PAR : Françoise Pillon
Membre du comité de rédaction, Église baptiste de Paris-Centre

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« Et si c’était vrai ? » Ce pourrait être le titre du petit livre de Matthieu Sanders (pasteur à l’Église baptiste de Paris-Centre, rue de Sèvres), Peut-on croire à la résurrection de Jésus. C’est d’ailleurs l’intitulé que porte la seconde partie de l’ouvrage. Petit livre ? Par sa taille, oui (soixante-et-onze pages). Grand par son contenu.

Le but de l’auteur n’est pas de prouver la réalité de la résurrection, mais de montrer « qu’il y a de bonnes raisons de prendre au sérieux les récits de la résurrection en tant que témoignages sincères et documentés qui ont traversé l’histoire » (p. 5). Or, et Matthieu Sanders y insiste, il importe d’être clair à ce sujet car cet événement est le point de départ de la proclamation des apôtres et le fondement de la foi chrétienne, comme l’écrit Paul aux Corinthiens : « Si Christ n’est pas ressuscité, alors notre prédication est vaine et votre foi aussi est vaine. » (1Co 15,14).

L’ouvrage est organisé autour de deux parties. Tout d’abord, Matthieu Sanders reprend les récits de la résurrection en précisant que ces textes figurent dans les très nombreux manuscrits qui comportent peu de variantes et dont certains nous sont parvenus quelques décennies à peine après la rédaction des originaux. L’auteur part de ce qu’écrit Paul à ce sujet dans sa première lettre aux Corinthiens, ce texte étant le plus ancien. Il l’évoque tout simplement comme un fait en insistant sur l’apparition de Jésus ressuscité à plusieurs témoins. Notons que c’est cette vision du Ressuscité qui le retourne et le transforme en apôtre.

couverture du livre

Ensuite l’auteur présente les récits évangéliques en commençant par celui de Marc, le premier rédigé, le plus court et le plus sobre. Il note les divergences entre chacun qui semblent à priori impossibles à accorder. Un ou deux anges ? Combien y a-t-il eu de rencontres entre Jésus et ses disciples masculins ? Où se sont-elles déroulées ? À Jérusalem ? En Galilée ? Les deux ? Et comment nous y retrouver dans la durée des événements ? L’Évangile de Luc pourrait laisser croire que tout s’est déroulé en une seule journée, ce qui ne ressort pas des autres récits et semble de toute manière impossible. Ces divergences rendent plus difficile l’idée que tout ceci n’est qu’une fiction. Dans ce cas, les auteurs se seraient arrangés pour faire concorder leurs versions. Or, les textes sont manifestement indépendants les uns des autres.

Divergences mais aussi convergences. Sauf Paul, qui ne les évoque même pas, tous les narrateurs rapportent que ce sont les femmes qui ont découvert le tombeau vide et à qui Jésus est apparu. Par ailleurs, l’auteur relève (entre autres) que la salutation de Jésus, « La paix soit avec vous », ne figure nulle part ailleurs dans les Évangiles, gage de son authenticité. De toutes les données qu’il étudie, Matthieu Sanders en tire la conclusion qu’aucune « contradiction » n’est insoluble.

Après avoir passé en revue ces textes, l’auteur se penche sur cinq arguments qui nous orientent vers l’hypothèse de l’attestation d’authenticité des témoignages : le tombeau vide, le décalage avec les attentes religieuses de l’époque, « l’étrangeté » des apparitions de Jésus, le témoignage des femmes, des témoins prêts à souffrir et mourir.

Si la notion de résurrection n’était pas inconnue du judaïsme, il s’agissait d’une résurrection collective et annonciatrices d’un monde nouveau. Il était impensable d’imaginer un événement concernant un individu unique et ne changeant pas la vie ici-bas. Quant aux mondes grec et romain, une telle hypothèse leur était tout simplement inconcevable. Un récit construit de toutes pièces se serait présenté tout différemment.

Autre argument : la place des femmes dans ces récits. Quand on sait de quelle manière elles étaient considérées aussi bien en Israël qu’à Rome ou Athènes, on peine à penser que les narrateurs auraient pu leur attribuer de tels rôles. Le témoignage des femmes était alors fort déprécié. Or les récits concordent. Elles sont les premières à voir la résurrection. Cela accrédite une fois encore le fait qu’il ne s’agit pas d’une fiction. Les auteurs s’y seraient pris autrement.

Pour terminer, Matthieu Sanders cite Blaise Pascal : « Je ne crois que les histoires dont les témoins se feraient égorger(1). » Il faut vraiment être convaincu pour être prêt à donner sa vie pour une cause. Or Jacques, Pierre, Paul, Étienne et bien d’autres n’ont pas hésité à souffrir et mourir plutôt que de nier ce dont ils avaient été les témoins. Se sacrifie-t-on pour un mensonge ?

Ce petit livre, grand par son contenu, est très édifiant et instructif. Nul doute que tout chrétien qui le lira en sera enrichi. Nul doute aussi que toute personne qui éprouve des incertitudes sera amenée à réfléchir et à creuser la question. Un livre à mettre entre toutes les mains.


Peut-on croire à la résurrection de Jésus ?, Matthieu Sanders (Farel Éditions, 71 pages, 5,90 €).

(1) P. 59. Blaise Pascal, Pensées, art. IX, 593-822 (Flammarion, 1976, p. 217).

Article paru dans :

octobre 2024

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