PAR : Sylvette Rat
Membre du comité de rédaction, Église évangélique baptiste de La Garenne-Colombes

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Point de vue
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Amusée, j’écoutais l’autre jour, mon petit-fils Charles – quatre ans et demi - me prodiguer de doctes conseils sur le comportement qu’il me convenait d’adopter vis-à-vis des inconnus : « Tu ne dois jamais ouvrir la porte à des inconnus que tu ne connais pas ; mais tu peux l’ouvrir à des inconnus que tu connais ». Ben voyons…

« Les inconnus que je connais »… Le premier amusement passé, cette expression a continué à me trotter dans la tête... Existerait-il, par hasard, des « inconnus que je connais » ? Je suis toujours frappée d’entendre aux nouvelles, après la découverte d’une histoire généralement sordide, l’étonnement des voisins qui « connaissaient » la personne mise en cause et qui, jamais, au grand jamais, n’auraient imaginé que « l’inconnu qu’ils connaissaient » ait pu accomplir un tel forfait…

Admettons pour des voisins de quartier, encore que… Mais serait-il possible que ­dans l’Église, ceux que Dieu nous a donnés comme frères et sœurs (frères et sœurs !!!) ou ceux qui sont assis sur le même banc que nous ou sur la chaise d’à côté, ne soient en fait pour nous que des « inconnus que nous connaissons » ? Des inconnus à qui nous serrons aimablement la main dimanche après dimanche, semaine après semaine, mois après mois ? Des inconnus qui, dans le fond, nous sont plus ou moins indifférents, avec lesquels nous ne savons ni quand ni comment nous réjouir ou pleurer (Rm 12.15) ? Des inconnus dont nous ne nous sentons nullement les gardiens ? Des inconnus à qui nous risquons de dire : « Au revoir mes amis, portez-vous bien, restez au chaud et bon appétit » (Jc 2.16) en ne soupçonnant même pas qu’ils n’ont ni logement, ni travail ?

Au fond, reconnaissons qu’il est certains inconnus que nous ne tenons pas tellement à connaître, parce que « connaître » implique très vite une responsabilité, un engagement qui risque de nous faire reculer. Pourtant, Dieu, lui, nous a connus alors que nous n’étions vraiment pas intéressants à connaître, et s’il nous a connus, c’était pour que nous puissions devenir conformes à l’image de son Fils (Rm 8.29).

La démarche qui vise à faire d’un « inconnu », un « bien connu » ne doit être ni intrusive, ni dictée par une curiosité stérile, mais inspirée par la reconnaissance et l’amour : si Dieu, lui, a pris la peine de nous connaître, ne devrions-nous pas, nous aussi, chercher à connaître ceux qu’il a mis sur notre chemin, et ceci par amour et pour sa gloire ?

Alors, si nous aussi, nous nous décidions véritablement à ouvrir notre porte aux « inconnus que nous connaissons » pour faire, à notre tout petit niveau, ce que fait notre Père céleste : les aimer, les accompagner, les aider à grandir et à devenir conformes à l’image de son Fils ?

D’ailleurs, c’est permis : c’est mon petit-fils qui l’a dit ! ■

Article paru dans :

mars 2018

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Point de vue
Mots-clés :
À Bible ouverte

Quand Dieu prend son temps

Matthieu Sanders
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