PAR : Gordon Margery
Pasteur à la retraite, église protestante baptiste de Faremoutiers

Article paru dans :
Rubrique :
Point de vue
Mots-clés :

Une fois n’est pas coutume, Le Lien fraternel donne la parole à un habitant de la ville de Philippes, citoyen romain et fier de l’être. En cette huitième année du règne de Néron, quelque chose l’inquiète. Il s’exprime ici, sous un nom d’emprunt, Sergius.

Même s’il n’y a pas beaucoup de Juifs dans notre ville, je sais qu’ils constituent une race à part : ils n’honorent pas les dieux, ils refusent de travailler le jour de Saturne, ce sont des esclaves non gérables. Et voilà que l’un d’entre eux écrit à ses amis ici et que son texte subversif me tombe entre les mains. Ce n’est pas un inconnu, il avait déjà troublé l’ordre public avant d’être expulsé de la ville. Il s’appelle Paulus.

Il parle de « résurrection ». Pas comme les officiers qui s’adressent aux soldats avant la bataille. Pas comme dans les religions ésotériques. Et pas comme on pourrait l’imaginer pour un empereur qui, à sa mort, devient un dieu. Non, Paulus parle d’un obscur Jésus, Juif lui aussi, condamné par le préfet de Judée pour s’être pro- clamé roi. Un misérable illuminé, issu des classes populaires, et crucifié dans la honte comme cela se doit. Celui-ci serait revenu à la vie, régnerait dans les cieux et se ferait adorer en tant que Seigneur. Avouez qu’il y a de quoi en perdre son latin !

Pour comprendre, je remonte quelques années en arrière. Paulus est citoyen romain, qui plus est, de nais- sance. Il a grimpé les échelons du judaïsme jusqu’à devenir un collaborateur du grand-prêtre de Jérusalem, lui-même reconnu par Rome. Paulus a essayé d’éradiquer la croyance en Jésus en emprisonnant ses adeptes : il paraît qu’il en a même fait exécuter. Puis, sous Tibère, il affirme avoir rencontré Jésus, revenu donc à la vie. Il assure l’avoir vu, entendu et avoir reçu de lui l’ordre de le faire connaître au monde entier.

Et si je remonte plus loin encore, qu’est-ce que je trouve ? Une bavure judiciaire, une violation de sépul- ture, de l’incompétence en haut lieu, une hystérie collective. La bavure : le préfet Pilate a condamné un homme qu’il avait d’abord déclaré innocent ; la violation de sépulture : des inconnus ont volé le corps du supplicié ; l’incompétence : l’administration locale a été incapable de sanctionner les gardes chargés de garder la tombe et d’identifier les voleurs ; l’hystérie collective : partant des paroles de quelques femmes, une partie de la population a commencé à dire que Jésus était vivant. Ses disciples, d’abord, qui prétendent l’avoir vu. Des prêtres ensuite, puis le tout-venant de Jérusalem, tous proclament : « Il est vivant. » En Judée, en Syrie, en Cilicie, en Galatie, en Asie, on n’entend que cela : « Il est vivant ! » Puis chez nous en Macédoine et en Achaïe : « Il est vivant ! » On l’entend même à Rome : « Il est vivant ! »

Mais que fait la police ?

Si Le Lien Fraternel reconnaît l’authenticité des faits invoqués par Sergius, il ne partage pas son scepticisme. Au contraire, avec tous ses lecteurs, il proclame à son tour : « Jésus est vivant ! »

Article paru dans :

avril 2019

Rubrique :
Point de vue
Mots-clés :
Aucune

À sa table

Chemin de Pâques (éd. Signe) 2009, adaptation
Article précédent
À Bible ouverte

Vive le Roi !

Matthieu Sanders
Article suivant
Article paru dans :