PAR : Nordine Salmi
Membre du comité de rédaction, pasteur, Église évangélique baptiste de Genève

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Disons-le clairement : je suis un fervent adepte de la présentation d’enfants. Mais disons-le tout aussi clairement : rien dans les Écritures ne vient appuyer cette pratique.

La présentation d’enfants n’est pas un baptême. Elle n’a rien à voir avec la présentation de Jésus au temple dont nous parle l’évangéliste Luc. Nous ne rachetons pas le premier né mâle, comme la loi le préconisait. Elle n’est pas non plus comparable à la consécration du prophète Samuel.

Mais alors, avons-nous le droit d’innover ? Nous le faisons déjà dans différents domaines : la manière de célébrer notre culte, l’organisation du fonctionnement de notre vie ecclésiale… L’Écriture ne nous interdit pas d’être créatifs. La présentation d’enfants permet de mettre l’accent sur tel ou tel aspect de son enseignement. En voici quelques-uns.

Rappeler la place des enfants dans la communauté

présentation

Nous devons considérer que ces enfants sont un don de Dieu, confiés (entre autres) aux bons soins de la communauté. Elle ne se substitue pas à ceux des parents, mais elle prend sa part. Par son accueil, par l’enseignement qu’elle lui dispensera, par le témoignage qu’elle lui offrira, l’enfant découvrira, dans ce cercle si singulier, la mise en pratique de la foi de la communauté. Lourde responsabilité ! Elle se souviendra de cette Parole de Jésus : « N’empêchez pas les petits enfants de venir à moi. »

L’Église joue un rôle déterminant pour faciliter le chemin qui mène au Christ. Mais elle peut aussi, comme les disciples, dresser des obstacles sur ce chemin ! Sa vigilance quant à la qualité de l’enseignement, quant au choix scrupuleux des moniteurs d’école du dimanche et de leur formation, fait partie de la responsabilité qui lui incombe. Elle doit en être consciente. La présentation d’un enfant à l’assemblée rappelle cette prise en charge, dans un moment concret et solennel.

Rappeler la responsabilité parentale

La présentation d’un enfant n’a de sens, à mes yeux, que si au moins un des deux parents a adhéré à la foi chrétienne. Cette présentation permet un temps de reconnaissance pour l’enfant que le Seigneur, dans sa grâce, leur a donné.

En plaçant parent(s) et enfant sous le regard du Seigneur, la communauté rappelle le devoir de transmission de l’enseignement de l’Évangile, qui est le sien. Si l’Église est le lieu où les parents peuvent puiser les ressources nécessaires à l’enseignement de leurs enfants, il doit leur être rappelé que les premiers responsables de cette « transmission », ce sont eux (Dt 6.7).

Accompagner spirituellement les parents

L’Église ne peut pas tout, mais elle peut beaucoup ! Lors de la présentation de l’enfant à l’Église, l’accent est mis sur l’accompagnement qu’elle peut et doit offrir aux parents. Comment ? Par une prière fidèle à leur égard, par un regard bienveillant (il est si facile de juger sévèrement l’éducation des parents, et il est tout aussi facile pour les parents de culpabiliser), et par des aides très pratiques. Je pense notamment aux jeunes parents, parfois éloignés de leurs familles pour une raison ou pour une autre, se retrouvant ainsi privés de tout soutien familial.

Le parrainage ou le marrainage

Appeler la communauté à prier pour tous nos enfants, c’est important. Mais nous savons combien il est facile de se cacher derrière « tout le monde ». Le parrainage ou le « marrainage » permet non seulement de faire de l’enfant choisi l’objet de prières régulières et personnelles, mais aussi de lui manifester son intérêt par des attentions concrètes tout au long de l’année, et tout au long de sa jeunesse (cartes d’anniversaire, paroles d’encouragement, invitations à des événements particuliers (spectacle, cinéma…) et cela même – et surtout – si l’enfant a quitté l’Église.

Au travers de ces manifestations, ce sont des liens forts qui se tissent et vont s’avérer salutaires lorsque cet enfant devra traverser des périodes difficiles. Dans ces moments, il saura qu’une porte lui est toujours ouverte.

Dans une période où la famille est mise à mal, et où le rôle de parents devient de plus en plus difficile, inclure dans notre pratique ecclésiale cette démarche rappelle, à chaque occasion, le rôle essentiel que joue l’Église dans le soutien et l’accompagnement des familles. ■

Article paru dans :

avril 2019

Rubrique :
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Mots-clés :
Églises

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