PAR : Emmanuel Bouton
Pasteur, Église protestante évangélique d’Ozoir-la-Ferrière

Avec l’été qui a commencé, c’est aussi la moitié de l’année qui est déjà derrière nous. De quoi a été fait ce début d’année 2018 pour vous ? De joies ? Certainement il y en a eu, dans une mesure variable pour les uns et les autres. De douleurs ? Malheureusement, nous en traversons tous à un moment ou à un autre, que ce soit à titre personnel, en famille ou en Église. À tel point que nous sommes parfois fatigués, lassés de certaines épreuves, de certains combats.

Combats

Mon premier regard sur ces combats me fait dire qu’ils ont quelque-chose de normal. Ce que nous vivons de difficile est inévitable car nous vivons sur la terre avec son lot d’épreuves et de souffrances. Il en va ainsi depuis des millénaires, depuis l’irruption du péché dans la création.

Mon deuxième regard est qu’en tant que chrétiens nous sommes aussi engagés dans un combat spirituel. Quand l’Église veut se lever pour Jésus-Christ, prier avec plus de ferveur, vivre dans un amour plus intense et devient de plus en plus enthousiaste pour l’avenir, Satan attaque ! Je ne vois pas Satan partout. Il n’est pas responsable de tous les maux que nous subissons. Mais nous savons que lui et ses démons travaillent dur et sans relâche pour décourager, fatiguer et faire tomber l’Église de Dieu.

Mon troisième regard est que, dans nos moments difficiles, Dieu veut nous enseigner quelque chose. Il veut nous pousser à fixer nos regards sur l’éternité. Notre tendance à tous est d’avoir trop nos regards sur terre, sur nos plannings, nos affaires, nos rêves… et toutes ces choses peuvent nous faire oublier les réalités spirituelles. Mais dans notre vie quotidienne Dieu veut que nous ne perdions pas de vue que Jésus-Christ revient bientôt. Nous devons nous y préparer. Notre vie terrestre ne durera qu’un temps. Le plus important est à venir.

Mais dès aujourd’hui, même au sein de la douleur, Dieu veut nous donner quelque chose de précieux. Ce qu’il veut nous donner dans nos épreuves et dans notre marche avec lui est d’une valeur inestimable. Dieu veut nous donner : « lui-même ». Il veut se révéler à nous. Il veut nous donner une vision juste de qui il est. Rien dans ce monde ne peut nous satisfaire autant que Dieu. Rien sur cette terre ne peut nous donner plus de consolation ou de sécurité que Dieu.

Trois facettes de la personne de Dieu

Je vous invite à lire Ésaïe 6.1-8. Voyez comment Dieu s’est révélé à cet homme dans une période de grandes épreuves, où le péché abondait, où la situation politique était instable. Voyez comment Dieu se laisse découvrir ou redécouvrir au travers de la vision de ce prophète.

Ésaïe n’est pas n’importe quel prophète. Il est l’un des plus grands prophètes de l’histoire d’Israël. Ésaïe était un homme d’État, qui a parlé de Dieu aux peuples mais aussi aux rois. À Jérusalem, il était connu dans le palais. Il a été consultant pour les monarques. Il a prophétisé durant le règne de quatre rois, dans une époque de chaos sans cesse menaçant, un moment où le peuple de Dieu tournait le dos à son Seigneur.

Combats

Mais au départ du ministère prophétique d’Ésaïe, on trouve cette vision. Avant que Dieu ne l’appelle comme prophète, il avait besoin de prendre conscience de qui est Dieu. Et j’aimerais attirer notre attention sur trois facettes de Dieu que nous trouvons dans ce texte.

1. Dieu a toute autorité

L’appel d’Ésaïe a lieu l’année de la mort du roi Ozias. Ce roi a eu un règne généralement couronné de succès et approuvé par Dieu (cf. 2R 15.1-7). Il a réussi à transformer Jérusalem en une ville fortifiée, bien équipée avec des armes pour sa propre défense, et il a donné aux gens un sentiment de sécurité. Mais maintenant qu’il est mort, qui va être roi ? Qui va maintenir la sécurité ?

C’est à ce moment-là qu’Ésaïe voit un roi qui est au-dessus de tous les autres. C’est le Roi de l’univers. Dieu lui-même. Lui seul est capable d’apporter une sécurité éternelle. Il a toute autorité.

Le mot traduit par Seigneur dans le premier verset est le mot hébreu « Adonaï ». « Il exprime la souveraineté de Dieu, et par là le sentiment de dépendance de la créature, la notion que l’homme est au service de son Créateur, qu’il lui appartient et lui doit obéissance(1). »

Dieu est Roi de l’univers. Il est souverain. Il est la personne « devant qui toute autorité humaine doit se courber(2) ». Rien n’échappe à son contrôle. Il n’est jamais à bout de ressources dans son royaume céleste. Il règne. Il est assis sur son trône. Ce trône exprime clairement son droit de gouverner le monde. Ce n’est pas nous qui donnons à Dieu l’autorité. Il l’a que cela nous plaise ou non. Dans cette vision, Dieu « apparaît au prophète tel un roi entouré de sa cour et siégeant pour rendre la justice(3) ». Dieu a toute autorité.

