La fin d'une illusion ?
Le monde a peur ! Cette peur ne m’a jamais semblé aussi justifiée qu’aujourd’hui. J’ai beau parcourir les manuels d’histoire, aucune époque ne ressemble à celle que nous vivons en matière de dangerosité.
Ce qui, de mon point de vue, a changé, c’est la portée planétaire des évènements que nous vivons. La crise sanitaire a été mondiale. La guerre en Ukraine a des répercussions qui touchent la planète entière et bouleverse les équilibres du monde. Le désastre écologique, dont certaines conséquences sont d’ores et déjà irréversibles, s’ajoute à cette sombre liste.
Oui, nous assistons à la fin d’un monde, où le progrès scientifique et technique qui devait répondre à toutes nos angoisses a accouché d’un autre monde plus anxiogène que jamais. Certes, bien des découvertes ont permis des avancées indéniables et ont contribué de manière extrêmement importante, à bien des égards, à une vie meilleure. Nous ne devons jamais l’oublier.
Mais il faut, dans le même temps, reconnaître que tous ces progrès n’ont pas réussi à créer un monde sécurisé et apaisé. La frustration de nos contemporains n’a jamais été aussi grande. Elle est à la hauteur des espoirs mis en ces avancées. La modernité synonyme d’un monde meilleur se révèle être un pur fantasme !
Dès lors, que faire ? Quel discours inventer ? Vers où se tourner pour trouver une once d’espoir ?
Incorrigible, l’homme ne cesse d’augmenter sa confiance dans la technique et dans les découvertes scientifiques. Il se crée un récit pour justifier sa fuite en avant !
L’avenir est à l’intelligence artificielle et au transhumanisme ! Son but ? Augmenter les capacités physiques et mentales de l’homme et échapper à terme aux maladies et à la mort. Voici le nouveau programme pour les années à venir. Oh certes, on créera des commissions éthiques que l’on n’écoutera que si elles vont dans le sens du progrès et des plus « hurlants ». Rien ne restera dans les laboratoires, car toute découverte quelle qu’elle soit doit être mise en œuvre ! C’est la loi de la modernité et... du marché ! Peu importe si elle déshumanise !
Et si la modernité était une idole sur l’autel duquel on sacrifie notre âme, notre identité, notre humanité. Il ne s’agit pas de revenir à la lampe à huile ! Mais sans doute changer de logiciel en ne confondant plus le « bien-être » avec le « bien ».
« Vous serez comme des dieux… » avait dit le malin à Ève. Le fruit était là, faisant partie de la création. Il était à portée de main. Adam et Ève ne devaient pas y toucher. Nous connaissons la suite. Ce fut la fin d’un monde.
Bien des possibilités sont à notre portée. Est-ce pour autant qu’il faille s’en saisir ? Ce qui est possible est-il utile ? Contribue-t-il à notre bien ?
Ce qui est vrai à l’échelle de notre humanité l’est tout autant à l’échelle individuelle, dans nos choix de tous les jours.