PAR : Sylvette Rat
église évangélique baptiste de La Garenne-Colombes

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Ces temps-ci, on dématérialise à tout va. J’ai même rencontré ce matin à l’église, un jeune homme qui travaillait dans une entreprise de dématérialisation de documents ! J’ignorais l’existence de telles entreprises. Pour moi – et je sais que j’ai grand tort, mais il n’empêche – ça sonne comme « entreprise de démolition ». On dématérialise tout ce qui est « dématérialisable » : à savoir les factures, les livres, les jeux vidéo, les DVD, n’importe quel document de manière générale, et même les tickets de caisse dont la disparition matérielle est censée aider considérablement au sauvetage de la planète (!!!).

Nulle comme je suis dans ce domaine – que je n’aurais d’ailleurs jamais dû aborder ! – je ne peux m’empêcher de verser un pleur sur l’œuvre de ceux qui se sont escrimés pendant des siècles à « matérialiser », justement, des textes, des idées, des histoires, des rêves ou des paysages, tels les moines des abbayes avec leurs manuscrits de vélin enluminés, tels les peintres avec leurs toiles et leurs pigments…

Et en cette période de Noël, cet engouement pour la dématérialisation m’a bizarrement et contradictoirement fait penser à ce qui m’apparaît comme un phénomène totalement inverse : l’incarnation.

Dieu, qui est esprit, a accepté de se « matérialiser », de « devenir chair », de s’incarner en la personne de son fils, Jésus, pour venir sur notre terre sauver l’humanité. Une incarnation qui lui a coûté infiniment plus que tout ce que nous pouvons imaginer, avec – et ce ne fut pas le pire - tout ce que cette condition a pu impliquer de « matériel », voire de « trivial » : la paille de la mangeoire, la sueur, la faim, la fatigue, les cailloux du chemin, le sang…

Son disciple Jean a pu dire : « Nous l’avons entendu, nous l’avons vu de nos propres yeux, nous l’avons contemplé et nos mains l’ont touché. »

Rien de virtuel dans tout cela. L’homme a été créé de la poussière pour devenir être de chair et de sang, et il a fallu un autre homme, de chair et de sang lui aussi, pour le sauver de la misérable condition qui était devenue la sienne à la suite de sa révolte contre Dieu. Mais cet homme-là était aussi Dieu, un Dieu qui a accepté de se « matérialiser » par amour pour nous.

Que cette incarnation-matérialisation suscite en chacun de nous, en cette période de Noël et à chaque instant de nos vies, une reconnaissance éperdue et une adoration émerveillée. ■

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décembre 2018

Rubrique :
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