2. Dieu est saint

Dans la vision d’Ésaïe, les secousses et la fumée soulignent la sainteté de Dieu en rappelant sa sainte colère face au péché et son jugement, la distance aussi qui le sépare d’Ésaïe.

Au verset 3, les impressionnants séraphins s’écrient : « Saint, saint, saint est le Seigneur des armées célestes. » La répétition du mot saint exprime le degré supérieur de cette qualité chez Dieu. Dire que Dieu est saint peut avoir notamment deux sens.

Le premier sens est que Dieu est différent et au-dessus de toute sa création. Il est unique, dans une classe à part. Personne n’est aussi grand que lui. Personne n’est aussi puissant que lui. Lui seul n’a ni commencement ni fin. Lui seul ne change pas dans ce qu’il est. Lui seul est omnipotent, omniprésent et omniscient. Dieu est incomparable. On pourrait dire que le mot « sainteté » est utilisé parce qu’il va au-delà des mots pour décrire Dieu. Devant la sainteté de Dieu, le langage le plus riche et le plus fin s’épuise. La sainteté de Dieu produit un silence absolu de respect, d’émerveillement et d’admiration. Il y a bien plus à savoir sur Dieu, mais ce sera au-delà des mots. Dieu est saint !

Le deuxième sens du terme « saint » appliqué à Dieu est que Dieu est séparé du mal. Dieu ne peut pas pécher. Il ne peut pas prendre plaisir au péché. Il le déteste. Il l’a en horreur. Il ne peut pas supporter le mal. Cela le répugne et suscite en lui haine, dégoût et colère. Dieu est parfaitement saint.

3. Dieu est miséricordieux

La vision de la sainteté de Dieu produit en Ésaïe la conviction de péché. Alors que le peuple sera bien souvent aveugle pour lui-même, Ésaïe reconnaît que lui et les siens sont marqués par le péché.

Il confesse alors son péché individuel et même celui du peuple auquel il appartient. La vision de la sainteté de Dieu donne à Ésaïe une conscience douloureuse de ses propres manquements, ce qui le brise. Mais alors, un séraphin lui apporte une braise prise sur l’autel et l’applique sur ses lèvres pour le purifier.

Dieu, dans sa sainteté, peut purifier ceux qui reconnaissent et confessent leur péché. Ésaïe croyait que le malheur allait l’atteindre en voyant Dieu dans sa sainteté et en voyant son propre péché et celui du peuple. Mais après avoir confessé son péché, il reçoit le pardon de Dieu. Dans sa miséricorde, ce n’est qu’après s’être révélé à Ésaïe et l’avoir purifié que Dieu l’a appelé à le servir.

Orientations

Trois orientations à retenir

Souvenons-nous de l’autorité, de la sainteté et de la miséricorde de notre Dieu. Dans des périodes difficiles, face au deuil, à la maladie, à l’épuisement moral, ou en lutte avec le péché, j’aimerais en retenir trois orientations :

1. Cherchons Dieu

Quelles que soient nos épreuves, nos difficultés, nos combats ou nos tentations, avoir une juste vision de Dieu est indispensable !

Quand nous avons une juste vision de Dieu, nous ne disons plus à Dieu que nous avons de grands problèmes. Mais nous disons à nos problèmes que nous avons un grand Dieu. Les problèmes et les soucis de la vie sont moins énormes à nos yeux. Nous savons que Dieu est maître des circonstances. Il a notre vie entre ses mains. Nos situations sont entre de bonnes mains. Dieu est souverain.

Quand nous avons une juste vision de Dieu, nous ne jouons plus avec le péché. Le moindre petit péché devient grave à nos yeux car nous savons qu’il est grave aux yeux de Dieu. La sainteté n’est plus optionnelle car nous savons à quel point Dieu est saint.

Devant la sainteté de Dieu, Ésaïe pensait qu’il allait perdre la vie. On peut imaginer son respect immense de Dieu après une telle vision. Le plus petit péché doit devenir détestable à nos yeux, car il a coûté la vie à Jésus-Christ.

Et pour avoir une juste vision de Dieu, cherchons-le ! Cherchons-le par la lecture et la méditation de sa Parole, la prière, la louange, l’adoration, les temps que nous passons ensemble les dimanches, dans les groupes de maison où à d’autres occasions. Cherchons Dieu pour mieux le connaître !

 2. Gardons notre cœur pur devant Dieu

La chose la plus importante au monde est d’avoir un cœur pur pour être en paix avec Dieu. Quiconque n’a pas l’assurance de la présence de Dieu dans sa vie et de la vie éternelle avec lui peut aujourd’hui venir à lui et recevoir ce cœur pur par Jésus-Christ : demander pardon à Dieu pour ses fautes et placer sa foi dans le sacrifice de Jésus-Christ mort et ressuscité pour ceux qui croient. Dieu appelle encore chacun à le suivre.

