PAR : Lydia Lehmann
Pasteure, Église protestante évangélique Le Cépage, Bruxelles-Ganshoren

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En tant que président du culte, comment vivez-vous le moment de l’offrande ? Est-ce un moment que vous soignez avec conviction ou avez-vous plutôt tendance à l’oublier, préférant ne pas trop vous attarder sur un sujet un peu tabou ? Après son article sur la présentation de la cène, Lydia Lehmann aborde la présentation de l’offrande.

Offrande avec le cœur

Dans certaines de nos Églises, l’offrande ne fait pas habituellement partie du déroulement du culte1. Nous ne discuterons pas ici des pour et des contre ; que le geste soit présent dans nos cultes ou pas, il semble important que le sens qu’on lui donne et l’enseignement qui l’accompagne soit là d’une manière ou d’une autre. Important, et même indispensable, pour ouvrir notre vision du monde, largement axée sur le matériel, à l’invisible présence de Dieu au quotidien.

L’offrande ne concerne pas en premier lieu l’argent mais le don de soi qui peut être aussi varié qu’il y a d’individus sur cette terre. Néanmoins, si l’argent est exclu du don de soi, il y a déséquilibre, reflétant un des malaises de notre société. Notre Dieu, au contraire, est un Dieu qui donne (Gn 1.29 ; 2Co 8.9), un Dieu qui partage en Jésus-Christ ce qu’il avait de plus cher, qui offre son Esprit ! Vivre au plan communautaire l’offrande d’une partie de nos biens est une manière de refléter dans nos vies ce trait de caractère bouleversant de Dieu et de cheminer vers la générosité comme style de vie (Ac 20.34-35 ; Rm 12.1-2).

Offrir, c’est s’ouvrir, à Dieu en premier lieu, à une confiance renouvelée en lui, à son projet pour nous qui est de l’imiter dans le don de soi ; s’ouvrir aux autres, à leurs besoins et préoccupations ; s’ouvrir au monde qui a besoin d’être touché par la générosité de l’Évangile.

Une telle profondeur nous invite à donner une signification à ce geste. Dire que nous allons faire passer les boîtes à offrande ne suffit pas. Que sommes-nous en train de faire ? Réclamer de l’argent ? Non ! Pour que ce moment fasse pleinement sens, je suggère de rendre explicite le lien qui l’unit au reste du culte. Si, par exemple, le fil conducteur de la présidence est le psaume 111, qui proclame que « Les actions du Seigneur sont grandioses ; ceux qui les apprécient en font tous l’expérience… Il est pour toujours fidèle à lui–même », le moment de l’offrande devient l’occasion d’exprimer notre confiance dans la fidélité de Dieu, notre louange pour la grandeur de ses actes, notre foi dans le fait qu’il est capable d’agir encore ainsi dans l’avenir (Ps 145.15-16 ; 2Co 9.8-10).

Voici quelques pistes de réflexions qui peuvent être développées lors de l’offrande :

  • Nous ne sommes que des intendants des biens que Dieu nous confie. C’est à lui qu’ils appartiennent en tout premier lieu. Nous donnons donc quelque chose qui nous est prêté, qui n’est pas à nous : l’offrande devient émerveillement face à la grâce surprenante de Dieu – il nous permet de donner, mais ce que nous donnons est déjà sien (1Ch 29.11ss ; Ec 5.18).
  • Cette pensée nous rend humbles, car elle nous empêche de croire que nous sommes seuls agents de notre réussite financière. Quand ce que nous donnons ne nous appartient pas il n’y a pas de place pour l’orgueil (1Co 4.7 ; 1Tm 6.17).
  • C’est une manière d’exprimer notre confiance en Dieu, qui pourvoira à tous nos besoins (Mt 6.11,24-34 ; Ph 4.19). L’offrande devient louange, d’après le psaume 65.2 : « Compter sur toi dans la quiétude : c’est la louange que nous t’offrons. »
  • L’offrande sert au bon fonctionnement de l’Église, à l’extension du Royaume de Dieu, à soutenir des œuvres et des missionnaires (1Co 9.4-14 ; Ph 4.16). L’idée est ici de rappeler l’une ou l’autre activité ou œuvre qui bénéficie de cette offrande et d’en faire un sujet de prière. En développant cette piste, nous pourrions lier offrande et prière d’intercession.
  • Donner nous libère du pouvoir voire de la domination que l’argent pourrait avoir sur nous (Lc 16.13 ; 1Tm 6.6-10). En parlant de prémices, nous mettons l’accent sur la priorité de Dieu : donner d’abord à Dieu et non pas donner de son surplus (Ex 23.16 ; 1Co 16.2).

À quel moment du culte parler de l’offrande ? Les possibilités sont multiples. Dans la structure du culte en quatre volets présentée par Janie Blough2, l’offrande est intégrée soit dans le rassemblement, soit dans la réponse de l’assemblée à la Parole de Dieu. Quand l’offrande est liée au rassemblement, elle est louange, reconnaissance de la présence de Dieu parmi nous, prise de conscience des autres avec moi. L’offrande comme réponse à la Parole de Dieu, est consécration, renouvellement de mon engagement à le suivre, obéissance.

En pratique… De plus en plus de personnes participent à l’offrande par des virements automatiques. Parlons-en de temps en temps au culte pour que cette réalité ne soit pas oubliée et que le fait de donner ainsi ne déconnecte pas notre argent de notre spiritualité.

Des chants enrichissent ce moment et traduisent notre foi commune en la providence de Dieu : Cherchez d’abord (JEM 35), Toi qui disposes (JEM 63), Les mains ouvertes (JEM 190), Nous voici Seigneur (JEM 351), Quand le vol de la tempête (ATG 336), Dieu, ta fidélité (JEM 400), Ta bienveillance (JEM 595), Dieu créateur (JEM 743), Dieu de toute grâce (JEM 745), Yahwé (JEM 970), Amour sans fin (Aucun argent ni or, Hillsong)3.

« Que chacun donne ce qu’il aura décidé en son cœur, sans regret ni contrainte, car Dieu aime celui qui donne avec joie. » (2Co 9.7)4. ■


(1) Ceci est essentiellement dû à des causes historiques et non théologiques.

(2) Cf. Janie Blough, Dieu au centre ! Retrouver le sens du culte (coll. Église en marche, Éditions Mennonites, Montbéliard, 2014, 76 p.)

(3) Plusieurs titres de cette liste sont repris de la liste proposée dans l’article d’Arnaud Jeuch, « L’offrande, un geste cultuel », Les Cahiers de l’école pastorale, n°102, 4e trimestre 2016, p.105-114. Certaines références bibliques viennent également de cet article.

(4) Pour aller plus loin je vous recommande : Etienne Lhermenault, « À bas Mamon dans l’Église ! », Les Cahiers de l’école pastorale, n°92, 2e trimestre 2014, p.75-79.

Article paru dans :

mars 2017

Rubrique :
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Mots-clés :
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