Les Jeux olympiques à Paris
Pour la France en général et Paris en particulier, l’été 2024 est marqué par la tenue des Jeux olympiques et paralympiques sur son territoire. Les évangéliques prévoient-ils des manifestations particulières à cette occasion ? Enquête.
Une manifestation internationale de l’ampleur des Jeux olympiques, avec les foules qu’elle attire, suscite inévitablement l’intérêt des évangélisateurs que nous sommes. Il est vrai que l’Évangile doit être annoncé aujourd’hui, encore et toujours, « en toute occasion », disait Paul à Timothée (2Tm 4.2). Au risque, peut-être, d’être taxé d’opportunisme. « Ah ! ces évangéliques qui font feu de tout bois pour placer leur discours ! » Mais nous vivons dans une société de communication, où l’événement tient une grande place. A-t-on même le droit d’être absent ? Bref, il vaut la peine de s’avancer sur le terrain olympique, si je puis dire.
Les Jeux se tiendront du 26 juillet au 8 septembre.
Le 3 avril, le Conseil national des évangéliques de France (CNEF) a publié son point de vue sur cet « événement planétaire », dans une newsletter : « Les Jeux olympiques 2024 sont une opportunité exceptionnelle pour travailler ensemble dans l’Élan missionnel qui nous réunit. Que l’amour et la compassion de Christ rayonne sur le monde du sport ! Ne laissons pas passer cette occasion ! »
Le CNEF annonce la création d’un collectif d’individus, d’œuvres et d’Églises ad hoc, « Ensemble 2024 », qui a pour mission « de mettre en lien les différentes organisations et Églises qui veulent s’impliquer dans cette action, les soutenir dans leurs projets et promouvoir ces diverses initiatives sur tout le territoire national ».
Le CNEF a aussi publié, en avril 2024, un livret de prière, Prier ensemble, jeux 2024 en France, qui vise à « animer un réseau d’intercesseurs avec un petit groupe de personnes engagées dans la prière dans chaque Église et chaque œuvre. J’y découvre aussi que des éditions du Nouveau Testament spéciales, avec des témoignages d’athlètes, seront offertes.
Et je lis avec intérêt le – trop ? – petit paragraphe sur les personnes en précarité ou en situation irrégulière qui seront exclues des grandes villes ou seront exploitées « pour le plaisir des autres ».
Allez, je vais faire un petit tour sur ensemble2024.com. Et c’est très clair, le titre porte bien son nom : les chrétiens français de toutes confessions veulent se mobiliser ensemble autour des Jeux.
Le plus significatif de cette recherche d’unité dans l’action est sans doute la manifestation « Fête, sport et unité », prévue le 8 mai 2024 à l’occasion de l’arrivée en France de la flamme olympique : y sont affichés la Conférence des évêques de France, la Fédération protestante de France, l’Assemblée des évêques orthodoxes de France, l’Alliance biblique française, l’Église catholique de Paris, Holy-Games (œuvre catholique), la Communauté du Chemin neuf, Go-France (œuvre évangélique) et, last but not least, le Conseil national des évangéliques de France de Paris. Quand ils disent « ensemble », c’est ensemble(1) ! Il y aura un tournoi de futsal, une célébration et des louanges, et des témoignages de sportifs de haut niveau. Au sujet du futsal – entendez du football en salle – je me demande comment ils vont composer les équipes ! Les Evêques de France contre le CNEF ? Suis-je taquin.
Plus sérieusement, il fallait bien ça. Car les jeux olympiques modernes sont une manifestation, qui plus est réitérée depuis la fin du XIXe siècle pour les hommes et le début du XXe pour les femmes, de la fraternité humaine. Ils montrent une amitié entre les peuples, une prise en compte des cultures, des ethnies, dans le respect et la paix. Bien sûr, nous savons que ce n’est qu’une pause dans les tourments de ce monde. Pause qui peut être illusoire, comme on le constatait à l’époque nazie, ou aujourd’hui avec les sportifs russes. Et ce n’est aussi qu’un affichage pour certains, qui font montre de fraternité mais qui ne servent que leur orgueil ou leur propagande. Mais quand même. Les Jeux sentent bon l’humanité réconciliée.
C’est pour cela qu’à mon avis, il est opportun que les chrétiennes et les chrétiens y agissent ensemble. Avec nos frères et sœurs des autres confessions, les relations – quand elles existent – sont loin d’être parfaites et peuvent être compliquées. N’oublions cependant pas qu’elles peuvent être belles aussi, comme en témoigne Gordon Margery, sans cesser pour autant d’être réaliste, dans son livre Frères séparés(2). Alors voilà : nous ne devons pas faire moins bien que les politiques internationales que nous critiquons souvent ! Oserais-je dire que nous devons faire mieux, forts de ce si bel Évangile que Dieu nous donne ? Si des pays sans aucun atome crochu parviennent à se mettre ensemble dans un stade, que dira-t-on des Églises si elles ne parviennent pas à se mettre ensemble dans une salle, une action, une prière, une louange ? Serons-nous encore si crédibles ?
Le site « Ensemble2024 » rassemble aussi les informations relatives à des événements organisés par les uns et les autres, d’une pièce de théâtre à Paris, « Et Dieu créa le sport », à une « formation à l’outil festival » au Mée-sur-Seine, dans une Église de l’Association baptiste. Et j’en passe ! Une carte permet même, en page d’accueil, de savoir ce qui se fait à droite ou à gauche en France et dans les pays limitrophes. On y trouve aussi un catalogue foisonnant d’actions possibles pendant la période des jeux, pour promouvoir le sport, la solidarité, la musique et les arts, ouvrir les portes des églises, parler, écouter, proposer. L’onglet « Ressources » est une magnifique boîte à outils, avec des tutos en vidéo, des fiches techniques pour se lancer à faire quelque chose localement, des kidsgames(3) aux temps de prière. Et ce n’est pas fini ! Le blog est aussi un bel effort d’information. Ma préférée : proposer aux Églises qui sont proches des sites sportifs d’ouvrir au public leurs… toilettes !
Les Jeux 2024 ont des enjeux sociétaux de toutes sortes. On parle d’économie, d’écologie, de solidarité, de bénévolat, de sécurité, de prostitution, d’organisation, de mobilisation… Eh bien parlons aussi de prière, de bénédiction, de témoignage, de foi en cette occasion. Ces deux petites pages ne sont pas exhaustives. Espérons qu’elles soient encourageantes !
(1) J’écris ces lignes fin avril. Malheureusement, à la date du 8 mai, Le Lien fraternel sera déjà imprimé. Je ne peux donc rien vous dire sur cette manifestation prometteuse !
(2) Frères séparés, regard sur les relations catholiques-évangéliques en France (Excelsis, 2022), voir notre article de février 2023, « Frères séparés ».
(3) Kidsgames, ou olympiades pour enfants.