PAR : Pascal Bourdois
Membre fondateur de l’Église évangélique baptiste de Paris-Centre, petit-fils de Georges Guyot.

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Association baptiste
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Georges Guyot (1876–1964)

Voici un nouvel aperçu biographique d’un homme qui a été très engagé dans l’Association baptiste, y compris pour Le Lien fraternel*.

Georges Guyot est né en 1876 à Châtellerault dans une famille de sept enfants. Après sa conversion à Jésus-Christ, il verra toute sa famille venir au Seigneur.

portrait de G. Guyot

À douze ans, Georges entre à l'école des enfants de troupe, réservée aux enfants de sous-officiers. Il poursuivra ensuite des études dans la comptabilité. Ses capacités lui permettront de progresser jusqu'à occuper à Paris une fonction dirigeante dans une grande banque. Très pris par différentes activités, le travail, l'Église, l'Association baptiste, il décidera de renoncer à son activité professionnelle. Ainsi, pendant plus de trente ans, il assurera bénévolement son ministère de conducteur d'Église et ses responsabilités dans l'Association.

Alors que Georges occupe un emploi de bureau à Châtellerault, le père de Julien Sainton(*) entre un jour dans le local donnant sur la rue et déclare : « Je viens vous apporter la parole de Dieu. » Ses collègues se moquent, mais Georges les appelle au respect de cet homme âgé et de son message. Il entre ensuite en contact avec un chrétien qu'il aidera au plan administratif et qui l’introduira à la lecture et à l'étude de la Bible.

Venu à Paris en 1896 pour son travail, il fréquente l'Union chrétienne, rue de Trévise, où il reçoit un enseignement solide et rencontre Robert Dubarry. Tous deux dreyfusards, ils se découvrent de nombreux points communs et c'est la naissance d'une amitié qui durera toute leur vie. Leur correspondance se poursuit pendant de très longues années. Environ dix mille lettres furent ainsi échangées. Robert Dubarry écrivit à son sujet : « D'instinct, G. Guyot avait une vue juste sur à peu près tout. Tandis que je regarde en arrière, je constate que ses notions sur les hommes, les choses, les principes et l'action avaient des aspects prophétiques. Pour notre Association, il a été un maître à penser juste. »

Georges avait déjà pris contact avec l'Église que conduisaient, rue de Lille, Julien Sainton et Alexandre Dez. Cette Église, à laquelle il se rattache, descend de la première Église baptiste de Paris, constituée en 1850. Il en sera le conducteur de 1904 à 1964. Elle sera longtemps en migration dans Paris, avant sa fusion avec celle de la Rue de Sèvres (créée en 1930) et l'utilisation du nouveau bâtiment en 1970. Son arrière-petit-fils, Paul Bourdois, est depuis 2018 l'un des pasteurs de la nouvelle Église de la Rue de Sèvres.

Georges Guyot avait très à cœur le bien de l'Église, de ses membres, et exerçait largement une hospitalité chaleureuse.

Représentant l'Église Paris-Bonne Nouvelle, Georges Guyot est l'un des fondateurs de l'AEEBLF. Après l’échec du congrès baptiste de 1921, une rencontre informelle (salle des Pas Perdus, gare Saint-Lazare) en scella la formation. Les autres Églises représentées ce jour-là, le 5 mai 1921, étaient celles de Nîmes, Colombes, Court, La Chaux-de-Fonds et Tramelan.

Il fut trésorier de l’Association de 1921 à 1960 et responsable du Lien Fraternel de 1925 à 1952. Il en fut le plus prolixe des auteurs. Au total, il en rédigea plus de sept-cents pages. L'importance de la première place à laisser à Christ, de la lecture de la Bible et de l'Église locale est toujours présente dans ses écrits, avec cette question : « Mais que dit l'Écriture ? »

Il considérait positivement l’engagement social, avec une certaine réserve.

lien fraternel

Georges Guyot avait un fort attachement aux mots, leur sens et leur usage. Il disait : « Des mots mal employés font du tort aux âmes. » Son amour des mots nourrissait celui de la littérature. Il était aussi grand lecteur de la presse. Cet accent sur l'expression juste trouva à s'exercer dans la rédaction de la Confession de foi de notre Association, en collaboration avec Robert Dubarry et d'autres frères.

Il aimait l'humour, ses propos étant souvent souriants, jamais acerbes.

Il suivait beaucoup la politique, portant un regard avisé sur les égarements de l'Allemagne nazie, de l'URSS. Il observait sans illusion les mouvements vers l'œcuménisme et les vues libérales du protestantisme. Il était fort critique du catholicisme, sans nier la foi réelle en Christ de certains catholiques. L'histoire l'intéressait, il y voyait l'occasion de discerner l'action de Dieu et en tirait des leçons spirituelles.

Le plus jeune de ses fils, arrêté par les Allemands, fut envoyé à Buchenwald dont il sortit vivant, ayant été sauvegardé miraculeusement à plusieurs reprises.

Georges Guyot cessa son rôle de rédacteur du Lien Fraternel en 1953. Il se retira de la Commission Administrative en 1960, en même temps que Robert Dubarry.

Ma mère, présente dans ses dernières heures, nous racontait ces mots répétés plusieurs fois : « La réponse finale, c'est le Seigneur Jésus-Christ, la réponse finale, c'est le Seigneur Jésus-Christ ! »


(*) Agent de la Mission Populaire Évangélique

Article paru dans :

avril 2021

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