Au commencement était le Verbe
Jean Chrysostome a été évêque d’Antioche, puis patriarche de Constantinople au IVe siècle. Son éloquence lui vaut le surnom de « Bouche d’or » (chrysostomos, en grec). Ses homélies, ancrées dans le texte biblique, constituent l’un des trésors du patrimoine légué par les Pères de l’Église.
Pour toi, mon bien-aimé, quand tu entends ce mot « Verbe », garde-toi de tolérer ceux qui le considèrent comme une créature, ou qui ne voient en lui qu’une parole ordinaire. La parole dont il s’agit ici, c’est la Parole substantielle, le Verbe subsistant dans une Personne, né du Père par une génération impassible. Voilà ce que Jean entend par « le Verbe ». Par conséquent, en disant : « Au commencement était le Verbe », il proclame son éternité. Et quand il ajoute : « Il était dès le commencement, il était auprès de Dieu », il affirme sa coéternité avec le Père.
De peur que les premiers mots, tout en vous élevant à la pensée d’une substance éternelle, ne vous permissent néanmoins de soupçonner une antériorité de vie dans le Père et un commencement dans le Fils, il ajoute que le Verbe est dès le commence- ment, et qu’il est auprès du Père, éternel dès lors comme le Père, qui ne saurait être sans Verbe : lui-même Dieu éternel, le Verbe était auprès de Dieu, quoique subsistant dans sa propre Personne.
Si quelqu’un s’avisait de dire : « Comment se peut-il qu’étant Fils, il ne soit pas moins ancien que le Père ? », dites-moi, le rayon de soleil nous est-il envoyé par le soleil même, ou vient-il d’ailleurs ? Il faut reconnaître, à moins qu’on ne soit insensé, que cet astre en est la source. Bien que le rayon émane du soleil, nous ne dirons jamais que celui-ci est antérieur à celui-là ; car le soleil n’a pas existé un seul instant sans émettre ses rayons. Sous ce rapport, il n’existe donc pas de différence entre le Fils et le Père ; et dès lors, l’un n’est pas antérieur à l’autre ; ils sont coéternels. ■
Cité par Daniel Bourguet, L’Évangile médité par les Pères, Jean (Editions Olivétan, Coll. « Veillez et priez », 2010), p. 19, avec autorisation.