de Dieu nous ouvre tous à ce qui pourrait aussi être une autre forme de parentalité, plus profonde encore : vivre et perpétuer pour nous-mêmes et nos semblables la grâce de cette extraordinaire parentalité de Dieu !

Article paru dans :

juin 2023

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