PAR : Jean-Marc Bellefleur
Membre du comité de rédaction, pasteur, Église de La Bonne Nouvelle, Mulhouse, Église La Bonne Nouvelle, Saint-Louis

Article paru dans :
Rubrique :
Société
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Ah ! Ces « gestes barrière ». La pandémie actuelle nous contraint à de nouvelles pratiques. Les gestes barrière, outre le port du masque et la distance, consistent surtout à ne pas en faire d’autres : poignée de main, bise, accolade. Dont acte, il ne faut pas plaisanter avec la pandémie.

geste d'amitié

Que deviennent alors nos retrouvailles sans leurs accolades – surtout après le confinement – nos bises et nos poignées de mains bien fraternelles ? Celles par lesquelles nous exprimons notre fraternité les uns aux autres ? Même Paul recommandait la bise aux chrétiens de Rome ! « Saluez-vous les uns les autres en vous embrassant comme des frères et sœurs chrétiens. » (Rm 16.16, Parole de Vie).

Allons-nous ainsi verser dans une relation distante, plate, froide, sans expression ? Ne pas prendre le temps de serrer la main, ne pas nous arrêter un instant pour faire la bise, c’est un peu comme s’il régnait un genre d’indifférence entre nous, comme si la relation n’était vécue qu’à moitié.

Dans notre culture, se saluer sans contact physique apparaît comme incomplet. Refuser un contact lors d’une salutation est même une offense. Pourtant, les Asiatiques, par exemple, se passent très bien de ces contacts, les évitent plutôt. Leur salutation consiste à s’incliner légèrement en direction de la personne saluée, qui fait de même.

Autrement dit, il nous faut inventer une salutation ecclésiale qui exprime pleinement notre fraternité sans enfreindre les règles sanitaires. Cette recherche concerne d’ailleurs nos sociétés entières, où l’on pratique poignée de main et bise aussi.

J’ai vu apparaître plusieurs tentatives de retrouver ce fameux contact physique : le contact du pied, mais c’est un peu laborieux et pas vraiment pris au sérieux ; le toucher du poing serré, mais le risque est sans doute trop proche de la poignée de main ; le contact du coude, plutôt familier. Et comme salutations sans contact et, cette fois, à la bonne distance : l’inclinaison du corps, peut-être avec la main sur le cœur ; ou encore un salut en levant la main vers la personne. Tiens ! J’y pense : le salut militaire, sans contact, pourrait aussi nous inspirer.

Ces tâtonnements – si je puis dire – témoignent de notre besoin de redéfinir les codes pour que nos salutations demeurent car ce sont des petits moments importants. Nous prenons l’autre en compte, nous marquons notre satisfaction qu’il ou elle soit là, nous lui glissons un mot d’encouragement. Tout cela peut très bien se faire sans deux, trois ou quatre bise, commençant par la gauche ou par la droite suivant les régions, sans poignée de mains, sans accolade.

Ce qui compte, c’est que l’absence de contacts ne donne pas lieu à une absence de salutations. Et nous verrons où nous en serons dans quelques mois, quels gestes auront pris place lors de nos sorties de culte. Ce qui compte, c’est que nous exprimions et ressentions toujours l'amour fraternel, même derrière nos masques. ■

Article paru dans :

août 2020

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