Corps-pain de vie
Les marginaux deviennent les messagers, les premiers
d’un secret ouvert, longtemps gardé, annoncé
Le message précis, étonnant,
fait se mettre en route les éleveurs de bétail
Dieu vient en bébé vers les petits, les pauvres
de cœur et de corps, riches en besoin et contentement
Les anges repartent vers un ailleurs, laissant l’invitation
à se mouvoir, voir, toucher de nos propres pieds
Rejoindre dans la maison du pain celui qui
nourrira des milliers de femmes, hommes, enfants,
de son corps-pain de vie descendu du ciel
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice
car ils seront rassasiés, un instant toujours
Comme ces brebis nourries, chéries, portées,
il donnera sa vie pour une vie en abondance
sans brillant, richesse enfouie dans la paille
Mâcher tes paroles dans mon appareil digestif spirituel,
encore et encore, ravitailler le vivant en moi
Laisser germer en moi les valeurs d’un Autre
qui élèvent et dilatent jusqu’au très-bas(*)
du plus intime
* Allusion au titre d’un livre de Christian Bobin, Le Très-Bas