Ce qui caractérise notre association d’Églises, ce ne sont pas seulement son attachement aux doctrines bibliques résumées dans sa confession de foi, ou sa fidélité à ses principes ecclésiastiques. C’est aussi ce qu’il faut bien appeler un « esprit », quelque chose d’un peu insaisissable, que l’on ne peut pas couler dans des formules trop tranchantes, mais dont l’observateur éprouve la réalité. Un esprit qui, comme de juste, inspire des attitudes et des comportements, qui est donc déjà à l’œuvre ; mais qui est, en même temps, objet de désir, de recherche et d’attente, comme un idéal à la fois proche et lointain.

Cet esprit, on le perçoit, croyons-nous, dans la chaleur de nos rencontres, dans la liberté de nos rapports, dans le prix que nous accordons à la relation fraternelle. Nos conventions, nos pastorales sont riches de cette amitié et vivent de cette liberté.

Mais on peut le reconnaître aussi dans notre attitude devant la Parole de Dieu, qui nous appelle à penser sainement, librement et profondément, d’une pensée qui ne soit pas abstraite, mais en prise avec le réel.

De là l’importance que nous accordons à la recherche de la qualité, celle de l’enseignement, celle aussi de la vie, le premier étant au service de l’autre : la vie « en Christ » ne saurait être médiocre.

Cette recherche peut nous éviter les facilités des surenchères comme les illusions des engouements et des modes. Elle nous conduit à faire de l’équilibre, dans la pensée comme dans l’action, l’une de nos plus constantes préoccupations.

Nous avons le souci d’une évangélisation qui ne soit pas superficielle : le but n’est pas seulement d’obtenir une conversion, mais aussi un engagement à suivre le Christ. La vocation des Églises n’est-elle pas de former des chrétiens adultes ?

Aussi voulons-nous donner à l’Église locale toute la place qu’elle mérite. Image, manifestation et réalisation (à son échelle !) du corps de Christ, école de vie, de fraternité et de service, elle est bien cette « communauté que Dieu s’est acquise pour qu’elle proclame les merveilles de celui qui nous a appelés des ténèbres à son admirable lumière » (1 Pierre 2.9), communauté de frères, qui ne sépare pas la Parole du service et ne conçoit pas de service sans amour.

Cet amour se manifeste dans le concret de la vie quotidienne, son domaine privilégié, mais il ne s’enferme pas pour autant dans les limites — elles seraient vite trop étroites — de la seule assemblée locale.

Il est aussi dans l’esprit de l’Association de rester étrangère à tout sectarisme et de se réjouir de tout ce qui se fait au nom du Seigneur dans les autres milieux chrétiens. Attentives au monde qui les entoure, les Églises le considèrent avec une sympathie critique : critique, car il faut discerner, mais d’abord et toujours sympathie, car ce monde souffre, et « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils » (Jean 3.16), et qu’il a suscité les Églises pour en témoigner.

Esprit, ou idéal ? L’un et l’autre sans doute, mais qui ne sauraient avoir ni valeur ni force, s’ils n’étaient animés par… le Saint-Esprit.