Mais de quoi parle-t-on ?
Depuis des mois, voire des années, les hommes et les femmes politiques, les journalistes, les analystes et autres commentateurs convoquent à l’envi les « valeurs de la République » sans jamais préciser ce que sont ces valeurs. Cette antienne clôt souvent les débats ; après cela, il n’y a plus rien à dire. Cela m’agace prodigieusement. D’abord parce qu’il est question de la République comme s’il y en avait une seule ou que toutes celles qui existent suivent le même modèle, proclament les mêmes « valeurs ». Pourtant, je doute qu’on puisse trouver un quelconque point commun entre feue la République démocratique allemande, la République démocratique du Congo, et la République de la France. Évoquerla République renvoie à quelque chose d’abstrait, d’absolu, à un concept sans que l’on sache vraiment ce que ce terme revêt. La qualifier de République française (ce que fait rarement le texte de notre constitution qui s’en tient à La République) serait certainement plus parlant pour nos concitoyens qui pourraient se sentir appartenir à un même groupement, leur pays.
Ensuite, le mot valeur m’a longtemps heurtée. Jusqu’il y a peu, il se référait, selon moi, à ce qui est changeant, ce sur quoi on ne peut pas compter. Et puis, j’ai découvert que « valeur » trouve son origine dans la bravoure, la hardiesse, ce qui a donné « valeureux ». Alors là, d’accord.
J’ai poursuivi ma petite enquête pour savoir ce que l’on désigne par « les valeurs de la République » que nous sommes censés connaître. J’aurais parié sur « démocratie », « laïcité », etc. Non, ça, ce sont les principes qui fondent notre République. Ses valeurs, elles se trouvent tout simplement dans notre devise : « Liberté, Égalité, Fraternité ». Les rappeler régulièrement permettrait à tous de comprendre ce qui nous unit ou devrait nous unir, quel est l’idéal à atteindre.
Cette devise a manifestement des racines bibliques – ce que nieraient sans doute les tenants d’une stricte laïcité – même si le sens des termes utilisés diffère selon les registres.
Et pourtant, on les rencontre tous les trois (ou leurs dérivés) tout au long de la Bible. Dieu délivre le peuple de l’esclavage et de l’exil ; Jésus nous libère du péché et déclare que la liberté nous rend libres (Jn 8.31-42). Par ailleurs, tous les hommes et les femmes étant créés à l’image de Dieu, ils sont égaux : devant Dieu et entre eux. Égaux en dignité puis, après la chute, égaux en misère : « tous ont péché » (Rm 3.23). Égaux devant la rédemption, leur salut ne dépendant pas d’eux, de ce qu’ils sont ou font. Enfin, fils et filles du même père qui nous a adoptés en Jésus, nous sommes frères et sœurs et, par conséquent, sommes solidaires les uns des autres.
Alors là, oui, je les veux bien les « valeurs de la République » ou plutôt de la France. Elles pourraient, si nous les vivions vraiment en tant que chrétiens, nous aider à faire connaître notre Seigneur Jésus-Christ, celui qui nous rend libres, qui ne fait acception de personnes, qui est notre frère et nous rend frères les uns des autres.