PAR : Édith

Article paru dans :

Voici le témoignage d’Edith, qui dit comment le combat de la haine a pris fin dans sa vie.

Il s’agit d’une haine vieille de quinze ans.

Une haine douloureuse, pleine d’indignation et de violent désir de vengeance.

Une écharde, à laquelle je ne pensais pas tout le temps, et même rarement, car elle était profondément enfoncée, mais qui se manifestait brutalement quand, par mégarde, j’appuyais dessus. D’ailleurs, de temps en temps, j’appuyais dessus pour voir si elle était encore là, active. Car finalement, je m’étais habituée à la douleur de la haine. En fait, c’était une haine qui m’accompagnait, ordinaire, presque une amie que je ne tenais pas tout à fait à perdre.

Un matin, quand je constatais que cette épine était toujours là, bien présente et active, que l’infection était bien installée dans mon cœur sans que cela ne me choque, c’est justement cette habituation à la haine qui m’a choquée.

Je me suis sentie vraiment reprise par le Seigneur d’accepter de vivre devant lui avec cette confortable source de haine en moi.

J’ai alors compris ce que je devais apprendre ce jour-là : que je me croyais justifiée, parce que victime, d’entretenir avec complaisance cette haine.

Qu’en fait, je ne l’étais pas du tout à ses yeux.

Et j’ai souhaité que mon Seigneur m’en délivre. Je lui en ai demandé pardon.

En même temps, j’ai pris conscience que ma prière était mal orientée. J’avais souvent demandé à Dieu de m’aider à me délivrer, à progresser moi-même, pour lui, mais rarement d’être délivrée par lui, sans autre volonté de ma part que celle d’être graciée par lui.

Alors je l’ai fait ce matin-là. J’ai reconnu devant lui que j’étais bien incapable de me débrouiller avec ce péché, et qu’en fait, je ne désirais que sa volonté dans ma vie, et que c’était lui seul qui pouvait s’en charger pour moi.

Une fois posé ce sac, je suis passée à ma journée, et rien de spécial ne s’est passé ensuite.

Quelques semaines plus tard, tout récemment, en bavardant avec une ex-collègue, l’origine de cette haine est venue dans la conversation, soudainement.

Pour cette amie aussi, c’était l’évocation encore vivante et douloureuse d’une situation indigne. Car bien d’autres que moi avaient été blessées par cette épine.

Et, au lieu de sentir tout mon être s’enflammer joyeusement et brûler de haine par habitude pour ces faits du passé et leur auteur, je n’ai ressenti que la paix en moi, j’ai pu en parler et encourager tout naturellement mon amie à laisser ce fardeau à qui de droit, au Seigneur, à qui elle appartient elle aussi.

C’est seulement une heure plus tard que j’ai pris conscience de ce qui s’était passé au fond de moi à mon insu. Sans que je m’en rende compte ni ne sente rien, mon Seigneur m’avait délivrée du jour où j’avais lâché prise et remis ce péché à sa volonté, à sa grâce et non à mes efforts pour me corriger moi-même.

Haine

Cela m’a laissée un instant abasourdie de constater cette puissance du Seigneur, si extérieure à moi-même, répondant à ma prière en guérissant une plaie intérieure bien cachée, sans que je fasse quoi que ce soit ! Tant de discrétion ! Tant de précision de sa part ! Quel amour et quelle guérison pour moi !

Et, franchement, ma joie est grande de savoir que je compte ainsi pour lui, qu’il m’entend bien, moi, d’expérimenter que c’est vrai !

Il est proche. Et il est puissant pour délivrer.

Je veux juste encore dire que, il y a quinze ans, notre pasteur Gérald avait prié, à ma stupeur, en pleine crise pour moi, pour que Dieu pardonne au poseur d’épine et que je puisse moi aussi pardonner. Je l’avais admiré, mais non suivi. J’en étais incapable en ce temps-là. J’ai érigé alors une barrière pour garder ma haine, comme un humain ordinaire, bien que je fusse déjà au Seigneur alors.

Je ne suis pas une enfant de Dieu précoce. Il me faut beaucoup de temps pour me débarrasser un à un de mes réflexes anciens d’orgueil et pour comprendre, peu à peu, un tout petit peu de ce qui s’est passé à la croix pour moi et en vivre. ■

(Témoignage publié avec la permission d'Édith.)

Article paru dans :

avril 2016

Rubrique :
Ma foi au jour le jour
Mots-clés :
Article paru dans :