PAR : Didier Roca
Pasteur, Église évangélique baptiste La Bonne Nouvelle, Montpellier

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Dans les collines du Minervois, sa flèche pointait droit vers le ciel. Sur la place centrale elle nous faisait face : l’église était bien au centre du village. C’est l’étonnante inscription peinte sur son fronton qui a attiré notre attention : en effet, nul ne peut s’attendre à découvrir la devise de la République française sur la porte d’une église ; mais ce qui choque le plus, ce sont les deux mots « Propriété communale » lancés comme un défi à Dieu et à ses « fidèles ». Apparemment, le Don Camillo local avait fait voter un budget par le conseil municipal pour que soit restaurée l’église aux frais du contribuable et Peppone en avait profité pour affirmer sa main mise sur l’édifice.

Fronton Minervois

La loi de 1905 a instauré la séparation des Églises (des religions aujourd’hui) et de l’État, la République garantissant la liberté de conscience et les Églises le respect de la loi. Concernant les édifices du culte, la loi dispose que ceux qui sont construits avant sa promulgation appartiennent à l’État, aux départements ou aux communes (article 12). Ainsi en est-il de nombre d’églises catholiques et de temples et c’est probablement le cas de cette église de village.

Le Christ a prié, non pas pour que ses disciples soient retirés du monde mais pour qu’ils soient préservés du mal (Jn 17.15). Si l’Écriture nous demande de prier pour les autorités (1Tm 2.1-4) et de les respecter (Rm 13), c’est bien parce qu’elles sont là pour garantir la paix, la sécurité et la liberté. La devise de la République française affirme ce qui est la plus noble mission de l’État.

Depuis des siècles, Don Camillo et Peppone s’opposent. Soucieuse de s’imposer comme maître de la pensée, la laïcité, aujourd’hui triomphante, est devenue la religion incontournable qui prétend s’occuper de tout et tout dominer depuis les sources de la vie jusqu’à vouloir vaincre la mort. Devons-nous nous soumettre ou lutter ? Faut-il s’associer à cette religion de l’homme ? Où finit le témoignage ? Où commence la compromission ? Rendre à César ce qui lui appartient (Mc 12.17) ne signifie pas qu’on soit obligé de penser et de vivre comme lui… ou encore d’attendre tout de lui comme de la Providence. C’est sur le Christ ressuscité que notre foi se fonde, nous avons tout pleinement en lui (Col 2.10). Nous sommes solidaires des hommes mais notre cité est au ciel. Soyons des lumières dans ce monde où les ténèbres gagnent du terrain (Mt 5.14-16) et peu importe si aujourd’hui Peppone crie victoire ! ■

Article paru dans :

juillet 2016

Rubrique :
Société
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