Et pour nous qui avons l’assurance de la présence de Dieu dans notre vie et de la vie éternelle, n’en restons pas là. Gardons notre cœur pur. Garder son cœur pur, c’est demeurer en paix dans notre relation avec Dieu au quotidien, en nous tenant près de lui, nous éloignant du péché, nous repentant lorsque nous tombons. Avoir toujours des pensées qui nous condamnent, de la culpabilité, se sentir mal dans la présence de Dieu, ce n’est pas ce que Dieu veut pour nous. Nous n’imaginons pas toujours à quel point c’est une force dans la vie quotidienne que d’être en paix dans notre relation avec Dieu.

Mes amis, faisons tout notre possible pour garder notre cœur pur devant Dieu pour que sa paix règne en nous et nous soutienne dans notre vie quotidienne et nos combats.

3. Soyons disponibles pour servir Dieu

Cela peut paraître fou de dire que quand ça ne va pas, nous devons rester disponibles pour servir Dieu. Spontanément, quand on ne va pas bien, on s’occupe de nos problèmes. Puis quand ça va mieux, on se remet à servir.

C’est dans un temps de ténèbres pour le peuple d’Israël que Dieu a dit à Ésaïe : « Qui enverrai-je ? » Dieu n’a pas attendu que tout aille bien. Dieu veut que ses enfants soient disponibles pour le servir, même dans les circonstances les plus dramatiques.

N’avez-vous jamais entendu ce genre de témoignage ? Plusieurs personnes ont servi Dieu de manière encore plus efficace quand elles étaient dans la maladie, dans l’épreuve ou proches de la mort. Cela peut paraître fou. Mais ces personnes ont appris à se décentrer de leur problème et à être centrées sur Dieu et sa volonté pour elles. Elles ont appris à ne pas perdre de vue leur espérance pour servir leur Dieu.

Il m’est déjà arrivé de demander à certaines personnes de réfléchir à ce qu’elles pourraient faire dans leur souffrance pour être une bénédiction pour les autres. Une personne m’avait dit qu’elle pouvait téléphoner à d’autres personnes pour les encourager dans leurs combats… en le faisant, elle s’est trouvée encouragée et fortifiée dans ses propres luttes.

Mes amis, Dieu veut que nous soyons disponibles pour le servir. Il peut arriver qu’à cause de gros com- bats, nous devions arrêter certaines choses que nous faisions pour Dieu. Dieu n’est pas pour l’épuisement dans le service. Mais il veut que nous restions disponibles. Nous devons apprendre à l’écouter pour savoir ce qu’il attend de nous. Il veut nous utiliser là où nous sommes.

Servir Dieu, c’est aimer de manière concrète les autres. C’est faire le bien envers tous. C’est être en bénédiction pour les autres. C’est aussi partager notre foi avec ceux qui ne connaissent pas encore Dieu.

Voir Dieu dans nos combats

Prière

Ainsi, dans nos combats, continuons à chercher Dieu. Gardons notre cœur pur devant lui. Soyons disponibles pour le servir. C’est en vivant ainsi que Dieu nous consolera, nous relèvera, nous fortifiera et fera de nous des bénédictions pour les autres !

Pour terminer, je vous invite à prier celui qui viendra nous secourir sur ce chemin, pour le reste de l’année et au-delà :

« Père, merci infiniment pour ton œuvre dans nos vies. Nous avons des sujets de joie. Mais il y a aussi des sujets de tristesse. Père, dans les moments difficiles que nous traversons, aide-nous à nous rapprocher plus de toi et les uns des autres.

« Père, viens au secours de ceux qui souffrent en ce moment. Qu’ils arrivent à te remettre leur souffrance dans la prière et à te faire confiance. Donne-leur ta consolation, ta force et ta paix.

« Nous te demandons de te révéler à nous. Nous avons tant besoin d’une juste vision de toi. Apprends-nous à te chercher. Aide-nous à garder nos cœurs purs devant toi et à être disponibles pour toi. « Dieu, tu es saint. Nul n’est comme toi, magnifique en sainteté. Aide-nous à ne pas jouer avec le péché et ta sainteté. Garde-nous dans un profond respect de ta personne.

« Continue à bouleverser nos vies par ton Saint-Esprit. » ■


(1) Nouveau dictionnaire biblique (révisé et augmenté sous la direction d’A. Kuen, Emmaüs, St Légier, 1992, p. 351)

(2) Nouveau commentaire biblique (sous la direction de D. Guthrie, J.A. Motyer, A.M. Stibbs, D.J. Wiseman, Emmaüs, St Légier, 1978, p. 616)

(3) Bible du Semeur

Article paru dans :

juin 2018

Rubrique :
À Bible ouverte
Mots-clés :
Point de vue

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