PAR : Nordine Salmi
Membre du comité de rédaction, pasteur, Église évangélique baptiste de Genève

Article paru dans :

La violence est l’arme du faible ! Cela sonne comme une marginalisation de tous ceux qui s’expriment par ce moyen. Si elle est exacte, alors notre société est gangrénée par une fragilité extrême. La violence n’est plus réservée à des individus marginalisés, à des quartiers dits sensibles. Quelques sociologues avaient pointé du doigt le lien entre la violence et l’étroitesse du champ lexical. Les coups, le saccage, l’insulte comblent le vide laissé par la sécheresse du langage. Si ce constat est sans doute encore d’actualité, bien d’autres raisons sont venues rejoindre celle du déficit du mot !

Car nombre de ceux qui la pratiquent sont loin d’être des « sans verbe ». Au contraire, ils l’ont facile. Loin d’être des maladroits de la pensée, ils la manient avec dextérité et clarté. Mais leurs arguments ne convainquent pas. Alors il faut regarder ailleurs pour trouver les raisons de cette violence.

Celle qui est le plus souvent avancée est la surdité de notre interlocuteur : « La violence est la seule façon de nous faire entendre ! », affirment-ils. Il faut faire peur, frapper… les esprits ! C’est la violence qui permettra à nos mots de trouver le chemin d’une oreille attentive. Lorsque l’émotion sera suscitée, alors l’attention sera portée à nos paroles.

Si l’absence de dialogue, d’écoute mutuelle, de compréhension réciproque engendre souvent la violence chez celui qui ne se sent pas reconnu, peut-on pour autant la justifier sans ouvrir la boîte de Pandore ? Car si c’est par la peur que nous obtenons quelque chose, alors il y a fort à parier que tous les espoirs sont permis pour ceux qui veulent autre chose que le bien. Il leur suffira de semer la terreur, la peur et le chaos pour atteindre leurs objectifs. L’enfant roi est devenu adulte, mais il s’agrippe toujours à la couronne que ses parents lui ont soigneusement tressée !

Entre résignation et violence, n’y a-t-il pas un autre chemin ? Il n’en existe qu’un, c’est celui du dialogue, où l’on élève le débat plutôt que la voix ! Un dialogue ou l’on cherche à comprendre l’autre sans jamais mépriser sa pensée. Un dialogue où l’humilité acceptera que mon discours bien charpenté n’ait pas toujours le monopole de la sagesse. Et inversement, derrière une pensée confuse peut se trouver du bon sens !

C’est à ce prix que l’on se sent reconnu !

La reconnaissance n’est-elle pas l’arme du fort pour éviter à notre frère ou à notre sœur de sombrer dans la fragilité de la violence ? ■

Article paru dans :

février 2020

Rubrique :
Point de vue
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