PAR : Nordine Salmi
Membre du comité de rédaction, Église protestante baptiste de Thonon-les-Bains

Article paru dans :

 L’homme.

Guy Appéré est né à Bois-Colombes, en région parisienne. Il a grandi dans une famille chrétienne et s’est tourné vers le Seigneur dès son plus jeune âge.

C’est un jeune homme pleinement engagé dans son époque. L’occupation allemande ne le laisse pas indifférent. Il s’implique dans la guerre. D’abord, en perpétrant à l’encontre de l’occupant des actes de sabotage dans l’entreprise de télécommunication qui l'emploie. Puis en intégrant la Résistance en 1943. Enfin, en s’engageant dans l’armée régulière. Cette page de son histoire, sur laquelle il est resté extrêmement discret, révèle déjà son caractère déterminé, son sens profond du devoir et du sacrifice. Ils marqueront pleinement son ministère.

 Le pasteur.

Formé au Séminaire baptiste de Toronto de 1947 à 1950, notre frère gardera avec le Canada des liens très forts. À son retour, il épouse Claude Lemaire, une jeune fille rencontrée dans son Église de Colombes.

Après un passage à Nîmes, pour un stage auprès de Robert Dubarry, il est appelé à travailler dans la région genevoise où se retrouvent déjà une ou deux familles du Jura bernois.

Portrait de Guy Appéré

Fondateur de l’Église baptiste de Genève, il en reste le pasteur pendant quarante ans. Tout entière dévouée à sa famille et au ministère de son époux, Claudette lui permet de cumuler un nombre d’activités impressionnant que sa force de travail, à elle seule, ne peut expliquer.

Ses prédications charpentées révélaient un style littéraire soigné ; pour autant, Guy ne se laissait jamais griser par le verbe. Sa pensée claire dévoilait la profondeur du texte biblique. Tout était examiné, médité, construit pour servir le passage choisi, qu’il livrait, toujours avec pudeur et humilité, à son auditoire.

Sa conviction profonde : la maturation du chrétien ainsi que sa croissance passent par un enseignement biblique de qualité. Pour lui, le chrétien ne peut faire face efficacement à ses difficultés quotidiennes sans être nourri, pétri par la Parole de Dieu.

Son intelligence brillante était accompagnée d’une profonde sagesse et d’une grande simplicité. Nul n’était trop petit pour attirer toute son attention. Que d’accompagnements pratiques n’a-t-il pas accomplis pour les « petits » ! Il se voulait un pasteur accessible.

Il enseignait depuis la chaire ou dans son bureau (duquel on ressortait rarement frustré), mais aussi autour d’une table de cuisine où se mêlaient préparations culinaires et propos théologiques, à la grande surprise de ses hôtes.

En 1988 son épouse décède. Elle laisse un vide immense qui révèle, entre-autre, son rôle incommensurable dans le ministère de son mari.

 Le Président de la Commission administrative

Guy Appéré a présidé la Commission administrative de 1973 à 1974 et a inauguré la nouvelle formule, qui a conduit à une présidence de deux ans et à l’organisation de la Commission en sous-commission. Son rôle dans cette avancée a été majeur. Elle marque un tournant dans la gestion des affaires de nos unions d’Églises.

 Le formateur

Son enseignement a été porté au cœur de notre Association.

Tout d’abord au moyen du Cours de formation par correspondance dont il fut le principal artisan. Ce travail gigantesque a permis à bien des Églises sans pasteur de traverser du mieux possible cette période délicate de leur vie et à des jeunes de goûter à la profondeur de la pensée biblique.

Ensuite, par le journal de nos unions d’Églises, Le Lien fraternel, dont il fut l’éditeur de 1956 à 1987. L’impressionnante collection des numéros publiés pendant son mandat, exposée lors du passage de relais, a révélé l’ampleur du travail accompli sans compter le nombre considérable de prédications signées de sa plume.

Enfin par l’écriture. Guy Appéré savait la valeur du livre. Sa bibliothèque en était la preuve. Cette conscience aigüe l’a poussé à promouvoir la traduction de nombreux ouvrages édités par Grâce et Vérité. Il en a lui-même rédigé trois. Deux d’entre eux portent la marque du berger soucieux d’amener ses lecteurs, comme son auditoire, « aux pieds » du Seigneur. Le troisième, un recueil de poèmes, dévoile toute la sensibilité de la piété du personnage.

 Le bibliste

Je garde le souvenir d’un homme rayonnant devant sa Bible. Tel un archéologue qui fouille précautionneusement le terrain duquel il est certain d’extraire un trésor, il « creusait » patiemment et avec persévérance. Cette démarche lui a permis de sortir de l’ornière des traditions. Il se laissait modeler en permanence par la Parole de Dieu.

Cela explique notamment sa lecture toujours en mouvement des récits de la création et des textes concernant la place de la « femme dans l’Église ».

Sa perception de la grâce divine illuminait son enseignement. Il avait une conscience aigüe du caractère effroyable du péché et de ses conséquences en même temps qu’une compréhension fine de l’immensité sidérale de la puissance du pardon. Cette conscience et cette compréhension parcouraient ses prédications, imprégnaient son comportement et offraient à ceux qu’une fausse culpabilité rongeait, une véritable délivrance.

Guy Appéré était un travailleur infatigable ! Travaux sans fin au Camp du Reyret, où tant de jeunes et de familles se sont rencontrés au fil du temps, camps itinérants en Grèce, Italie et Turquie, « sur les traces de l’apôtre Paul », telles étaient « ses vacances d’été ».

Toute sa vie était tournée vers l’Évangile et son enseignement. Toutes ses routes menaient à l’Écriture et à celui qui en est le centre : le Christ, son Sauveur et Seigneur.

Article paru dans :

novembre 2021

Rubrique :
Association baptiste
Mots-clés :
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