Les personnes transgenres
« Quand vous rencontrez une personne transgenre, vous pouvez conclure que vous avez rencontré une personne transgenre. Pas plus. Il n’y a pas deux expériences identiques(*). »
Il nous faut être très humbles quand nous abordons ce sujet et toujours nous rappeler que nous parlons de personnes créées à l’image de Dieu.
Qu’entend-on par transgenre ou trans ?
Le terme transgenre existe depuis 1971 et celui de trans depuis 1996. Les personnes transgenres ressentent ce qu’on appelle la dysphorie de genre : elles éprouvent un mal-être en raison d’un décalage entre leur sexe biologique et leur identité de genre. Autrement dit, les personnes transgenres ne s’identifient pas à leur sexe de naissance.
À l’heure actuelle, on ne sait pas d’où vient la dysphorie de genre et il n’y a pas de critère de diagnostic précis. D’après certaines statistiques, un homme sur dix mille et une femme sur trente mille seraient concernés. Et comme les enfants prennent conscience de leur genre entre deux et quatre ans, cela signifie que la dysphorie de genre peut être ressentie dès l’enfance.
La Bible parle-t-elle des trans ?
On ne peut pas dire que les personnes transgenres soient clairement évoquées dans la Bible.
Dt 22.5 évoque le travestissement, c’est-à-dire des hommes ou des femmes qui se déguisent pour revêtir l’apparence du sexe opposé. La Loi de Moïse condamne cette pratique car elle entretient une confusion des genres. Les recommandations de Paul en 1Co 11 concernant le voile ou les cheveux longs vont dans le même sens. L’homme et la femme sont appelés à assumer l’identité sexuelle que le créateur leur a donnée. Cela se fait avec des codes culturels différents selon l’époque, notamment dans le domaine vestimentaire. Par exemple, en France, au temps de Louis XIV, les hommes portaient de façon tout-à-fait habituelle des robes et des bas.
En 1Co 6.9, il est question d’hommes efféminés. Certains y voient les travestis mentionnés en Dt 22.5, d’autres une stratégie de séduction pour des hommes homosexuels, ce qui relève de la conjecture. Dans tous les cas, il n’est pas question de personnes trans.
D’autres textes nous parlent des eunuques. Un des sens de ce terme désigne un homme castré ou impuissant. De tels hommes ne devaient pas participer au culte dans le Temple (Dt 23.2). Cela ne signifie pas qu’ils ne pouvaient pas bénéficier du salut (Es 56.4-5). En Mt 19.12, Jésus mentionne les eunuques de naissance (qui souffrent d’une incapacité sexuelle dont les personnes intersexuées, appelées aussi androgynes), ceux qui le sont devenus (par accident ou par la volonté d’un maître) et les eunuques spirituels (ceux qui font vœu de chasteté dans le cadre d’un célibat pour un ministère spécifique). On ne peut donc pas assimiler les eunuques aux personnes trans.
Cela dit, même si aucun texte biblique ne fait allusion à des personnes transgenres, nous pouvons tout de même comprendre la dysphorie de genre, dans une perspective chrétienne, comme faisant partie de la complexité de la vie dans un monde déchu. La comparaison avec des personnes malades de naissance est inappropriée car les personnes transgenres ressentent un mal-être identitaire et non physique.
Nous pouvons également affirmer que la vision biblique est clairement binaire sur la question du genre. Gn 1.27 envisage, avant la chute, deux genres : le masculin et le féminin.
Comment réagir ?
Tout d’abord, il nous faut accueillir chaque personne, sans la réduire à son identité sexuelle. Elle a des origines, une histoire, un caractère, des capacités, etc. C'est là une preuve d'amour. Réduire la personne trans à cet aspect de sa personnalité, pourrait être une forme de condescendance, y compris quand il y a de la souffrance vécue.
Nous devons apprendre à écouter, simplement écouter. Cela pourra nous permettre de compatir si des souffrances sont exprimées. Ces dernières peuvent être très profondes, pour la personne elle-même mais aussi le conjoint, l’entourage, notamment les parents et les frères et sœurs. L’Évangile nous invite à pleurer avec ceux qui pleurent.
Cela dit, ne faisons pas l’économie de penser de façon critique. Les idéologies qui affirment que la perception mentale de soi en matière d’identité sexuelle transcende les données biologiques (théorie du genre, théorie queer) sont anti-chrétiennes. Le slogan : « Nous pouvons être tout ce que nous choisissons d’être ! » n’est pas une pensée chrétienne et fondée sur la Bible !
Le chrétien comme l’Église doit pouvoir manifester sa compassion tout en exprimant ses préoccupations. Que Dieu nous donne sa sagesse !
Enfin, pour finir de façon positive, je soulignerais que, dans la foi chrétienne, ne nous enferme pas dans des conceptions étroites du genre. Au contraire, une grande latitude et liberté nous sont laissées quant à la manière d'être un homme ou une femme. Alors soyons des communautés accueillantes, sachant, autant que possible, répondre aux besoins relationnels de chacun et dans lesquelles les différentes quêtes, qu’elles soient identitaires ou non, puissent trouver l’Évangile de paix.
(*) Anonyme